« Les exosquelettes semblent avoir un effet positif sur la fatigue des opérateurs » Entretien avec Pascal Girardot, responsable du domaine prévention de l’usure professionnelle à la direction technique de l’OPPBTP. PROPOS RECUE I L L I S PAR ADE L I NE D I ON I S I TÉMOIN 40 PASCAL GIRARDOT BARDAGE . INFO #22 NOVEMBRE 2022 Pour prévenir les risques de troubles musculosquelettiques (TMS), la mise en place d’une démarche cohérente adaptée aux contraintes de chaque entreprise mais aussi de chaque chantier est indispensable. Récemment arrivés sur le marché, les exosquelettes sont une piste intéressante mais ne peuvent être considérés comme une solution miracle. BARDAGE.INFO Les professionnels du bardage sont-ils concernés par le risque de TMS ? PASCAL GIRARDOT Oui, comme toutes les professions du bâtiment. Il s’agit même de la première cause de maladies professionnelles du secteur. 85 % d’entre elles sont des TMS. Ils touchent particulièrement les épaules, les poignets, les coudes et le dos. B.I. Pourquoi se déclarent-ils ? P.G. Les TMS sont difficiles à prédire car ils apparaissent progressivement, en raison d’une conjonction de facteurs qui s’additionnent. Dans le BTP, les principaux sont d’ordre mécanique et physique : les efforts trop importants lorsqu’il faut porter de lourdes charges, les postures extrêmes et la répétition de gestes. Il faut également y ajouter le travail au froid, les éventuelles contraintes de temps et d’organisation de chantier ainsi que les dispositions personnelles des opérateurs. B.I. Quelles sont les solutions pour prévenir le risque de TMS ? P.G. Il faut avant tout réduire ces trois contraintes mécaniques avec la mise en place de solutions organisationnelles et techniques permettant de réduire ou supprimer le risque à sa source. Cela passe par exemple par la réduction du poids (et donc de la taille) des éléments à soulever ou le recours à des outils d’assistance comme des ventouses ou des équilibreurs de charge. B.I. Les entreprises s’emparent-elles de la problématique ? P.G. La très grande majorité souhaite mettre en place des mesures de prévention. Mais beaucoup manquent de ressources : pas le temps, pas l’argent et surtout, pas la méthode. Celles qui se lancent n’appliquent alors pas de démarche construite et cohérente. L’efficacité de leurs actions s’en trouve fortement limitée. C’est le rôle de l’OPPBTP de les accompagner dans l’analyse de l’existant et la définition d’actions adéquates. B.I. Depuis quelques années, on entend beaucoup parler des exosquelettes pour assister les opérateurs. Ces solutions sont-elles efficaces ? P.G. Nous manquons de retours d’expérience et aujourd’hui, nous ne sommes pas en mesure d’affirmer que les exosquelettes permettent de réduire les risques de TMS. C’est pourquoi l’OPPBTP ne les considère pas comme des Équipements de protection individuelle (EPI). En revanche, ils semblent avoir un effet positif sur la fatigue des opérateurs. Ils peuvent également jouer un rôle lorsqu’un collaborateur est sous le coup d’une restriction médicale d’aptitude pour lui permettre de se maintenir au poste et, pour l’entreprise, de conserver son savoirfaire. L’emploi peut alors être préservé. De manière générale, une analyse plus approfondie est nécessaire et nous sommes preneurs de témoignages, bons ou mauvais. Ce que l’on sait, c’est que lorsque l’achat d’un tel équipement a été réalisé, près d’un sur deux n’est plus utilisé quelques semaines après son achat. La raison n’est pas forcément son inefficacité mais parce que cette acquisition n’a pas été réfléchie dans le cadre d’une démarche d’intégration et d’acceptation de l’outil par les équipes. Or, la participation des opérateurs à la décision est ici une condition absolue de réussite. Elle aboutit généralement à la prise de conscience que des actions plus simples seront plus efficaces. L’exosquelette devient finalement la porte d’entrée à la mise en place des solutions évoquées plus haut. Toute solution collective sera préférable à l’exosquelette, celui-ci devient utile quand aucune autre solution d’assistance physique n’est envisageable B.I. Comment fonctionnent les exosquelettes ? P.G. Il en existe deux grandes familles. Les premiers L E CONTEXTE Pascal Girardot exerce le métier d’ergonome depuis 20 ans. Il intègre l’OPPBTP en octobre 2019 en tant que responsable du domaine prévention de l’usure professionnelle à la direction technique. Il est également intervenant vacataire au CNAM de Paris, dans le cursus du master en ergonomie.
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