Bardage.Info - Numéro 23 - Mai 2023

RÉALISATION 32 ÉNERGIE BARDAGE . INFO #23 MAI 2023 SA I NT -PAUL - L EZ -DURANCE Un bardage pour la science Le Complexe Tokamak abritera le cœur du programme Iter, destiné à tester et développer la technologie de la fusion nucléaire. Bâtiment aux (très) grandes dimensions, il est habillé d’un bardage double peau justifiant une résistance aux séismes supérieure aux exigences généralement prescrites. ADE L I NE D I ON I S I L ES I NTERVENANTS Maître d’ouvrage Fusion for Energy (F4E) Architecte Enia Architectes Entreprise générale Groupement VFR (Vinci, Ferrovial, Razel-bec) Entreprise de bardage Soprema Entreprises L ES PRODU I TS Plateaux de bardage Hacierba (ArcelorMittal Construction) Isolant Rockbardage (Rockwool) Parements Trapeza en acier et en inox (ArcelorMittal Construction) 40 ans. C’est le temps qui se sera écoulé entre la décision prise en 1985 par les dirigeants américain et soviétique, Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev, de lancer une collaboration internationale dans le domaine de la fusion électrogène et l’inauguration du premier plasma, prévue pour 2025. Ce projet, c’est Iter. Il rassemble 35 pays (Chine, Union européenne, Inde, Japon, Corée, Russie et États-Unis) engagés dans la construction du plus grand Tokamak jamais conçu. « La machine doit démontrer que la fusion (l’énergie du Soleil et des étoiles) peut être utilisée comme source d’énergie à grande échelle, non émettrice de CO2, pour produire de l’électricité », peut-on lire sur le site internet du programme. L’objectif principal d’Iter est de générer des « plasmas en combustion » et d’en comprendre le comportement. Il doit également mettre en œuvre et assurer l’intégration de l’ensemble des technologies essentielles au fonctionnement d’un réacteur de fusion industriel (aimants supraconducteurs, télémanipulation en milieu extrême, extraction de puissance, etc). Il doit en outre valider les différents concepts de « modules tritigènes » qui permettront aux futurs réacteurs de produire au sein même de la machine le tritium indispensable à leur fonctionnement. 80 M DE HAUT Cocorico, c’est à Saint-Paul-lez-Durance dans les Bouches-du-Rhône, que le site s’installe, grâce aux travaux de milliers d’ingénieurs et de scientifiques. La construction de la soixantaine de bâtiments qui le composeront a débuté en 2010. À la fin septembre 2020, les équipes de Soprema Entreprises ont achevé les travaux de bardage du bâtiment 11, celui qui abritera le Tokamak. « Le Complexe Tokamak, un édifice de 400 000 tonnes, forme le cœur de l’installation scientifique », rappelle le site internet du programme. Ses mensurations sont impressionnantes : 80 m de long, 80 m de large, 60 m de haut et 7 niveaux. « Jusqu’à une hauteur de 34 m, l’ouvrage est en béton. Au-dessus, c’est une charpente métallique de plusieurs dizaines de mètres qui prend le relais, indique Julien Bizet, chef du secteur façade de l’agence de Montpellier de Soprema Entreprises. Nous sommes intervenus sur cette seconde partie. » FORÊT D ’ APPU I S PARAS I SM I QUES Faut-il le préciser : le caractère exceptionnel du bâtiment a évidemment généré des contraintes techniques spécifiques, notamment en termes de résistance aux séismes. « L’ouvrage repose sur une forêt d’appuis parasismiques. Cette configuration modifie les valeurs de précalculs définies dans les référentiels bardage. Nous avons dû les reprendre dans leur intégralité et justifier chacun des éléments mis en œuvre sur les façades. » Le procédé est un bardage double peau avec des plateaux de dimensions 450 x 70 mm et quatre fixations par plateau et par appuis, soit une de plus que ce qui se fait habituellement en zone sismique. « Pour fixer le plateau sur la charpente de la façade nord, nous avons eu recours à des vis plutôt qu’à des clous. La raison : la charpente était recouverte, sur toutes ces faces, d’une peinture intumescente qui empêchait une tenue satisfaisante de la fixation. » Ont ensuite été rapportés un isolant de 110 mm de laine de roche et des parements mixant acier gris foncé et inox. MOYENS DE L EVAGE « Ce système de 12 m de haut devait être mis en œuvre entre 30 et 60 m d’altitude », rappelle le chef de secteur façade. Pour ce faire, des nacelles ciseaux pouvant s’élever à 26 m ont été grutées à plus de 30 m de hauteur pour traiter les façades est et ouest. Sur le pignon nord, la pose a été réalisée sur des plateformes suspendues. « Ces moyens de levage pouvaient prendre en charge la montée des personnes mais pas des maté-

RkJQdWJsaXNoZXIy MTY5NjE1OA==