Bardage.Info - Numéro 27 - Mai 2025

P. 30 RÉALISATION Lodève Du bardage fil-à-fil P. 10 ACTUALITÉ Convention La CSFE se mobilise pour le bardage P. 14 DOSSIER Décarbonation Agir aujourd’hui pour l’industrie de demain LE MAGAZINE DES PROFESSIONNELS DU BARDAGE ET DE L’ISOLATION PAR L’EXTÉRIEUR NUMÉRO MAI 2025 27

Depuis plus d’un siècle, SOPREMA Entreprises est pionnier en matière d’enveloppe des bâtiments. Pour le bardage, l’ITE ou l’habillage des façades, les travaux en neuf ou en rénovation, sur structure bois, acier ou béton, nous apportons tout notre savoir-faire, de la conception à la mise en œuvre. ÉTANCHÉITÉ COUVERTURE BARDAGE / FAÇADE DÉSENFUMAGE SÉCURISATION DE TOITURE SOPRASSISTANCE La maîtrise de l'enveloppe du bâtiment depuis plus de 100 ans Retrouvez votre AGENCE LOCALE en parcourant notre réseau national de 81 établissements sur soprema-entreprises.fr SOPREMA Entreprises 15, rue de Saint Nazaire / C.S. 10931 67029 STRASBOURG CEDEX Tél. 03 88 79 84 00 Fax 03 88 79 84 01 contact@soprema-entreprises.fr Votre contact : Stéphane FAYARD Directeur National Façade 06 09 85 88 29

ÉDITO 3 BARDAGE.INFO #27 MAI 2025 10-31-1495 BARDAGE.INFO est une publication de l’Association pour la promotion des métiers de l’étanchéité APME-PROMÉTHÉE, éditée sous l’égide de la CSFE. CSFE 6-14, rue La Pérouse, 75784 Paris cedex 16 Tél. : 01 56 62 13 20 Fax : 01 56 62 13 21 www.etancheite.com Directrice de la publication Edwige Parisel Comité de rédaction Pierre Archez, Olivier Bernard, Loredana Corvi, Stéphane Fayard, Nisrine Habhab, Sinicha Knezevic, Marie-Alice Lacoste, Stéphane Lambert, Johanna Lechat, Jean Passini, Carole Peyre, David Piantino, Aurélien Sollet. ABONNEMENT GRATUIT sur simple demande : 01 56 62 13 20 PYC MÉDIA Bardage.info est éditée par 16-18, place de la Chapelle 75018 Paris Tél. : 01 53 26 48 00 - www.pyc.fr Actionnaire principal : Edith Sarl Rédaction Bastien Cany (47 85) b-cany@pyc.fr Adeline Dionisi (48 05) a-dionisi@pyc.fr Rédacteur graphiste François Bordrez Publicité Frédéric Escoffier (47 96) f-escoffier@pyc.fr Morgane Gargadennec (48 03) m-gargadennec@pyc.fr Lucas Fruitier (88 86) l-fruitier@pyc.fr Aurélie Degasse (47 89) a-degasse@pyc.fr (chargée de relations annonceurs) Design graphique Marge Design Photo de couverture © Vincent Eschmann / Soprema Entreprises N°ISSN : 2260–4693 Dépôt légal à parution Impression, façonnage ILD ZAC Artois Pôle 2 - Allée de Belgique 62128 Wancourt Papier : UPM Star Silk 90gr Origine du papier : Kaukas en Finlande Taux de fibres recyclées : 0 % Taux d’eutrophisation : 0,004 Kg / tonne Certification PEFC 100% « La CSFE a mis en place le groupe de travail “bardage et vêture” le 4 mars 2025. » La décarbonation des procédés industriels est devenue une priorité dans le secteur de la construction. Les bardages et les vêtures de façade, qui représentent des surfaces des plus conséquentes, ne font évidemment pas exception. La réduction de l’empreinte carbone des procédés, liée à la fabrication, au transport, à la mise en œuvre et à la fin de vie des matériaux, nécessite la mise en place de nouvelles stratégies, sans pour autant toucher aux performances thermiques, à la durabilité et à l’esthétique. Il est donc essentiel d’identifier les sources d’émissions de CO2 tout au long du cycle de vie des systèmes. Les solutions existent : favoriser les matériaux biosourcés, privilégier ceux issus des filières de recyclage et les panneaux bas carbone, fabriqués avec des technologies de réduction des émissions. Les fabricants seront amenés, sans nul doute, à investir dans des pratiques moins énergivores, à s’approvisionner localement pour limiter les distances de transport. Ils devront utiliser des véhicules écologiques pour acheminer les matériaux sur les chantiers. Les pertes seront réduites et les équipes formées à des techniques de mise en œuvre minimisant les déchets, avec l’application de procédures de tri sélectif et de récupération des réutilisables. Afin de mesurer l’efficacité de ces initiatives de décarbonation, un suivi des indicateurs de performance est nécessaire et cela passera par une approche systémique intégrant des innovations technologiques, une optimisation des pratiques et une collaboration accrue entre tous les intervenants du secteur. De cette manière, nous pourrons contribuer de façon significative à la transition écologique. C’est entre autres pour cela que la CSFE a mis en place, le 4 mars 2025, le groupe de travail « bardage et vêture » et en a validé la feuille de route. Nous attendons beaucoup de cette nouvelle initiative qui permettra de se regrouper et de faire évoluer cette filière par des actions concrètes, évolutives et réglementaires. ● La décarbonation : une nécessité, des investissements PIERRE ARCHEZ, PRÉSIDENT DU COMITÉ DE RÉDACTION DE BARDAGE.INFO

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SOMMAIRE 5 BARDAGE.INFO #27 MAI 2025 26 14 P.32 TÉMOIN Catherine Guerniou Présidente de la Commission transition écologique et RSE de la FFB P.34 AGENDA À lire : - Recommandations professionnelles « Bardages rapportés végétalisés » - Guide bardage rapporté À savoir : salons, formations, colloques... Sommaire #27 | Mai 2025 P.07 TABLEAU DE BORD P.08 ACTUALITÉS La POEC « aide bardeur » a accueilli sa première promotion P. 10 La CSFE se mobilise pour le bardage P.14 DOSSIER GES Décarbonation : agir aujourd’hui pour l’industrie de demain Imposée par l’Europe, la SNBC, la RE2020… La réduction des émissions de CO2 causées par la fabrication des matériaux et des produits de construction, n’est plus un choix mais une obligation. Et pourrait même devenir un critère différenciant par rapport à la concurrence. P. 18 Décarbonation : une mise en pratique complexe P.22 TECHNIQUE Décryptage Vérifier et nettoyer les bardages P. 24 Fiche technique Risque sismique : l’évaluation des bardages rapportés P.26 RÉALISATIONS Brunoy Promenade architecturale La restructuration du lycée François Joseph Talma a permis de repenser le site d’implantation en y installant un bâtiment signal percé de patios et paré de bardage blanc. P. 28 Ermont Du bardage pour améliorer la thermique et le confort P. 30 Lodève Du bardage fil-à-fil © Isover © SEV COM

Retrouvez toutes les publications de la CSFE sur le CSFE Chambre Syndicale Française de l’Étanchéité 6-14 rue La Pérouse · 75784 Paris Cedex 16 Tél: 01 56 62 13 20 · Fax: 01 56 62 13 21 www.etancheite.com RECOMMANDATIONS PROFESSIONNELLES DE LA CSFE DOSSIER07 JUIN 2017 Pour la conception de l’isolation thermique des toitures-terrasses et toitures inclinées avec étanchéité et élément porteur en maçonnerie pour la conception et la réalisation des terrasses et toitures végétalisées RÈGLES PROFESSIONNELLES Edit°N°3 / Mai 2018 www.kiosqueetancheite- bardage.com ANDROID APP ON Votre bibliothèque numérique disponible gratuitement sur : Création : Studio 201

ACTUALITÉS 7 TABLEAU DE BORD BARDAGE.INFO #27 MAI 2025 INDICATEURS Les chiffres de la construction reprennent des couleurs Dans le logement, délivrances de permis de construire et mises en chantier repartent à la hausse. Dans le non résidentiel, les bureaux peinent à se redresser. LES CHIFFRES DU MOIS 4 000 C’est, en tonnes, la quantité de laine de roche recyclée par Rockwool en 2024 via sa démarche Rockcycle. Depuis 5 ans, la progression de ce volume est de 600 %. 6,8 C’est, en pourcentage, la baisse de l’activité des matériaux de construction en 2024. (source : Unicem) 5,5 C’est, en pourcentage, la baisse de l’activité dans le bâtiment en 2024. (source : FFB) 3,25 C’est, en pourcentage, le montant des taux d’intérêt envisagé entre avril et juin alors qu’ils étaient de 3,16 % au premier trimestre. (source : CSA/Crédit logement) Les chiffres LOGEMENTS ÷ 4,9 % Hausse du nombre de permis de construire de logements neufs de janvier à mars 2025 par rapport à la même période il y a un an. ÷ 7,8 % Hausse du nombre de mises en chantier de logements neufs de janvier à mars 2025 par rapport à la même période il y a un an. LOGEMENTS COLLECTIFS ÷ 3,8 % Hausse du nombre de permis de construire de logements collectifs de janvier à mars 2025 par rapport à la même période il y a un an. ÷ 8,1 % Hausse du nombre de mises en chantier de logements collectifs de janvier à mars 2025 par rapport à la même période il y a un an. LOCAUX NON RÉSIDENTIELS ÷ 6,2 % Hausse des surfaces autorisées à la construction de locaux non résidentiels de janvier à mars 2025 par rapport à la même période il y a un an. ◊ 1,8 % Baisse des surfaces mises en chantier de locaux non résidentiels neufs de janvier à mars 2025 par rapport à la même période il y a un an. BUREAUX ◊ 12,3 % Baisse des surfaces autorisées à la construction de bureaux neufs de janvier à mars 2025 par rapport à la même période il y a un an. ◊ 10,9 % Baisse des surfaces mises en chantier de bureaux neufs de janvier à mars 2025 par rapport à la même période il y a un an.

ACTUALITÉS 8 EN BREF BARDAGE.INFO #27 MAI 2025 FORMATION La POEC « aide bardeur » a accueilli sa première promotion Depuis le début du mois de mai, après près de 6 mois de formation, 11 personnes sont opérationnelles pour intégrer une entreprise de bardage et intervenir sur chantier. Du 2 décembre 2024 au 7 mai dernier, onze stagiaires, âgés de 17 à 49 ans, ont suivi la nouvelle formation bardage proposée par le CFM BTP de SaintQuentin-en-Yvelines. Initiée par la Chambre syndicale française de l’étanchéité (CSFE), la Préparation opérationnelle à l’emploi collective (POEC) « aide-bardeur » propose, en plus d’un apprentissage technique de mise en œuvre de bardage simple et double peau en acier et de l’isolation, 350 heures de cours de français. « Elle est ouverte à des personnes en recherche d’emploi et ne maîtrisant pas la langue », explique Eric Blondel, directeur de l’établissement. Les membres de la première promotion viennent d’Afghanistan, du Congo, d’Erythrée, du Soudan… Tous ont le statut de réfugiés et sont en France depuis quelques années ou quelques mois. « L’objectif est qu’à l’issue, la barrière de la langue ne soit plus un obstacle pour eux, au quotidien comme dans la pratique de leur activité », insiste Natalia Beauchesne, enseignante en Français langues étrangère (FLE). D’où un enseignement triple de la langue : acquérir le vocabulaire spécifique à leur métier de bardeur bien sûr, pour savoir utiliser les bons outils, travailler en sécurité et comprendre les consignes, mais aussi des compétences linguistiques comme savoir se présenter, se repérer dans le temps, dans l’espace, utiliser les transports en commun et culturelles pour connaître le milieu du travail français et du bâtiment plus particulièrement. Le tout à l’oral comme à l’écrit. La formation comprend également deux semaines de stage en entreprise. À l’issue, pour la majorité d’entre eux, les stagiaires se lanceront sur le marché de l’emploi, en tant que manœuvre dans le bardage ou aide bardeur. À noter qu’ils seront également titulaires de l’habilitation R408 « Montage, utilisation et démontage des échafaudages de pied ». Certains vont poursuivre leur apprentissage en CQP ou CAP. En tout cas, tous seront opérationnels pour travailler dans de bonnes conditions ! l © Pyc © Pyc © Pyc

Panneau Stratifié Haute Pression Une gamme large, certifiée & en stock REF 819 BIANCO MEG - FINITION SEI - 8mm - 700 m² Déchetterie Mont-de-Marsan SLK Architectes / © Marie-Sophie Leturcq PLUS D’INFOS SÉCURITÉ INCENDIE Construction bois : vers une évolution de la réglementation feu Le 28 février dernier, lors du Forum Bois Construction qui se tenait à Paris, le délégué interministériel à la forêt, au bois et à ses usages Jean-Michel Servant a présenté les travaux en cours sur la protection incendie des ouvrages. L’objectif : ne plus discriminer les matériaux et notamment le bois. Après une période de consultation, plusieurs décrets et arrêtés devraient être publiés dès juin 2025. Ils concerneront les Établissements recevant du public (ERP) et les exigences fonctionnelles des solutions à effets équivalents (SEE). Le texte relatif aux habitations est prévu pour la fin de l’année pour une entrée en application de l’ensemble en juin 2026. Treize mesures établies par le CSTB devraient ainsi être entérinées, prenant en compte les systèmes dans leur ensemble et plus matériau par matériau. Elles font suite à l’analyse des causes de l’incendie d’un bâtiment collectif à ossature bois, construit en 2012 selon les obligations en vigueur, à Grésy-sur-Aix en Savoie survenu le 11 août 2024. L’ouvrage a été détruit en moins d’une demi-heure en raison d’une propagation des flammes très rapide tant en façade qu’à l’intérieur en raison notamment du rayonnement thermique. Parmi les actions définies : la limitation de la propagation latérale par la façade pourra être traitée par recoupement de la lame d’air ou par la création de zones tampons incombustibles, tandis que les balcons devront être protégés en sous-faces. l ACTUALITÉS 9 EN BREF BARDAGE.INFO #27 MAI 2025

ACTUALITÉS 10 EN BREF BARDAGE.INFO #27 MAI 2025 Le 4 avril dernier à Beaune s’est tenue la Convention annuelle de l’étanchéité et du bardage organisée par la Chambre syndicale française de l’étanchéité (CSFE). Une journée de rencontres entre professionnels grâce à la possibilité de visiter les 35 stands des industriels présents mais également aux présentations du bilan et des actions à venir des différentes commissions de la CSFE. Près de trois cents personnes ont répondu présentes. Parmi les grandes annonces à retenir, la création du groupe « Bardage et vêture » qui a tenu sa première réunion plénière le 4 mars 2025. Présidé par Pierre Archez et animé par Sergio Assogba, ses travaux couvriront un large éventail de domaines, de la formation au réemploi, en passant par la communication. Au menu, la création d’un code APE spécifique aux métiers du bardage, la promotion des techniques de préfabrication dans les entreprises, la réalisation de la cartographie des référentiels techniques du bardage et de la vêture et la clarification terminologique. Le groupe travaillera en collaboration étroite avec le groupement ITE (GITE) de la FFB et la Commission nationale technique de la CSFE, dont le président, Manuel Decoodt, a d’ailleurs présenté les travaux en cours sur les thématiques liées aux revêtements de façade en filière sèche. Citons par exemple la révision du guide « Bardage bois sur FOB » et des NF DTU 41.2 et 31.2. Les Recommandations professionnelles Profeel (« Bardage rapporté stratifié HPL, fibres-ciment et clins PVC sur COB/CLT » et « Bardages rapportés ardoises sur COB/CLT ») et réemploi (« isolant de bardage » et « élément métallique de bardage », chacun faisant l’objet de groupes de travail dédiés) devraient également bientôt évoluer. D’autres projets sont également d’ores et déjà prévus : une note technique sur les « Bardages rapportés traditionnels en zone sismique » et la révision du NF DTU 31.4. Autre annonce : la possibilité depuis le 1er janvier 2025 de calculer l’impact carbone des procédés de bardage via l’outil BatiCarbone et de les comparer à plusieurs variantes en phase d’exécution et de passation de chantier (voir article p. 16). En matière de formation, les travaux de la Commission présidée par Rodolphe Lefevre ont permis de mettre en place des cursus jusqu’ici inexistants. Ainsi, une Préparation opérationnelle à l’emploi collective (POEC) innovante est désormais accessible (voir article p. 8) et débouchera à terme sur une Certification de qualification professionnelle (CQP) bardeur. Des réflexions sont également en cours pour développer un diplôme BardeurITE filière sèche. l CONVENTION La CSFE se mobilise pour le bardage Le 4 avril dernier, lors de la Convention de l’étanchéité et du bardage, la CSFE, organisatrice de l’événement, a fait le point sur les différentes actions mises en place pour développer et promouvoir les activités de façade en filière sèche. Manuel Decoodt, président de la Commission nationale technique. Rodolphe Lefevre, président de la Commission formation. Pierre Archez, président du groupe «Bardage et vêture» de la CSFE. Plus de 300 personnes étaient présentes sur l’événement. © Pyc © Pyc © Pyc

93, rue de la Villette | 69003 Lyon | Tel: +33 6 73 72 04 67 | E-Mail: info@isdgroup.fr ISD Group France SAS TOULOUSE Réemploi de bardage métallique Le chantier de déconstruction du hall 9 de l’ancien parc des expositions de Toulouse en vue de sa transformation s’est déroulé de manière sélective afin de permettre la récupération des déchets et le réemploi de certains matériaux pour sa reconstruction. Pour ce faire, un lot spécifique « économie circulaire » a été mis en place notamment pour permettre de fournir les matériaux réemployables aux différents titulaires des autres lots. Ainsi, 1 600 m2 de bardage métallique ont été déposés et seront nettoyés, remis en état, validés par des tests anticorrosion et repeints pour être réinstallés sur les façades du futur bâtiment. Côté déchets, des bigs bas et des bennes étaient installés à proximité de la base vie. 23 tonnes de matériaux, issues des sept flux concernés par la REP, ont été récupérées, soit 97 % du total. L’éco organisme Valobat a pris en charge le coût de traitement des déchets du chantier et a soutenu financièrement le réemploi de matériaux, qu’ils viennent de ce chantier ou d’un autre. L’opération fait partie des huit chantiers pilotes exemplaires du programme Waste2build porté par Toulouse Métropole dans le cadre de l’appel à projets européen Life. l ACTUALITÉS 11 EN BREF BARDAGE.INFO #27 MAI 2025

ESSAIS Achille, le laboratoire dédié aux fixations Le CSTB annonce l’inauguration de son nouvel équipement dédié aux tests de résistance et de durabilité des systèmes de fixation et de leur support. « Intégré à la division « études et essais mécaniques » de la direction « sécurité, structures, feu » du CSTB, le laboratoire Achille (Ancrages CHimiques et mécaniques au service de l’Innovation et du déveLoppement pour l’Ecoconstruction) met à la disposition des acteurs de la construction des technologies et moyens d’essais avancés, adaptés aux spécificités des matériaux traditionnels mais aussi émergents à faible empreinte carbone, tels que ceux bio et géo-sourcés, en lien avec les fixations », explique le centre scientifique. Les cinq bancs d’essais (mécaniques, sismiques, résistance au feu, vieillissement accéléré…) permettent de tester les ancrages chimiques, mécaniques et plastiques, sur tous types d’ouvrages (bois, béton, métal…), utilisés en construction, rénovation, dans une optique de recyclabilité, etc. Le laboratoire est cofinancé par le programme France 2030, la Région Île-deFrance et le CSTB. l ABET LAMINATI Treize nouveaux décors HPL Le fabricant de parements de bardage HPL Abet Laminati étoffe sa gamme grand format Material Exterior Grade (MEG). Disponibles dans les trois formats du catalogue, en différentes épaisseurs, en finition mate, satinée ou en relief, les nouveaux décors prennent l’aspect du bois, du métal ou du ciment. Ils peuvent être mis en œuvre en façade dans le cadre d’un procédé de bardage rapporté ventilé mais aussi en gardecorps, séparatifs de balcon, sous-faces, brise-vue, brise-soleil ou volets. Le produit dispose de la certification QB54 du CSTB et du label biosourcé niveau Or (70 %). l VALIDATION Délivrance des premières validations techniques pour un bardage rapporté sur FOB Les procédés de bardage rapporté StoVentec (Sto) et Néolife dispose désormais chacun d’une validation technique sur Façade ossature bois (FOB). Ainsi, il s’agit : - d’une ATEx de cas a pour StoVentec, qui a ouvert le bal. Le domaine d’emploi est restreint : bâtiment de la 3e famille sur FOB non porteuse jusqu’à 36 m en enduit et 28 m en parement collé (pierre naturelle, plaquette de terre cuite, céramique…). - pour Neolife, d’un Avis technique pour une pose sur FOB pour des ouvrages s’élevant jusqu’à 28 m. Le système a été développé en partenariat avec Doerken et sa nouvelle solution de pare-pluie Fassade 20/50 et le cabinet d’ingéniérie Ingeneco Technologies avec le soutien du CSTB. l REP PMCB Un outil pour faciliter la reprise des déchets La Fédération française du bâtiment (FFB) lance BatiDéchets, une plateforme permettant de connaître et d’accéder aux solutions existantes de reprise sans frais des déchets de chantier. La plateforme s’adresse aux artisans et entrepreneurs qui ont ainsi accès aux sites de reprise existants et leurs modalités pratiques (dépôt, collecte sur chantier, en entreprise). Elle donne également accès aux démarches à suivre pour chaque éco-organisme, en fonction du déchet sélectionné et du mode de collecte choisi. Certains déchets issus de la dépose de bardage peuvent être concernés : bois, métaux, laines minérales… Pour y accéder : batidechets.ffbatiment.fr. l © Voyagerix - stock.adobe.com ACTUALITÉS 12 EN BREF BARDAGE.INFO #27 MAI 2025

PARIS La copropriété rénovée se pare de bardage en terre cuite La rénovation globale d’une copropriété composée de deux bâtiments des années 1960 et 63 logements rue Cavendish dans le 19e arrondissement de Paris a permis à la fois d’améliorer considérablement les performances énergétiques des ouvrages, d’améliorer le confort des habitants mais également de les valoriser architecturalement. « On a eu du mal à convaincre les propriétaires qu’il fallait un ravalement écologique mais en les informant des bénéfices et du fait qu’avec les aides, le coût n’était pas beaucoup plus élevé qu’un ravalement, ça a marché ! », se souvient Don Siegel, président du conseil syndical de la copropriété. Patience et pédagogie ont permis d’aboutir à la réalisation de travaux de rénovation lourds avec à la clé, 58 % de gain énergétique. « L’accompagnement de l’assistance à maîtrise d’ouvrage (Soliha et Reezome) a été déterminant. » Car grâce aux aides mobilisées, 57 % des opérations ont été financées par la Mairie de Paris (Eco rénovons Paris), par MaPrimeRénov’ et plusieurs aides individuelles. Il aura fallu 5 ans entre le vote du projet et la réception de l’ensemble. Ont notamment été changées les fenêtres et la ventilation ainsi que les jalousies. Surtout, les façades ont été isolées par l’extérieur avec une épaisseur de 13 cm de laine de roche. « Nous avons fait le choix de recourir à un système de bardage rapporté », explique Véronique Javelle, architecte au sein de l’agence A&M Architecture, conceptrice du projet. Il permet notamment de donner de l’épaisseur aux façades pour pouvoir y intégrer discrètement des volets roulants. Les parements sont en terre cuite blanche au niveau des allèges, clin d’œil à l’architecture d’origine qui crée un contraste avec les parements composites intégrés entre les fenêtres en bande. « De plus, le matériau est géosourcé et robuste et s’intègre dans un continuum historique de minéralité des matériaux des immeubles voisins. » Cette rénovation a gagné le grand prix des Trophées métropolitains CoachCopro organisés par l’Agence parisienne du climat (APC). l • Bardage en acier prélaqué plan Sans fixation apparente - Longueur 8 mètres Pose verticale ou horizontale - Conformité du CSTB • Lame pliée en acier prélaqué Economique Sous cahier des charges © Pyc ACTUALITÉS 13 EN BREF BARDAGE.INFO #27 MAI 2025

DOSSIER 14 ENVIRONNEMENT BARDAGE.INFO #27 MAI 2025 GES Décarbonation : agir aujourd’hui pour l’industrie de demain Imposée par l’Europe, par la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), par la RE2020… La réduction des émissions de CO2 causées par la fabrication des matériaux et des produits de construction n’est plus un choix mais une obligation. Et pourrait même devenir un critère différenciant par rapport à la concurrence. ADELINE DIONISI La Loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) d’août 2015 a introduit pour la première fois en France une feuille de route destinée à atteindre la neutralité carbone en 2050 : la Stratégie nationale bas carbone (SNBC). Révisée une première fois en 2020 (SNBC - 2), on en attend aujourd’hui la V3. « Elle donne des orientations pour mettre en œuvre, dans tous les secteurs d’activité, la transition vers une économie bas-carbone, circulaire et durable », expliquent les pouvoirs publics. Elle fixe des objectifs nationaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) à court et à moyen termes et par secteur, via des budgets carbone. Arrêtés par décret, ils imposent des plafonds d’émissions à ne pas dépasser par période de 5 ans. « L’objectif national actuel à l’horizon 2030, tous secteurs confondus, est de réduire d’au moins 40 % nos émissions brutes de GES par rapport à 1990. La SNBC-3 en cours d’élaboration rehaussera cet objectif de réduction à -50 % entre 1990 et 2030, soit 270 MteqCO2 (millions de tonnes en équivalent CO2). » À noter que l’Union européenne n’est évidemment pas en reste. En 2019, elle a adopté le Pacte vert pour l’Europe, visant à faire du vieux continent « le premier neutre pour le climat ». Quant au cadre Fit for 55, il demande de réduire les émissions de GES de 55 % en 2030 par rapport à leur niveau de 1990. LE BÂTIMENT : PLUSIEURS PISTES La SNBC a identifié sept secteurs d’activité : le bâtiment, le transport, l’agriculture, les forêtsbois et sols, la production d’énergie, l’industrie et les déchets. Chacun s’est vu attribué des objectifs de réduction de leurs émissions à 2030 et à 2050. Ainsi, le bâtiment, qui compte aujourd’hui pour 19 % des GES nationales, doit les faire diminuer de 49 % d’ici à 2030 et atteindre une décarbonation complète en 2050. Pour l’industrie (17 % des GES actuelles), les taux sont de - 35 % en 2030 et - 81 % en 2050. Pour décarboner le bâtiment, trois axes d’action bien distincts doivent être menés : réduire les émissions liées à leur exploitation (77 % en 2023), à l’artificialisation (6 %) et celles induites par les produits et équipements qui le composent, évaluées à 16 % (avec une forte contribution de la construction neuve : 80 % contre 20 % pour la rénovation)*. C’est sur ces dernières que nous allons nous concentrer. L’industrie, tous secteurs confondus, compte pour 17 % des émissions de gaz à effet de serre du pays.

DOSSIER 15 BARDAGE.INFO #27 MAI 2025 ENVIRONNEMENT Les liens entre bâtiment et industrie sont étroits et l’atteinte des objectifs de l’un dépend en partie de celle de l’autre. Comme le rappellent les auteurs de la « feuille de route décarbonation du cycle de vie du bâtiment, les propositions de la filière », publiée en janvier 2023, sous l’égide du CSTB et du Plan bâtiment durable : « Il apparaît essentiel de réduire le poids carbone des produits et systèmes constructifs par l’ensemble des leviers disponibles. La décarbonation du bâtiment passera inévitablement par des procédés industriels moins carbonés. » Plusieurs filières, notamment l’acier et la terre cuite, que l’on peut retrouver en bardage, ont d’ores et déjà publié leurs feuilles de route de décarbonation. « Les autres doivent être encouragées et accompagnées afin qu’elles s’engagent à leur tour dans ce processus. » Cette évidence se retrouve d’ailleurs dans la RE2020 à travers son indicateur carbone, de plus en plus contraignant au fil du temps. Son calcul intègre en effet les niveaux d’émissions de CO2 de chacun des produits mis en œuvre. Pour les évaluer et les communiquer, leur propriétaire dispose d’un outil : les Fiches de déclaration environnementale et sanitaire (FDES) compilées dans la base Inies. ENCORE TROP DE DED Sur les 6 735 FDES recensées à ce jour, 399 concernent les parements de bardage, la vêture et le vêtage et 269 l’isolation thermique et acoustique des murs par l’extérieur (ITE). Il s’agit essentiellement de fiches individuelles et collectives. Mais il reste encore, au sein de certaines familles, des données par défaut (DED) au résultat carbone dévalorisant pour le produit et qui finalement ne reflètent pas la réalité de leur poids carbone. Pourtant, des FDES objectives sont à la fois nécessaires pour identifier les pistes d’amélioration et pour se différencier de produits moins performants. En effet, le recours aux DED ne devrait pas, à terme, permettre de respecter les seuils imposés par la réglementation et notamment ceux de 2028 (qui pourraient cependant évoluer suite au récent lancement d’une mission d’évaluation de leurs impacts économiques). Pour les industriels, la rédaction mais aussi l’amélioration de leurs FDES, et donc du bilan carbone de leurs produits, devraient rapidement devenir un enjeu concurrentiel. LOI DU MARCHÉ « La question de la décarbonation ne se pose plus. La problématique pour nos adhérents, c’est plutôt comment y aller ? », constate Hervé Gastaud, délégué général du syndicat de la construction métallique de France (SCMF). « C’est une révolution », abonde Gérald Merlin, chef de marché activité structure et façade chez Wienerberger. Si les industriels semblent être conscients des enjeux, la demande reste, elle, encore rare. Ainsi, comme l’indique Prisca Lopez Voeltzel, responsable prescription grands comptes nationaux chez ArcelorMittal Construction France, « la décarbonation des produits de construction intéresse mais n’est pas encore vulgarisée sur l’ensemble des opérations, notamment celles qui ne sont pas soumises à la RE2020. » En cause notamment, le surcoût induit. « À noter toutefois que, sur les bâtiments de type logistique et industriel, les prescripteurs s’imposent de manière accrue des constructions répondant à des labels et/ou certifications durables de type BREEAM, NF HQE… », poursuit-elle. Ça veut dire quoi la neutralité carbone ? Neutralité carbone ne veut pas dire suppression des émissions de gaz à effet de serre (GES) mais équilibre entre ces dernières et l’absorption du carbone par les écosystèmes gérés par l’être humain (forêts, sols agricoles…) ou par les procédés industriels (capture et stockage ou réutilisation du carbone). Elle implique néanmoins une division par six de nos émissions d’ici 2050 par rapport à 1990. © SCMF

DOSSIER 16 ENVIRONNEMENT BARDAGE.INFO #27 MAI 2025 Pour inciter à passer à l’action, la « feuille de route décarbonation du cycle de vie du bâtiment » propose d’impliquer fortement la commande publique, « encore frileuse à dépenser plus », souligne Hervé Gastaud, mais aussi la maîtrise d’ouvrage privée grâce au développement d’outils de prescription « pour les aider à choisir, quelle que soit l’étape ou la nature du projet, sur des critères carbone ». Le développement de la demande résoudrait, au moins en partie, la question de la rentabilité d’investissements souvent lourds pour les industriels, particulièrement dans un contexte de crise. D’autant qu’ils ne disposent évidemment pas tous des mêmes moyens. « Le tissu industriel des entreprises productrices de produits et matériaux de construction présente une grande diversité que ce soit au niveau des procédés de production, de la taille de l’entreprise ou de leur niveau d’émission », soulignent les auteurs de la « feuille de route décarbonation du cycle de vie du bâtiment ». L’Ademe joue ici un rôle important à travers différents dispositifs comme les plans d’investissement France Relance et France 2030. Par exemple, l’investissement initial d’ArcelorMittal pour la décarbonation de son site de Dunkerque était d’1,8 milliard d’euros, dont une aide de l’État de 850 millions d’euros. Mais il a été stoppé sous l’effet conjugué de la crise de l’acier et du manque de rentabilité. Le montant total du programme d’Isover à Orange s’élève quant à lui à 3,8 millions d’euros, dont 800 000 euros subventionnés par l’Ademe. En parallèle, l’organisme gère également le programme Pacte Industrie ou encore le pilotage des Plans de transition sectoriels dans le cadre du projet Finance ClimAct financé par le programme Life de la Commission européenne. Au final, les industries de toute taille, mais aussi les organisations professionnelles, peuvent solliciter son soutien. Ça a par exemple été le cas de Myral et du SCMF. l *Source: secrétariat général de la planification écologique BatiCarbone compare les émissions des produits et matériaux La Fédération française du bâtiment (FFB) a créé un outil permettant de mesurer les émissions carbone. « Conçu en collaboration avec le bureau d’études Carbone4, BatiCarbone s’appuie sur la méthode du bilan carbone de l’Ademe et sur labase de données Iniespour calculer les émissions de gaz à effet de serre liées à l’activité d’une entreprise de bâtiment, d’un chantier ou d’un lot », explique l’organisme À l’initiative de la Chambre syndicale française de l’étanchéité (CSFE), il intègre notamment un moduleLotqui permet, dans le cadre d’un projet de construction neuve, d’évaluer l’empreinte carbone à l’échelle d’un lot et de proposer des variantes techniques ou économiquespotentielles.Pour cela, ilutilise la méthode de calcul de la RE2020 basée sur l’Analyse de cycle de vie (ACV) dynamique et les données environnementales des produits et des matériaux de la base Inies. « Lors de sa création en 2024, le lot «Étanchéité» a été le premier à y être intégré, suivi en janvier2025 par le lot «Bardage», le tout avec l’appui opérationnel de la CSFE. Ils sont disponibles pour nos adhérents. D’autres corps de métier sont en cours de développement », explique Sergio Assogba, ingénieur RSE et bardage de la CSFE. Après avoir renseigné les produits et matériaux de l’étude initiale et des documents du marché, l’entreprise peut proposer des variantes en modifiant les matériaux et produits par des équivalents. Jusqu’à trois variantes sont possibles. BatiCarbone calcule ensuite le poids carbone du procédé de bardage pour l’étude initiale et pour chaque variante puis compare ces résultats en rapportant le poids carbone au m2 de surface habitable. Pour terminer, la plateforme génère un rapport PDF avec l’ensemble des informations renseignées, les calculs réalisés et les comparatifs. Il peut être ajouté au dossier de réponse à un appel d’offres. L’outil BatiCarbone est consultable par les adhérents de la FFB et de la CSFE sur le site de l’organisme. Il a été financé par la FFB dans le cadre d’un Programme Recherche Développement Métier (PRDM). Lien : https://www.ffbatiment.fr/ outils-modeles-document/outils/calcul-empreinte-carbone

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DOSSIER 18 GES BARDAGE.INFO #27 MAI 2025 INDUSTRIE Décarbonation : une mise en pratique complexe De quelles solutions disposent les fabricants de produits et matériaux de construction pour réduire efficacement leurs émissions carbone ? À ce jour, deux grands principes dominent : abandonner les énergies fossiles et avoir recours à des matières premières issues du recyclage. ADELINE DIONISI © Isover 01

DOSSIER 19 BARDAGE.INFO #27 MAI 2025 GES Pour respecter les exigences nationales et européennes en matière de décarbonation des produits et matériaux de construction, la définition des moyens d’action en est évidemment une des clés de voute (avec leur financement on s’en doute, voir article p. 14). Dans le bardage, malgré la diversité des matériaux des parements, des systèmes d’ossature et des isolants, deux pistes sont néanmoins particulièrement explorées par les fabricants interrogés : l’amélioration des performances énergétiques et la circularité des matériaux. Avec une nécessité de cumuler les deux pour aboutir à un résultat suffisant. TECHNOLOGIES La substitution des énergies fossiles par une énergie décarbonée avance à des rythmes différents selon les activités industrielles. Ainsi, si chez le fabricant d’isolant Isover, son expert produit Jérôme Goudard rappelle qu’« en France, 100 % de nos fours de production de laine de verre fonctionnent à l’électrique depuis plus de 10 ans », d’autres sont encore dans la phase de l’intention. Chez Wienerberger (terre cuite), « les usines, qui ne sont pas localisées en France, fonctionnent au gaz naturel. Nous allons le remplacer par du biogaz. Cette évolution permettra de réduire de 80 % les émissions de GES », souligne Gérald Merlin, chef de marché activité structure et façade. Idem chez Myral qui se penche sur l’électrification du chauffage de son conformateur. « L’une des conditions pour que l’acier puisse être considéré comme bas carbone, c’est l’association de deux technologies, rappelle Prisca Lopez Voeltzel, responsable prescription grands comptes nationaux au sein d’ArcelorMittal Construction France : le recours à un four à arc électrique alimenté par de l’énergie solaire et / ou éolienne et la réduction directe à l’hydrogène. » Le groupe a notamment investi dans une usine permettant de combiner les deux solutions à Sestao en Espagne. MATÉRIAUX RECYCLÉS Le second levier clairement identifié, soit, on l’a vu, l’intégration de matériaux recyclés dans le process de fabrication, rentre plus concrètement dans les mœurs. « ArcelorMittal Construction France intègre depuis plus d’une décennie 20 % d’acier recyclé dans l’ensemble de ses produits d’enveloppe métallique, rappelle Prisca Lopez-Voeltzel. Mais pour que l’acier soir bas carbone, « il doit contenir a minima 75 % d’acier recyclé. » C’est ainsi que l’acier XCarb « de sources recyclées et renouvelables », comme nomme ArcelorMittal sa gamme décarbonée fabriquée à Sestao, est considérée comme telle car elle associe four à arc électrique + réduction directe à l’hydrogène + un taux suffisant d’acier recyclé. Chez Myral, 70 % des émissions de GES émanant des matières premières (elles-mêmes responsables de 90 % des émissions des produits fabriqués) sont générées par l’aluminium, 20 % par le polyuréthane et 10 % par le PVC. « Notre stratégie de décarbonation s’est rapidement orientée vers le choix de matières premières exerçant moins de pression sur les ressources naturelles, indique Julien Bagnard, directeur du groupe. Dans ce cadre, nous avons évalué les gains obtenus grâce à l’utilisation de matériaux issus du recyclage. » Quelques exemples : d’après les chiffres de l’industriel, fabriquer un parement aluminium avec 75 % de déchets post consumer économiserait 5,95 kg CO2e.m². Pour des rives PVC avec 50 % de PVC d’origine recyclé, c’est 0,811 kg CO2e.m². « Aujourd’hui, de manière générale, nos produits contiennent 50 % de matériaux recyclés. » Pareil chez Isover, « avec même des pointes à 80 % pour certains », indique Jérôme Goudard. GISEMENTS Si le recours au recyclage semble couler de source pour limiter les émissions de GES, il dépend néanmoins de la disponibilité de gisements de qualité. Du côté de Myral, « nos sources diffèrent évidemment selon le matériau. Pour chacun d’eux, nous avons conclu des partenariats avec des entreprises spécialisées, précise Julien Bagnard. Ainsi, l’aluminium que nous récupérons dispose d’une certification garantissant 75 % de matériaux issus du recyclage de produits de consommation courante (canettes en aluminium par exemple). Pour la mousse isolante, c’est 15 % de PU recyclé, essentiellement issu de bouteilles PET. Enfin, 50 % du PVC provient de fenêtres, issues de la déconstruction ou de déchets propres à notre fournisseur. » Mais que se passe-t-il lorsqu’utiliser des matières premières issues du recyclage n’est pas possible, faute de filière ou de solution technique ? C’est le cas par exemple de la terre cuite. « L’argile peut être réintroduite dans le process de production à condition qu’elle soit crue, signale Gérald Merlin. Lorsqu’elle est cuite, l’opération est plus complexe. » Il est possible de la concasser pour la réintégrer mais dans de faibles proportions. « Un taux entre 1 et 3 % permet de jouer le rôle de dégraissant pour une argile moins collante. » Wienerberger privilégie plutôt le choix d’argiles issues de carrières de proximité et contenant le moins de calcaire possible. « À la cuisson, celles01 L’intégration de matériaux recyclés dans la chaîne de production réduit l’empreinte carbone du produit.

DOSSIER 20 GES BARDAGE.INFO #27 MAI 2025 d’emploi, « afin de rassurer les entreprises de pose et les assureurs », souligne la responsable prescription grands comptes nationaux. Pour les systèmes isolants en revanche, « nous avons recommencé les démarches de certification Acermi », rappellent Julien Bagnard. Parmi les autres leviers également exploitables pour réduire l’impact carbone des produits et procédés, on peut citer la récupération de chaleur fatale émise en sortie de four qui, comme par exemple chez Wienerberger, est réinjectée dans les séchoirs ou encore, toujours chez le fabricant de produit en terre cuite, la sélection d’engobes et d’émaux au faible impact carbone pour composer les pigments. Chez ArcelorMittal Construction France, une ligne de prélaquage de l’usine de Contrisson (55) est équipée depuis un an de l’EBT (Electron Beam Technology), une technologie pionnière soutenue par le Fonds Européen pour l’innovation, qui permet notamment d’utiliser une peinture sans solvant garantissant l’absence d’émission de COV et au séchage quasi immédiat « En un an, nous avons déjà réduit de 20 % les émissions de CO2 liées à l’application d’une peinture classique. Nous prévoyons une économie de 35 000 tonnes en 10 ans », souligne Prisca Lopez-Voeltzel. TRANSPORT ET LOGISTIQUE L’approvisionnement en matières premières locales, lorsqu’il est possible, joue lui aussi mais cette fois sur les GES générées par le transport. C’est en partant de ce constat par exemple qu’Isover a choisi l’implantation de ses usines. De manière générale également, les industriels ont développé un maillage territorial à même de limiter les distances entre zones de production et de stockage et leur clientèle. Les camions à vide sont proscrits et passent progressivement à l’électrique ou au biocarburant, tout comme, de plus en plus, les véhicules des collaborateurs. « Nous avons également recours aux solutions de transport intermodal route + train sur la ligne Orange-Avignon-Paris », ajoute Jérôme Goudard. Autre solution utilisée chez Faynot, on privilégie, « l’éclairage naturel et le passage au tout LED », décrit Stéphane Lambert, son responsable bureau d’études et normalisation, également président du Syndicat national des bardages ventilés isolés (SNBVI). - 2,1 % ENTRE 2015 ET 2022 Au final, l’impact de toutes ces mesures est-il réel ? Oui ! répondent évidemment les industriels, chiffres à la clé. Ainsi, selon Myral, le bilan carbone mentionné dans la FDES de son système ci sont moins émissives en CO2. » Le fabricant mise aussi sur le travail autour de l’éco-conception et la quantité de matière contenue dans le produit par « l’optimisation du design et de la géométrie. Il faut trouver le juste équilibre pour ne pas en diminuer les caractéristiques de résistance, de durabilité et d’esthétisme ». TESTS ET ESSAIS C’est en effet un point clé : les produits contenant des matériaux issus du recyclage ou à la conception différente ne doivent pas perdre en qualité. D’où la réalisation de tests et d’essais pour garantir l’équivalence avec le produit « classique ». « Les isolants concernés ont fait l’objet de tests de validation portant sur la résistance au feu, les performances acoustiques et thermiques, ainsi que sur leur mise en œuvre », précise Jérôme Goudard. Pour l’acier, « c’est notamment l’une des missions du Centre technique industriel de la construction métallique (CTICM) pour la filière », précise Hervé Gastaud, délégué général du syndicat de la construction métallique de France (SCMF). De manière plus générale, les industriels interrogés sont unanimes : « Ces opérations ont montré que les performances étaient identiques, voire meilleures », affirme Julien Bagnard. Un constat partagé par Prisca Lopez-Voetzel : « Il n’y a pas de différences entre un produit d’enveloppe fabriqué avec un acier issu de technologies traditionnelles et un produit d’enveloppe fabriqué avec un acier dit « bas carbone ». La résistance et les performances restent identiques. » Idem pour le mode de mise en œuvre. Les Avis techniques ont été mis à jour pour les intégrer, sans modification du domaine Pour réduire l’empreinte carbone de la terre cuite, l’optimisation du design et le choix des pigments peuvent jouer. © GrégoryTachet

www.tellierbrisesoleil.com NOS SOLUTIONS D’OMBRAGE EN LAMES BOIS OU ALUMINIUM 20 ans d’expérience et des professionnels certifiés nos FDES sont disponibles ! ©Lumidesign ©Dominique GIANNELLI DOSSIER 21 BARDAGE.INFO #27 MAI 2025 GES générale des entreprises, rattachée au ministère de l’économie et des finances : « la baisse des émissions directes s’est accompagnée d’une hausse des émissions liées aux importations, même si une réduction de l’empreinte carbone est observée depuis plusieurs années. » Il y a encore de la route à faire. l de façade a baissé, passant de 39 kg de CO2 à un peu moins de 21 kg. Les parements et profils de bardage décarbonés d’ArcelorMittal Construction affichent, quant à eux, un poids carbone inférieur de 54 % par rapport aux gammes classiques. C’est encourageant mais pas suffisant. Selon le cabinet de conseil sur les enjeux énergie et climat Carbone 4, les émissions des industries de la construction et des minéraux métalliques de la construction ont diminué de 2,1 % entre 2015 et 2022 alors que la SNBC-2 en attendait 19 % (-2,6 % par an). Il faut donc aller plus loin. En France, par exemple, les hauts-fourneaux de Dunkerque et de Fos-sur-Mer d’ArcelorMittal restent alimentés au charbon. Les process de fabrication moins carbonés doivent être généralisés et sortir du cadre de la réflexion ou de l’expérimentation dès que possible. Des pistes comme le captage du CO2 restent encore à approfondir. La relocalisation de certaines productions en France pourrait également avoir un effet comme le souligne, entre autres, la Direction L’acier est recyclable à l’infini.

TECHNIQUE 22 DÉCRYPTAGE BARDAGE.INFO #27 MAI 2025 ENTRETIEN Vérifier et nettoyer les bardages Même s’il n’est pas obligatoire, l’entretien des procédés revêtant les façades est fortement conseillé pour éviter tout dommage esthétique ou technique. PRÉCONISATIONS L’entretien du bardage : mieux vaut le faire L’entretien du bardage n’est pas obligatoire mais il est, de manière générale, largement conseillé pour conserver non seulement l’esthétique mais aussi la résistance mécanique de l’ouvrage et sa contribution à l’étanchéité à l’eau. Les opérations sont mentionnées, pour les bardages traditionnels, dans les différentes annexes A du NF DTU 45.4 P1-1-N et dans l’Annexe A des Recommandations professionnelles RAGE « Bardages en acier protégé et en acier inoxydable ». Dans le cas de bardages non traditionnels, on les retrouve dans les Avis techniques correspondants. VÉRIFICATIONS Différentes opérations à effectuer L’entretien d’un bardage consiste tout d’abord à réaliser plusieurs vérifications visuelles. Il s’agit notamment de constater la bonne tenue des fixations afin d’éviter tout risque de rupture et donc d’effondrement des parements. « Il convient de vérifier également les joints des couvertines à la liaison toiture-terrasse / façade », ajoute Emmanuel Giordanengo, dirigeant de l’entreprise Anthéa ainsi que la bonne tenue des accessoires en tôles pliées (entablements, tableaux, voussures, encadrements et angles divers) et leurs joints en silicone. Vient ensuite le nettoyage si nécessaire. « La présence de mousses par exemple peut altérer les protections anticorrosion des procédés. » Cette opération peut être réalisée avec des roto brosses afin de ne pas abîmer la peau extérieure. Pour les revêtements les moins fragiles et lorsque les joints sont fermés, le recours à un nettoyeur haute pression est possible. Lorsque le bardage est en bois, « il s’agit surtout d’appliquer un nouveau traitement pour conserver son aspect d’origine », explique Emmanuel Giordanengo. Mais il est également possible de laisser le bois griser : l’aspect change mais pas les performances mécaniques. RYTHME Fréquence d’entretien « Nous conseillons d’effectuer l’entretien du bardage en même temps que celui des toitures-terrasses, notamment afin d’en limiter le coût », souligne le dirigeant d’Anthéa. La nature des parements et la localisation du site jouent également un rôle. « Lorsqu’ils sont installés en bordure d’autoroute, les bâtiments sont soumis à une pollution importante qui peut encrasser rapidement les façades. » Pour les bardages bois, les fréquences et conditions d’entretien peuvent varier selon le fabricant. Le NF DTU 41.2 P1-1 mentionne à ce titre que l’entreprise doit en informer le maître d’ouvrage. Ami bois par exemple conseille de « renouveler les saturateurs tous les 2 à 3 ans, ou le dégriseur tous les 5 ans, le vernis tous les 2 à 3 ans, la lasure qui dure 4 à 8 ans et de refaire la peinture tous les 10 à 15 ans ».

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