Bardage.Info - Numéro 27 - Mai 2025

DOSSIER 19 BARDAGE.INFO #27 MAI 2025 GES Pour respecter les exigences nationales et européennes en matière de décarbonation des produits et matériaux de construction, la définition des moyens d’action en est évidemment une des clés de voute (avec leur financement on s’en doute, voir article p. 14). Dans le bardage, malgré la diversité des matériaux des parements, des systèmes d’ossature et des isolants, deux pistes sont néanmoins particulièrement explorées par les fabricants interrogés : l’amélioration des performances énergétiques et la circularité des matériaux. Avec une nécessité de cumuler les deux pour aboutir à un résultat suffisant. TECHNOLOGIES La substitution des énergies fossiles par une énergie décarbonée avance à des rythmes différents selon les activités industrielles. Ainsi, si chez le fabricant d’isolant Isover, son expert produit Jérôme Goudard rappelle qu’« en France, 100 % de nos fours de production de laine de verre fonctionnent à l’électrique depuis plus de 10 ans », d’autres sont encore dans la phase de l’intention. Chez Wienerberger (terre cuite), « les usines, qui ne sont pas localisées en France, fonctionnent au gaz naturel. Nous allons le remplacer par du biogaz. Cette évolution permettra de réduire de 80 % les émissions de GES », souligne Gérald Merlin, chef de marché activité structure et façade. Idem chez Myral qui se penche sur l’électrification du chauffage de son conformateur. « L’une des conditions pour que l’acier puisse être considéré comme bas carbone, c’est l’association de deux technologies, rappelle Prisca Lopez Voeltzel, responsable prescription grands comptes nationaux au sein d’ArcelorMittal Construction France : le recours à un four à arc électrique alimenté par de l’énergie solaire et / ou éolienne et la réduction directe à l’hydrogène. » Le groupe a notamment investi dans une usine permettant de combiner les deux solutions à Sestao en Espagne. MATÉRIAUX RECYCLÉS Le second levier clairement identifié, soit, on l’a vu, l’intégration de matériaux recyclés dans le process de fabrication, rentre plus concrètement dans les mœurs. « ArcelorMittal Construction France intègre depuis plus d’une décennie 20 % d’acier recyclé dans l’ensemble de ses produits d’enveloppe métallique, rappelle Prisca Lopez-Voeltzel. Mais pour que l’acier soir bas carbone, « il doit contenir a minima 75 % d’acier recyclé. » C’est ainsi que l’acier XCarb « de sources recyclées et renouvelables », comme nomme ArcelorMittal sa gamme décarbonée fabriquée à Sestao, est considérée comme telle car elle associe four à arc électrique + réduction directe à l’hydrogène + un taux suffisant d’acier recyclé. Chez Myral, 70 % des émissions de GES émanant des matières premières (elles-mêmes responsables de 90 % des émissions des produits fabriqués) sont générées par l’aluminium, 20 % par le polyuréthane et 10 % par le PVC. « Notre stratégie de décarbonation s’est rapidement orientée vers le choix de matières premières exerçant moins de pression sur les ressources naturelles, indique Julien Bagnard, directeur du groupe. Dans ce cadre, nous avons évalué les gains obtenus grâce à l’utilisation de matériaux issus du recyclage. » Quelques exemples : d’après les chiffres de l’industriel, fabriquer un parement aluminium avec 75 % de déchets post consumer économiserait 5,95 kg CO2e.m². Pour des rives PVC avec 50 % de PVC d’origine recyclé, c’est 0,811 kg CO2e.m². « Aujourd’hui, de manière générale, nos produits contiennent 50 % de matériaux recyclés. » Pareil chez Isover, « avec même des pointes à 80 % pour certains », indique Jérôme Goudard. GISEMENTS Si le recours au recyclage semble couler de source pour limiter les émissions de GES, il dépend néanmoins de la disponibilité de gisements de qualité. Du côté de Myral, « nos sources diffèrent évidemment selon le matériau. Pour chacun d’eux, nous avons conclu des partenariats avec des entreprises spécialisées, précise Julien Bagnard. Ainsi, l’aluminium que nous récupérons dispose d’une certification garantissant 75 % de matériaux issus du recyclage de produits de consommation courante (canettes en aluminium par exemple). Pour la mousse isolante, c’est 15 % de PU recyclé, essentiellement issu de bouteilles PET. Enfin, 50 % du PVC provient de fenêtres, issues de la déconstruction ou de déchets propres à notre fournisseur. » Mais que se passe-t-il lorsqu’utiliser des matières premières issues du recyclage n’est pas possible, faute de filière ou de solution technique ? C’est le cas par exemple de la terre cuite. « L’argile peut être réintroduite dans le process de production à condition qu’elle soit crue, signale Gérald Merlin. Lorsqu’elle est cuite, l’opération est plus complexe. » Il est possible de la concasser pour la réintégrer mais dans de faibles proportions. « Un taux entre 1 et 3 % permet de jouer le rôle de dégraissant pour une argile moins collante. » Wienerberger privilégie plutôt le choix d’argiles issues de carrières de proximité et contenant le moins de calcaire possible. « À la cuisson, celles01 L’intégration de matériaux recyclés dans la chaîne de production réduit l’empreinte carbone du produit.

RkJQdWJsaXNoZXIy MTY5NjE1OA==