Etanchéité.Info - Numéro 78 - Juillet 2023

DOSSIER 21 ÉTANCHÉITÉ . INFO #78 JUIN- JUI LLET 2023 CANICULE La protection gravillonnée : oui s’il y a de l’eau ! Les protections gravillonnées en toiture-terrasse sont par définition très exposées au rayonnement solaire. Elles peuvent, à l’image des toitures végétalisées, rafraîchir la température de surface si elles ont retenu une certaine quantité d’eau lors de précipitation. En revanche, « lorsqu’elles sont sèches, la forte inertie des matériaux emmagasine la chaleur et transforme rapidement la toiture en four ! », avertit Rémi Perrin, directeur de la R&D pour Soprema. tifs aux résultats bénéfiques pour le confort d’été. La première, la végétalisation, leur est d’ailleurs déjà imposée par la loi Climat et résilience. Le second, c’est le cool roof, ou membrane réfléchissante. Avec une limite cependant : leur efficacité thermique est liée au faible niveau d’isolation de la toiture. Chacune fait appel à des principes physiques différents. « La végétalisation stoppe une première partie de l’énergie solaire proportionnellement à l’épaisseur de son substrat. Les plantes, quant à elles, créent de l’ombrage. Surtout, elles en absorbent une autre partie pour la transformer en vapeur d’eau dissipée dans l’atmosphère grâce au phénomène d’évapotranspiration », explique Rémy Claverie chercheur au sein du Céréma. Mais pour cela, il faut que le substrat soit humide. Ce paramètre serait même le plus influent sur les performances de la TTV en matière de confort d’été. « C’est pourquoi l’irrigation est importante, ajoute Rémi Perrin. Néanmoins, dans un contexte de sécheresse de plus en plus récurrent, l’eau doit être utilisée avec parcimonie. Il s’agit donc d’arroser uniquement lorsque nécessaire. » C’est notamment pourquoi les fabricants de procédé de végétalisation développent depuis quelques années des systèmes intelligents permettant de stocker les eaux de pluie, utilisées au besoin par les plantes et complétés par des capteurs d’humidité déclenchant l’arrosage au moment le plus opportun. PROCÉDÉS D ’ ÉTANCHÉ I TÉ Moins sophistiqué et moins couteux, plus léger et plus facile à mettre en œuvre notamment en rénovation, le cool roof fait, quant à lui, appel aux propriétés réflectives de la membrane d’étanchéité qui renvoie alors l’énergie solaire vers le ciel. Il peut être constitué d’un revêtement bitumineux, synthétique ou liquide, l’essentiel étant qu’il soit de teinte claire, blanche le plus souvent. Dans tous les cas, le produit aura été prévu pour cet effet dès sa fabrication mais en aucun cas ne sera, a posteriori, recouvert de peinture blanche sous peine, entre autres, de porter atteinte à l’intégrité de la membrane (voir encadré). Ainsi, la feuille bitumineuse intégrera un parement, une laque, un coating acrylique ou un enduit élastomère latex. Pour les membranes synthétiques et les résines, ce sont les pigments directement inclus dans la composition qui lui donneront leur couleur et leurs propriétés. Ainsi traitée (et entretenue car l’encrassement détériore les performances), la température de surface de la toiture-terrasse est considérablement abaissée par rapport à un revêtement bitumineux classique de couleur sombre. En plein été, elle peut ainsi diminuer de 70 °C à 25 ou 30 °C, réduisant, de fait, le transfert de chaleur vers l’intérieur. À condition que la toiture, rappelons-le, ne soit pas ou très peu isolée. « Les études démontrent que l’efficacité des revêtements réflectifs cool roof sur les économies d’ énergie n’est observable que dans certaines configurations représentant entre 5 et 10 % des ouvrages traités en étanchéité, précise Edwige Parisel, déléguée générale de la Chambre syndicale de l’étanchéité. Il s’agit notamment des ouvrages de plain-pied mal isolés, peu vitrés mais aux besoins importants en climatisation et localisés en zone climatique chaude (H3 ou DROM). » Un domaine d’emploi finalement assez restreint, d’autant que « l’avantage peut également se transformer en inconvénient l’hiver avec les augmentations des besoins en chauffage que cela induit », rappelle Christian Cardonnel, consultant chez CCConsultant. Gare également à l’éblouissement des occupants des bâtiments voisins surplombant la toiture. Par conséquent, le choix d’une telle solution se fera au cas par cas pour évaluer de quel côté penche la balance. D’où l’importance de réfléchir à la problématique dès la phase conception de l’ouvrage. l * Institute for climate economics, «Les bâtiments face aux nouvelles vagues de chaleur : investir aujourd’hui pour limiter la facture demain», septembre2022. é, les performances des cool roof sont au d’isolation de la toiture. » 04 Le revêtement d’étanchéité synthétique blanc mis en œuvre sur le Décathlon de Bouc Belair a participé à la réduction des consommations énergétiques du bâtiment (isolé, zone H3). 04

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