TÉMOIN 40 YVON PERRIN ÉTANCHÉITÉ . INFO #78 JUIN- JUI LLET 2023 Les toitures-terrasses sont-elles propices au développement du moustique tigre ? Pour le savoir, la CSFE a demandé à l’EID Méditerranée, dont la mission principale consiste à contrôler les espèces nuisantes de moustiques, de réaliser une étude sur le risque réel encouru. ETANCHÉITÉ.INFO Quels étaient les objectifs de l’étude que vous avez réalisée sur le risque de prolifération des moustiques tigres sur les toitures-terrasses ? YVON PERRIN Le développement du moustique tigre en France inquiète, notamment en raison du fait qu’il peut transmettre à l’être humain différents virus comme la dengue, le chikungunya ou Zika. Depuis son arrivée en 2004, il s’est installé dans 71 départements et l’élimination des gîtes larvaires devient un enjeu de santé publique. L E CONTEXTE L’EID Méditerranée a pour mission centrale le contrôle des espèces nuisantes de moustiques proliférant dans les zones humides à submersion temporaire, marginales des étangs et lagunes du littoral ou rétro littorales. Ce contrôle consiste à maintenir la gêne due à certains moustiques à un seuil tolérable, avec un impact environnemental minimal. Ce service public est financé et gouverné par les collectivités territoriales. L’EID Méditerranée est le principal opérateur de ce type en France et en Europe. « À Vitrolles, aucune larve de moustique n’a été o quarantaine de toitures investiguées » On le sait, pour limiter la prolifération de cet insecte, il faut éviter les points d’eau stagnante. On observe ces phénomènes notamment dans les coupelles de pots de fleurs, les récupérateurs d’eau, les chéneaux bouchés… La question se pose pour les toituresterrasses à pente nulle ou revêtues de dalles sur plot. Résultat, certains maîtres d’ouvrage hésitent et parfois renoncent même à mettre en œuvre de tels ouvrages. Aux vues du peu de données disponibles sur les capacités d’une toiture-terrasse à devenir oui ou non un foyer de développement du moustique tigre, la Chambre syndicale française de l’étanchéité (CSFE) nous a mandatés pour évaluer le risque qu’elle représente ainsi que l’efficacité potentielle de mesures adaptatives. E.I. Quelle méthodologie avez-vous suivie ? Y.P. Nous nous sommes focalisés tout d’abord sur le moustique tigre : Aedes albopictus. Ensuite, nous avons scindé notre analyse en deux parties. La première s’est basée sur l’observation de différents types de toitures-terrasses : protégées par gravillons, par dalles sur plots, végétalisées, autoprotégées à pente nulle et avec isolation inversée et protection par dalles sur plots. Situées à Vitrolles, nous les avons visitées après quatre jours de précipitations importantes à la fin septembre 2022, en pleine saison du moustique. La seconde est une étude en microcosmes effectuée en laboratoire. Nous avons reproduit plusieurs solutions techniques retrouvées en toiture et notamment le recouvrement par couche gravillonnée : 2 cm d’épaisseur de gravillons + 4 cm de hauteur d’eau, 4 cm de gravillons + 2 cm d’eau et 4 cm de gravillons + 4 cm d’eau. Pour chaque cas de figure, des contenants de différentes tailles ont été utilisés. Nous y avons introduit des larves et des femelles adultes prêtes à pondre et avons observé pour les uns leur développement éventuel jusqu’à la taille adulte et pour les autres la présence d’œufs. Entretien avec Yvon Perrin, chargé de projet au pôle lutte préventive moustique-tigre et santé publique de la direction technique de l’EID Méditerranée. PROPOS RECUE I L L I S PAR ADE L I NE D I ON I S I
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