Etanchéité.Info - Numéro 82 - Juin 2024

LE MAGAZINE DES PROFESSIONNELS DE L’ÉTANCHÉITÉ, DE L’ISOLATION ET DU BARDAGE NUMÉRO 82 JUIN 2024 P.36 RÉALISATION Paris Stream Building, l’expérimentation jusqu’en toiture P.08 ACTUALITÉ Profession La CSFE a tenu sa convention P.20 DOSSIER Économie circulaire Le filière réemploi en construction

Avec Rockcycle, le service de reprise et recyclage des déchets de chantier, en neuf, en rénovation et en déconstruction www.rockwool.fr Rockcycle Recycler à l’infini ? C’est possible ! +2 500 t. recyclées en 2023

Écoutez le 4e épisode du podcast d'Etanchéité.Info pour découvrir le parcours des professionnels de l’étanchéité. PARLEZ MOI DE L E PODCAS T ÉDITO 3 ÉTANCHÉITÉ.INFO #82 JUIN 2024 ÉTANCHÉITÉ.INFO est une publication trimestrielle de l’Association pour la promotion des métiers de l’étanchéité APME-PROMÉTHÉE, éditée sous l’égide de la CSFE. WWW.ETANCHEITEINFO.FR CSFE 6-14, rue La Pérouse, 75784 Paris cedex 16 Tél. : 01 56 62 13 20 Fax : 01 56 62 13 21 Directrice de la publication Edwige Parisel Comité de rédaction Agapé Ambs, Manuel Decoodt, Corinne Foubert, Serge Grégoire, Gilles Guyoton, Nisrine Habhab, Cédric Hotton, Loreleï Housset, Sinicha Knezevic, Marie-Alice Lacoste, Mathieu Lechantre, Line Nguyen, Edwige Parisel, Carole Peyre, Aurélien Sollet ABONNEMENT GRATUIT sur simple demande : 01 56 62 13 20 PYC MÉDIA Étanchéité.info est éditée par 16-18, place de la Chapelle 75018 Paris Tél. : 01 53 26 48 00 - www.pyc.fr Actionnaire principal : Edith Sarl Rédaction Bastien Cany (47 85) b-cany@pyc.fr Adeline Dionisi (48 05) a-dionisi@pyc.fr Rédacteur graphiste Régine Carré Publicité Frédéric Escoffier (47 96) f-escoffier@pyc.fr Morgane Gargadennec (48 03) m-gargadennec@pyc.fr Pierre Bonzom (88 86) p-bonzom@pyc.fr Aurélie Degasse (47 89) a-degasse@pyc.fr (chargée de relations annonceurs) Design graphique © Atelier Chévara etc. Photo de couverture © Adivet Infographie Laubywane N°ISSN : 1958-3575 Impression et routage Chirat Dépôt légal à parution Origine du papier : Autriche Taux de fibres recyclées : 0% Certification des fibres : PEFC Eutrophisation : Ptot : 0,02 kg/tonne Encart compris C’est avec enthousiasme que j’occupe la fonction de Président de la commission communication de la CSFE depuis 1 an maintenant. Mon objectif : dynamiser notre profession et la valoriser, aussi bien sur des supports numériques qu’en multipliant les occasions de rencontre. Une première action concrète a déjà été mise en place : le métier d’étancheur sera très prochainement intégré à l’application de présentation des métiers « Wilbi », une avancée significative pour accroître sa visibilité auprès des jeunes générations à la recherche d’une orientation. En 2024, les métiers de l’étanchéité sont, plus que jamais, allés à la rencontre des professionnels mais aussi du grand public. En mars, nous avons organisé avec succès Top of the Roof, le premier salon des métiers de l’étanchéité et du bardage. Cet événement a permis de rassembler les professionnels du secteur et de promouvoir nos activités auprès du plus grand nombre. Nous continuons sur cette lancée avec une nouvelle édition des Paris Rooftop Days l’année prochaine, visant à sortir notre profession de l’ombre et à la faire découvrir au grand public. Ces journées portes ouvertes seront une occasion unique de mettre en lumière les espaces souvent cachés, mais essentiels, que les toits de Paris ont à offrir. Pour nos adhérents, nous maintenons nos engagements en matière de rencontres professionnelles, avec des rendez-vous visio réguliers et bien sûr, notre incontournable Convention annuelle de l’étanchéité et du bardage. Sa dernière édition s’est tenue fin mai et a été un succès, illustrant l’investissement de nos membres et leur intérêt pour les missions de la CSFE. Il est important de rappeler que les actions de la CSFE, en particulier en matière de communication, reposent sur l’implication de chacun. Sans réalisations, actions et engagement de la part de nos étancheurs adhérents, aucune communication ne serait possible. Votre soutien à la revue Étanchéité.Info est donc essentiel. Nous nous efforçons de vous proposer des sujets au plus proche de l’actualité et des préoccupations de notre métier. Ce numéro fait par exemple un tour d’horizon du réemploi, un défi majeur et actuel pour notre profession. Nous espérons qu’il vous apportera des éclairages précieux. l «Les actions de la CSFE, en particulier en matière de communication, reposent sur l’implication de chacun.» Dynamiser et valoriser la profession SINICHA KNEZEVIC, PRÉSIDENT DE LA COMMISSION COMMUNICATION DE LA CSFE

bmigroup.com/fr A3-0565 | 02/24 | Photo : Aurore & Lena Photographes ; DR | Illustration non contractuelle | RCS Nanterre 899 338 826 Variaflow® : limiteur de débit d’eau ■ Pour une gestion optimale des eaux pluviales en toiture-terrasse, Variaflow® s’associe aux systèmes Wateroof® Duo, Wateroof® Primo ou Rooftop Duo™. ■ Système polyvalent pour terrasses végétalisées, ou surfaces sous protection gravillonnées, ou béton drainant. ■ Dimensionnement de l’EEP réalisée par notre service technique pour s’adapter aux contraintes de votre projet.. ■ Fabriqué en France Découvrez la mise en œuvre du Variaflow®

SOMMAIRE 5 ÉTANCHÉITÉ.INFO #82 JUIN 2024 © Isochape 18 38 P.40 PARLEZ-MOI DE TOIT Pierre-Etienne Bindschedler, Président directeur général de Soprema Group P.42 TÉMOIN Carolina Foïs, architecte, paysagiste et urbaniste P.46 AGENDA À lire, à savoir, à voir, à revoir Sommaire #82 | Juin 2024 P.07 TABLEAU DE BORD P.08 ACTUALITÉS La CSFE a tenu sa convention P.10 Trophées de l’innovation P.12 En bref P.20 DOSSIER Économie circulaire Le filière réemploi en construction La loi Agec impose 5 % de réemploi des PMCB en 2028 alors qu’il atteint péniblement les 1 % aujourd’hui. Le chantier est donc énorme, d’autant plus que si les initiatives existent bel et bien, elles ne suffisent pas à couvrir les besoins. Pour structurer la filière, les professionnels du bâtiment se mobilisent. Mais le chemin à parcourir est encore long. P.26 Qualifier pour assurer P.28 TECHNIQUE FAQ L’entretien des toituresterrasses, pourquoi ? Comment ? P.30 Fiche pratique L’étanchéité des raccordements par SEL P.32 Décryptage La certification Acermi ou la validation des performances d’un isolant P.34 RÉALISATIONS Chantepie Une centrale photovoltaïque de toiture bien implantée P.36 Paris Stream Building, l’expérimentation jusqu’en toiture P.38 Paris La vue retrouvée © Briand

VOTRE PARTENAIRE POUR L’AMÉNAGEMENT DE ZONES ÉTANCHÉES Plots réglables pour dalles ou lambourdes Captio®, plaque alvéolaire www.ocape.com Réalisation de retenues d’eaux temporaires pour les toitures terrasses étanchées Stabilisation des gravillons sur toitures terrasses et protection de l’étanchéité Aménagement des toitures terrasses et protection de l’étanchéité Procap®, plaque stabilisatrice pour graviers

ACTUALITÉS 7 TABLEAU DE BORD ÉTANCHÉITÉ.INFO #82 JUIN 2024 LOGEMENTS COLLECTIFS 9 % Baisse du nombre de permis de construire de logements collectifs de février à avril 2024 par rapport à la même période il y a un an. 7,7 % Baisse du nombre de mises en chantier de logements collectifs de février à avril 2024 par rapport à la même période il y a un an. LOCAUX NON-RÉSIDENTIELS 1,5 % Hausse des surfaces autorisées à la construction de locaux non résidentiels neufs de février à avril 2024 par rapport à la même période il y a un an. 8,2 % Baisse des surfaces mises en chantier de locaux non résidentiels neufs de février à avril 2024 par rapport à la même période il y a un an. INDICATEURS Léger rebond dans le non résidentiel Les surfaces autorisées à la construction hors logement ont connu une légère croissance entre février et avril 2024. Pour le reste, les chiffres plongent toujours. Les chiffres LOGEMENTS 10 % Baisse du nombre de permis de construire de logements neufs de février à avril 2024 par rapport à la même période il y a un an. 10,2 % Baisse du nombre de mises en chantier de logements neufs de février à avril 2024 par rapport à la même période il y a un an. LES CHIFFRES DU MOIS 32 C’est, en pourcentage, la part des toitures plates sur les 9 millions de toitures comptabilisées en France. (Source : MSI Reports) 20 C’est, en pourcentage, la part des chutes de hauteur dans les accidents mortels dans le BTP. (Source : OPPBTP) 6C’est, en pourcentage, la part du parc de logements classée A ou B alors qu’il en faudrait 80 à 90 % d’ici 2050. (Source : Ademe) 240 C’est en m3, la moyenne du volume des déchets générés par une entreprise du bâtiment en un an. (Source : Endless) BUREAUX 5,6 % Baisse des surfaces autorisées à la construction de bureaux neufs de février à avril 2024 par rapport à la même période il y a un an. 22,2 % Baisse des surfaces mises en chantier de bureaux neufs de février à avril 2024 par rapport à la même période il y a un an.

ACTUALITÉS 8 EN BREF ÉTANCHÉITÉ.INFO #82 JUIN 2024 ASSEMBLÉE GÉNÉRALE La CSFE a tenu sa convention Vendredi 31 mai 2024, les entreprises et industriels adhérents à la Chambre syndicale française de l’étanchéité se sont réunis à la Cité internationale à Paris pour faire le point sur les actions en cours et à venir. Voici ce qu’il fallait retenir. Près de 270 personnes étaient rassemblées lors de la Convention de l’étanchéité et du bardage mardi 31 mai à Paris. Une matinée dédiée à la profession et ses enjeux. Le président de la CSFE Gérald Faure ainsi que les présidents des différentes commissions se sont succédés sur l’estrade pour présenter les travaux réalisés cette année et ce qu’il en sera pour les mois à venir. CHAMBRES RÉGIONALES ET GROUPES DE TRAVAIL La vie syndicale a été marquée cette année notamment par la naissance d’une nouvelle chambre régionale Bourgogne Franche Comté, présidé par Didier Balland, directeur de l’agence locale de Smac. À venir sous peu également, la création de la CSRE Val-de-Loire. En parallèle, de nouveaux Groupes de travail ont été mis en place et notamment le GT « Réchauffement climatique » regroupant lui-même le GT « Grêle », le GT « Vieillissement chaleur » et le GT « Revêtements réflectifs ». LES HOMMES ET LES FEMMES À L’HONNEUR Hommage a été rendu à Dominique Zoccoli, figure historique de la profession et décédé il y a quelques mois. Lise Boussert, ancienne directrice technique de la Chambre syndicale, Alain Blottière et Philippe Driat, ancien délégué général, ont été récompensés pour leur carrière au service des métiers de l’étanchéité et du bardage. Une médaille leur a été remise. DE LA TECHNIQUE Plusieurs documents ont été finalisés cette année avec les Règles professionnelles (RP) « SEL, balcons et planchers sur espaces non clos » et les référentiels techniques (bitume et PVC-P) de la certification QB 55 « toiture-terrasse ». En 2024 devraient également paraître les RP pour l’étanchéité des parkings sans isolation ainsi que la révision des RP « Isolant support d’étanchéité en indépendance sous protection lourde » et « Isolation inversée de toiture-terrasse ». En 2025, seront disponibles les RP « Revêtements d’étanchéité sous protection lourde » et le duo norme NF/RP « Bandes de solin en aluminium extrudé ». Enfin, sont aussi en cours de réalisation des RP « Couvertines » et « SEL », des FDES collectives et plusieurs révisions / amendements des NF DTU. TRADITIONNALITÉ « La traditionnalisation des revêtements d’étanchéité est en marche », a souligné Manuel Decoodt, président de la commission technique, avec une première étape qui concernera, dès le 1er janvier 2025 © Pyc © Pyc 01 02

• Membranes d'étanchéité • Isolant • Dalles et plots • Accessoires terrasses • Couverture métallique et bardage • Lanterneaux • Quincaillerie • Outillage & machines • Sécurité individuelle et collective Solutions D’ÉTANCHÉITÉ 7 AGENCES NESTA en FRANCE STRASBOURG • COLMAR • MULHOUSE • METZ • NANCY • BORDEAUX • TOULOUSE www.nesta.fr ACTUALITÉS 9 EN BREF ÉTANCHÉITÉ.INFO #82 JUIN 2024 © Pyc 01 270 personnes ont assisté à la Convention de l’étanchéité et du bardage. 02 Gérald Faure, président de la CSFE et Edwige Parisel, déléguée générale, ont remis une médaille à Lise Boussert et Alain Blottière. 03 Philippe Driat a été récompensé. les membranes bitumineuses bicouches et monocouches posées en indépendance ou par soudage et les revêtements synthétiques mis en œuvre en indépendance. Les Avis techniques ne viseront plus ces systèmes. Les RP associées à la certification QB 55 « Toiture-terrasse » s’appliqueront. DE L’ENVIRONNEMENT Au programme de la commission environnementale : la promotion des toitures-terrasses végétalisées, l’accompagnement des entreprises pour la mise en place de la REP et la poursuite de l’étude sur les moustiques tigres. « La CSFE a également travaillé à la mise en ligne d’un nouveau module de l’outil BatiCarbone, développé par la FFB. Il permettra de comparer l’impact carbone de plusieurs variantes en phase exécution et de passation de marché. Il est d’ores et déjà disponible pour l’étanchéité et le sera pour le bardage d’ici quelques mois », rappelle Manuel Decoodt. Le réemploi a mobilisé également les troupes (toutes les infos p. 18). ET AUSSI… De la prospective et de l’innovation avec, entre autres, la réalisation d’un état des lieux des start-up en lien avec les métiers de l’étanchéité et du bardage, de nombreuses actions pour l’amélioration des conditions de travail des compagnons et pour la formation avec notamment le lancement du CQP Bardeur et bientôt de la formation e-learning DTU en direction des bureaux d’études et des conducteurs de travaux. l 03

ACTUALITÉS 10 ÉTANCHÉITÉ.INFO #82 JUIN 2024 TROPHÉES PRIX TTV et GEP : le duo gagnant des étancheurs Lors de la deuxième édition des Trophées de l’innovation remis lors de la Convention de l’étanchéité et du bardage de la CSFE le 31 mai dernier, les prix de l’innovation technique et de l’innovation environnementale ont été remis à la société Ecovégétal pour Aquapack, sa solution de rétention d’eau pour toiture végétalisée. Approcher le zéro rejet. C’est l’objectif d’Aquapack, système de rétention des eaux pluviales pour toiture végétalisée. Comment ? Des bacs de drainage et de stockage sont installés sous la végétalisation de toiture. Entre chaque alvéole, des fentes d’écoulement assurent une répartition homogène de l’eau retenue. Grâce à une natte mèche, elle irrigue les plantes par capillarité. « La solution permet d’économiser entre 50 et 70 % d’arrosage », précise Pierre Georgel, dirigeant d’Ecovégétal conceptrice du procédé. Elle peut se mettre en œuvre sur tous les types de toitures végétalisées, de l’extensive au jardin, qu’elle soit plate ou en pente (jusqu’à 50 %). Quelques chiffres : sa capacité de rétention d’eau atteint 111 l/ m², sa hauteur tassée est légèrement supérieure à 21 cm et son poids à capacité maximale en eau ne dépasse pas les 235 kg. Dans le détail, le bac, en PE/PP recyclé et recyclable de 40 x 60 cm et 6,5 cm de haut, présente une capacité de stockage de 48 l/m² (20 l/m² sur 50 % de pente). À fond plat, il se pose bord à bord sur le complexe d’étanchéité. Quant au substrat, il est composé de terre cuite, concassée, de pouzzolane et de compost pour une épaisseur de 15 cm. « La végétalisation se présente en godets ou semis de graine et fragments, qu’il faudra arroser en pluie fine à plantation et les jours suivants pour leur permettre de développer des racines », précise Pierre Georgel. L’ensemble peut être complété par un système d’irrigation par goutte à goutte. l Ont concouru aux Trophées: - Bluetek et le laboratoire Genatis ; - SFS et son système de fixation BSA - Soprema et Soprasolar Flex - BMI-Siplast et Rooftop Duo - Iko Axter et Iko Excel Solar Le système de rétention d’eau permet d’irriguer les plantes par capillarité. COUPE DU PROCÉDÉ Les alvéoles du bac présentent des fentes d’écoulement.

Ecomaison - SAS au capital de 281000€ - Siège social : 50, avenue Daumesnil 75012 Paris 538 495 870 RCS Paris - Crédits photographiques : Shutterstock - Conception : - Mai 2024 Adhérer à Ecomaison, c’est rejoindre un éco-organisme qui a plus de 10 ans d’expertise dans les filières de réemploi et de recyclage. Nous sommes à vos côtés aussi bien pour répondre à vos obligations réglementaires sur le recyclage des produits d’étanchéité du bâtiment, que pour soutenir vos projets d’éco-conception. + de 10 000 entreprises nous font déjà confiance. Et vous ? Découvrez nos services POUR VOS OBLIGATIONS SUR LE recyclage, ECOMAISON VOUS ACCOMPAGNE GOUTTE QUE goutte.

ACTUALITÉS 12 EN BREF ÉTANCHÉITÉ.INFO #82 JUIN 2024 ACV L’outil BatiCarbone bientôt doté d’un nouveau module BatiCarbone, outil en ligne développé par la Fédération française du bâtiment (FFB) en collaboration avec le bureau d’études Carbone 4, permet aux TPE-PME du bâtiment de quantifier, de façon personnalisée leurs émissions de gaz à effet de serre tant pour le suivi volontaire de leurs indicateurs environnementaux que pour répondre aux exigences des maîtres d’ouvrage. À ce jour, il propose deux modules distincts : - le module Chantier qui évalue les émissions carbone associées à un chantier spécifique ; - le module Activité qui évalue les émissions carbone associées à l’ensemble des activités de l’entreprise (chantiers, bureaux, ateliers…) sur une année comptable. À l’initiative de la Chambre syndicale française de l’étanchéité (CSFE), un nouveau module a été développé : le module Lot. Il est déjà disponible pour les métiers de l’étanchéité sur le site de la FFB. Il sera étendu au cours du second semestre pour ceux du bardage et à l’ensemble des corps d’état du bâtiment. En se basant sur la méthode d’Analyse de cycle de vie (ACV) dynamique, le nouveau module calculera l’impact carbone de complexes d’étanchéité ou de bardage sur une durée de 50 ans et comparera les résultats de plusieurs variantes. Les entrepreneurs pourront ainsi proposer des solutions plus respectueuses de l’environnement dans le cadre d’un appel d’offres, en mettant en avant les avantages environnementaux d’une technique donnée par rapport à une solution de base. Les propositions pourront également être étayées de commentaires. Une fois le bilan terminé, BatiCarbone génère un rapport au format PDF « prêt à insérer » dans les réponses aux marchés. Connecté à la base INIES, le module Lot est actualisé automa t i que - ment avec des données environnementales à jour. l PROFESSION L’Adivet sur tous les fronts de la végétalisation Jeudi 16 mai s’est tenue l’Assemblée générale de l’association des toitures et des façades végétalisées (Adivet). L’occasion de faire le point sur les actions en cours et à venir. La trentaine de participants ont tout d’abord élu leur nouveau conseil d’administration ainsi que leur président. Frédéric Madre directeur de recherche et chercheur associé au Muséum national d’histoire naturelle, a été reconduit dans ses fonctions. Le nombre d’adhérents est resté stable en 2023 mais ils s’investissent dans de plus en plus de groupes de travail. « Nous allons élargir nos domaines de compétences en direction des infrastructures urbaines et de l’îlot bâti, explique Sophie Rousset-Rouvière, déléguée générale de l’Adivet. Nous lancerons des travaux autour des dalles de parking, des murs végétalisés intérieurs ou encore des abribus. » Un nouveau logo illustrera cette évolution. En attendant, l’Adivet a planché cette année sur la gestion des eaux pluviales, les substrats, la REP, le PLU, les façades végétalisées, les îlots de chaleur urbains (qui feront l’objet du prochain colloque de l’association en 2025) ou encore les toitures biosolaires. Un guide devrait, par exemple, sortir d’ici quelques mois sur cette dernière problématique. « Il servira de base pour le développement d’outils techniques et méthodologiques. » Les personnes un peu plus novices pourront commencer par lire « Toitures végétales », ouvrage à paraître à la rentrée prochaine présentant le marché et ses acteurs, les typologies de toiture et leurs services écosystémiques et les principales règles de mise en œuvre. À venir bientôt également le lancement du simulateur du GreenRoof Score, référentiel de mesure de la performance écosystémique d’un projet de végétalisation du bâti. « L’un des gros enjeux de l’ensemble des acteurs en présence, c’est de parler le même langage. C’est pourquoi, nous travaillons à l’élaboration d’un vocabulaire et de protocoles communs sur plusieurs thématiques comme la gestion des eaux pluviales, la qualification des substrats et la rédaction à venir des PLU/PLUi. » l La journée intégrait également une visite du bâtiment Stream Building (plus d’infos sur ce bâtiment p. 36). © Adivet

BORN TO BE CIRCULAR PIONNIER DU RECYCLAGE DEPUIS 1990 La durabilité et le développement durable ont toujours été nos principales priorités. Ils constituent une part essentielle de notre identité, c’est ce que nous sommes, c’est dans notre ADN. Au-delà d’une durée de vie prouvée de plus de 50 ans de nos membranes d’étanchéité, nous fabriquons de nouvelles toitures à partir d’anciennes membranes depuis 1990, grâce à un processus de recyclage unique. www.kingspanetancheite.fr

ACTUALITÉS 14 EN BREF ÉTANCHÉITÉ.INFO #82 JUIN 2024 ENTREPRISE Un nouvel actionnaire majoritaire pour Smac Détenu par le fonds d’investissement américain OpenGate Capital depuis 2019, l’entreprise d’étanchéité et de bardage rentre au pays avec l’acquisition par la Compagnie financière Jousset de 77 % des parts de la société. « L’équipe dirigeante de Smac en détiendra 23 % », précise le groupe. L’objectif : doubler le chiffre d’affaires d’ici 2030, pour atteindre le milliard d’euros. Après de multiples cessions / acquisitions ces dernières années, Smac a fait le choix stratégique de se recentrer sur ses activités de travaux et notamment de rénovation énergétique. « Notre feuille de route pour les années à venir est précise et totalement alignée avec la vision de notre nouvel actionnaire », souligne son dirigeant Franck Davoine qui reste en place. l ÉTANCHÉITÉ SYNTHÉTIQUE Rénovation et agrandissement de deux réserves collinaires en montagne À 1 800 m d’altitude, près de la station de ski Superdévoluy dans les Alpes françaises, deux bassins ont bénéficié d’une opération de rénovation et d’extension afin d’augmenter leur capacité de 50 % et atteindre 239 330 mètres cubes. Pour ce faire, une géomembrane en PVC-P a remplacé celle en place depuis près de 30 ans. Le choix du produit (Renolit Alkorplan Hydro H DW 35052 de 1,5 mm d’épaisseur) a été retenu à la suite de l’étude de son comportement dans des conditions climatiques difficiles, notamment sous basses températures. Il disposait également des qualités requises pour un usage alimentaire de l’eau stockée. En effet, ces réserves collinaires sont destinées à un usage en agriculture, en alimentation en eau potable, pour la défense incendie et la production de neige de culture. l INDUSTRIE Le CSF IPC s’engage pour la rénovation Le Comité stratégique pour la filière industries pour la construction (CSF IPC) a présenté le 28 mai dernier son Livre blanc « Pour une filière de la rénovation globale et performante des bâtiments ». L’objectif : proposer un changement de méthode pour permettre de remplir l’objectif de 500 000 rénovations de logements par an inscrites dans la Stratégie nationale bas carbone (SNBC). « Avec 50 000 logements rénovés chaque année, nous en sommes loin, rappelle Pierre-Etienne Bindschedler, nouveau président de CSF IPC. Et chaque année, nous prenons un peu plus de retard. » Quand on regarde les chiffres de plus près, on réalise à quel point l’enjeu est crucial : « en 2019, le parc immobilier français a consommé 760 TWh, dont 600 TWh d’énergie fossile et 160 TWh d’électricité. Rénover le parc au niveau BBC en 2050 (comme préconisé dans la SNBC) conduira à une économie d’énergie de 400 à 500 TWh, soit l’équivalent de 65 tranches nucléaires. Seule cette division par trois des besoins du bâtiment nous permettra d’atteindre les objectifs de décarbonation. » TROIS LEVIERS Comment aller plus vite ? Dans son Livre Blanc, le CSF IPC décrit « trois leviers d’innovation pour permettre de faire émerger une filière de la rénovation globale et performante. » Le premier, c’est la garantie de performance, nécessaire pour déclencher le passage à l’acte du propriétaire. « Nous proposons d’assurer que les économies prévues seront effectives grâce à des mesures et le pilotage des consommations dans la durée, au commissionnement, c’est-à-dire, à un processus de management de la qualité et à la mobilisation des assureurs. » Deuxième levier identifié : l’évolution des modes constructifs avec notamment la généralisation de l’usage du numérique en phase étude et de suivi de chantier pour coordonner les acteurs en présence ou gérer le bâtiment rénové. « Cette évolution doit être conçue en associant les experts du financement pour notamment allonger la durée des prêts. » Dernier axe : la coordination des acteurs sur le territoire pour faire émerger des « champions de la rénovation globale et performante dans les régions ». Un programme d’expérimentation dans le Grand Est et en Occitanie sera mis en place pour permettre, grâce notamment aux collectivités et à l’émergence d’« une nouvelle culture de l’investissement public », de « favoriser les synergies entre les différentes typologies de bâtiment pour créer du volume et baisser les coûts. » « La création de la filière de la rénovation globale et performante ne sera rendue possible que grâce une évolution en profondeur de l’implication des assurances et des banques », conclut également l’ouvrage. l

ACTUALITÉS 16 EN BREF ÉTANCHÉITÉ.INFO #82 JUIN 2024 PRODUIT Nouveau lanterneau modulaire Velux lance une nouvelle gamme de fenêtres de toit à moduler selon les objectifs architecturaux. Elle est disponible dans plusieurs dimensions dans un maximum de 3 m, avec possibilité d’en coupler plusieurs. La lumière et la chaleur sont notamment gérées par double ou triple vitrage à contrôle solaire, des ouvrants de confort et des stores intérieurs tamisant en option. Le système de motorisation est caché, tout comme la costière une fois installée. l EMPLOI L’étanchéité fait le plein sur la formation Le 15 mai dernier, l’étanchéité était à l’honneur au centre de formation CFM BTP de Trappes. Sur invitation de la Chambre syndicale régionale de l’étanchéité (CSRE) Île-de-France, des chefs d’entreprise étaient réunis pour visiter le site, rencontrer les étudiants et réfléchir aux besoins en formation du secteur. En la matière, un domaine particulièrement a retenu l’attention : l’entretienmaintenance et la recherche de fuite. « Il n’existe aucune formation dédiée à ce jour alors même que ces problématiques demandent expérience et expertise, explique Edwige Parisel, déléguée générale de la CSFE. Nous allons donc lancer des travaux destinés à mettre en place un cursus de formation continue en direction des compagnons et chefs de chantier. » L’autre grand sujet concernait les difficultés de recrutement. Pour y remédier, des rencontres informelles entre étudiants et entreprises ont été organisées. Ces « speed datings » ont montré toute la motivation des jeunes. « Ils étaient 25 en POEC et en CAP à la recherche de stages ou de contrats d’alternance à se présenter à une petite dizaine d’entreprises à la recherche de nouvelles recrues. Les échanges ont été constructifs et ne devraient pas s’arrêter là ! » l ÉNERGIE Photovoltaïque : les coupes budgétaires mettent la filière en ébullition Une demande de la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) à la filière photovoltaïque suscite beaucoup d’inquiétudes. Et si les installations de 100 à 500 kWc faisaient les frais des restrictions budgétaires annoncées ? Trois jours, dont deux de week-end : c’est ce que l’organisme a laissé à la filière photovoltaïque pour savoir par quel bout elle préférait être sacrifiée. Vendredi 24 mai, l’administration a en effet ouvert deux voies possibles pour restreindre le rachat d’électricité pour les installations entre 100 et 500 kWc, qui sont aujourd’hui en guichet ouvert, c’est-à-dire que toute installation peut prétendre au raccordement. Deux options ont été ouvertes : soit abaisser de 500 à 100 kWc le seuil d’appels d’offres, soit définir un volume annuel maximal au-delà duquel le tarif d’achat ne s’appliquerait plus. Le Syndicat des énergies renouvelables (SER) et Enerplan ont refusé de choisir en si peu de temps, les deux branches de l’alternative constituant un coup de frein considérable à l’essor du solaire. « Ce segment, qui correspond aux grandes toitures, représente 200 000 chantiers par an », détaille Jules Nyssen, président du SER. Ce dernier souligne la contradiction entre le discours de Bruno Le Maire à Manosque il y a quelques semaines, qui annonçait 130 GW de puissance solaire installée en 2035 (soit 6 GW de plus par an, quand seuls 3 GW ont été installés l’an dernier), et un tel coup de frein annoncé brutalement. Surtout quand l’État encourage l’émergence de gigafactories dans le photovoltaïque pour relocaliser la production. La filière rappelle également que dans la période où les prix de l’électricité ont grimpé en flèche, l’État a gagné beaucoup d’argent grâce à la revente via EDF OA de l’électricité photovoltaïque. Des gains visiblement déjà oubliés, maintenant que les prix redescendent… Le SER et Enerplan ont saisi le cabinet de Bruno Le Maire. À suivre ! l

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ACTUALITÉS 18 EN BREF ÉTANCHÉITÉ.INFO #82 JUIN 2024 DÉMOGRAPHIE 400 000 logements supplémentaires par an nécessaires en France d’ici à 2030 Une étude réalisée par l’Union nationale des aménageurs (Unam) et l’École supérieure des professions de l’immobilier (Espi) démontre qu’en raison de la réduction de la taille des ménages, le besoin en logements est « sous-estimé » par les pouvoirs publics. « La baisse de la natalité n’induit pas la baisse de la demande, au contraire, le phénomène de desserrement pèse trois fois plus sur les besoins que le phénomène de démographie », souligne Paul Meyer, délégué général national de l’Unam Île-de-France. La demande aujourd’hui résulte pour plus d’un tiers de la réduction de la taille des ménages. Ce constat se manifeste différemment selon les zones géographiques. Par exemple, à Paris, le desserrement est nourri par la présence de nombreux ménages unipersonnels composés de jeunes étudiants et jeunes actifs ou de ménages séparés. Mais à Fontainebleau (Seineet-Marne) ou Rambouillet (Yvelines), il s’agit d’abord du vieillissement de la population. l NEUTRALITÉ CARBONE Rénovation globale : l’Ademe rappelle les enjeux et esquisse des méthodes Dans une note publiée fin mai, l’Ademe approfondit la question de la rénovation globale. Un enjeu stratégique, encore très mal abordé. Les chiffres sont sans équivoque. Pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050, il faudra que 80 à 90 % du parc de logements soient classés A ou B, contre… 6 % aujourd’hui. Et il faudra que le reste soit en C. Une ambition qui paraît pour l’heure hors d’atteinte. « Si elle est bien engagée chez les bailleurs sociaux (qui représentent 95 % des rénovations BBC), la dynamique est en revanche embryonnaire sur l’habitat privé. Seuls 8 000 maisons individuelles et 12 411 logements en copropriété (sur les 27 millions de résidences principales construites avant la RT 2012) ont obtenu le label BBC-Rénovation », relève l’Ademe. L’organisme remet par ailleurs les différents types de travaux en perspective : la priorité, c’est l’isolation associée à la ventilation et, dans un second temps, la décarbonation de la production de chaleur. Néanmoins, « certains bâtiments sont particulièrement complexes à isoler, écrit l’Ademe. Pour ces bâtiments, l’atteinte de la classe A ou B peut être simplifiée en ayant recours massivement aux énergies renouvelables les plus performantes (solaire, géothermie) ainsi qu’aux réseaux de chaleur décarbonée. » De même, elle souligne la nécessité de faire entrer l’adaptation au changement climatique dans la rénovation globale, notamment pour le confort d’été. DES MÉTHODES À APPROFONDIR Les solutions existent et le défi n’est finalement pas technique. Garantir la performance, accompagner les ménages, contrôler la qualité, former les professionnels, adapter les offres aux capacités de financement des ménages… : toutes ces questions constituent des freins bien plus grands. L’Ademe appelle à une montée en puissance des obligations, pourquoi pas jusqu’à l’imposition de travaux lors des mutations immobilières, dans le cadre d’une programmation pluriannuelle qui donne de la visibilité aux acteurs. Si le nombre d’emplois doit être doublé d’ici 2030, le financement (public et privé) doit l’être lui aussi, de 20 Md€ en 2021 à environ 40 Md€ en 2030. « Les volumes d’investissement nécessaires imposent de réfléchir à la répartition entre financements publics et privés. Il serait nécessaire de mieux calibrer ce qui, dans les volumes d’investissement à prévoir, relève des aides publiques (en incitations directes via des subventions directes ou indirectes via des prêts bonifiés), des fonds propres des ménages ou de leur contribution via l’endettement ou encore de fonds privés par des investisseurs tiers. » l

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DOSSIER 20 PMCB ÉTANCHÉITÉ.INFO #82 JUIN 2024 ÉCONOMIE CIRCULAIRE La filière réemploi en construction La loi Agec impose 5 % de réemploi des PMCB en 2028 alors qu’il atteint péniblement les 1 % aujourd’hui. Le chantier est donc énorme, d’autant plus que si les initiatives existent bel et bien, elles ne suffisent pas à couvrir les besoins. Pour structurer la filière, les professionnels du bâtiment se mobilisent. Mais le chemin à parcourir est encore long. ADELINE DIONISI Après plus 200 ans d’absence, le réemploi fait son grand retour dans la construction. On le doit notamment à la loi antigaspillage pour une économie circulaire (Agec), à la Responsabilité élargie du producteur (REP) qui en découle et à leurs objectifs de réduction des déchets. La RE2020 l’encourage également : le poids carbone d’un produit réemployé est considéré comme nul. Avec le recyclage, il constitue l’une des pistes suivies par le législateur pour réduire les 46 Mt de déchets produits chaque année par le bâtiment. Par réemploi, il entend, comme mentionné dans l’article L541-1-1 du code de l’environnement, « toute opération par laquelle des substances, matières ou produits qui ne sont pas des déchets sont utilisés de © CTICM nouveau pour un usage identique à celui pour lequel ils avaient été conçus ». Et il donne des objectifs, inscrits notamment dans le cahier des charges des éco organismes agréés de la filière REP. En 2028, 5 % (avec un premier palier à 2 % en 2024 et un second à 4 % en 2027) des « Produits et matériaux de construction du secteur du bâtiment (PMCB) usagés devront avoir fait l’objet d’une opération de réemploi ou une opération de fin de vie en vue de la réutilisation ». À ce jour, ils sont 1 %. Pour y parvenir, tout un secteur d’activité doit s’emparer du nouveau mot d’ordre : la massification. Du maître d’ouvrage à l’entreprise de pose, du bureau d’études à l’entreprise de démolition, du contrôleur technique à l’assureur… C’est bien 01

DOSSIER 21 ÉTANCHÉITÉ.INFO #82 JUIN 2024 PMCB l’ensemble de la filière qui doit s’y engager, modifiant les méthodes de travail et les relations entre corps d’état, les anciens comme les plus récents. ÉTAT DES LIEUX Car le réemploi a fait naître de nouveaux métiers : diagnostiqueurs, reconditionneurs, assistance à maîtrise d’ouvrage, plateformes de mise en relation de l’offre et de la demande… Ces opérateurs, ainsi que des acteurs de l’économie sociale et solidaire, défrichent le terrain depuis quelques années. Mais ces initiatives sont encore peu nombreuses et inégalement réparties sur le territoire. Pour tenter d’y voir plus clair, plusieurs organismes dont l’Ademe, l’Agence qualité construction (AQC), le CSTB (voir article p. 26), les éco organismes, les fédérations professionnelles… recensent et analysent ces retours d’expériences dans le cadre de différents programmes d’études et de recherche. Le projet européen Interreg FCRBE (« Facilitating the Circulation of reclaimed building elements in Northwestern Europe » soit « Faciliter la circulation d’éléments de réemploi en Europe du NordOuest »), par exemple, vise à donner plus de visibilité aux opérateurs actuels et à créer des outils de méthodologie communs à partir de ceux déjà mis en œuvre. Il a notamment publié une série de fiches « à destination des concepteurs, des prescripteurs et des équipes projets de construction rassemblant les informations disponibles à ce jour et susceptibles de faciliter le réemploi des matériaux et produits de construction ». Ces panoramas de l’existant permettent d’en identifier les priorités pour un développement à grande échelle, en l’occurrence le diagnostic, le volume, la logistique, la validation des matériaux et leur assurabilité et la mise en relation de l’offre et de la demande. À chaque étape, sa (ou plutôt ses) problématique mais un objectif commun : optimiser les process pour fluidifier les démarches, garantir la qualité des matériaux et réduire les coûts. « C’est tout un modèle économique qu’il faut inventer », souligne Sylvain Laurenceau, directeur Économie et Ressources au CSTB. LE DIAGNOSTIC Dans son article 51, la loi Agec introduit un nouveau diagnostic « Produits, équipements, matériaux et déchets » (PEMD), obligatoire lors de travaux de démolition ou de rénovation significative de bâtiments, en remplacement de l’ancien diagnostic déchet. Une avancée certes mais « encore trop imprécise au regard des besoins de réemploi, souligne Hugo Bonnet, directeur technique de Cycle up. Mieux vaut lui préférer le diagnostic « ressources » qui délivre une étude quantitative et qualitative des matériaux orientée vers le potentiel du projet en la matière ». Après une dépose évidemment bien préparée, sélective et soigneuse, que faire ensuite de tous ces matériaux récupérés ? Difficile de répondre strictement. « Il n’existe pas de chaîne logistique définie et les solutions sont trouvées au cas par cas, explique Hugo Bonnet. Les matériaux peuvent- © Cyrus Cornut © Steel Alive 01 Le démontage est l’une des étapes clés du réemploi. 02 La plateforme Steel Alive propose entre autres de recouper, repercer, repeindre ou galvaniser les poutrelles métalliques. 03 La réhabilitation de la Grande Halle de Colombelles (14) a laissé une large place au réemploi. 02 03

DOSSIER 22 ÉTANCHÉITÉ.INFO #82 JUIN 2024 PMCB © Briand ils être stockés sur place avant réutilisation in situ ou son départ vers un nouveau projet ? Ou alors ce dernier pourra-t-il les accueillir ? Faut-il alors prévoir une zone de stockage temporaire ailleurs ? Et s’ils n’ont pas encore trouvé acquéreurs ? » Aujourd’hui, chacun se débrouille à l’image des plateformes comme Cycle Up qui nouent des partenariats avec des reconditionneurs, des entreprises… Ce système D fonctionne car les proportions sont encore faibles mais la filière va devoir se structurer si elle veut prendre de l’ampleur. C’est notamment l’une des missions des éco organismes : « fin 2023, nous avons lancé un appel à manifestation d’intérêt pour soutenir les plateformes physiques de réemploi et les projets novateurs », explique Jérôme d’Assigny, directeur des affaires publiques, de la relation aux collectivités et à la maîtrise d’ouvrage chantiers de Valobat. Onze projets ont été retenus et vont bénéficier de son soutien financier et de son accompagnement. LA QUALIFICATION Reste encore à nettoyer, vérifier, requalifier et reconditionner le matériau. Là encore, les règles demandent à être précisées pour répondre à la question que finalement tout le monde se pose : le matériau de réemploi est-il aussi performant qu’un produit neuf ? Le travail est en cours notamment au sein du CSTB « pour structurer les process et proposer une méthodologie et des protocoles déclinables sur l’ensemble des familles de produit », explique Sylvain Laurenceau. L’organisme s’est également associé à des syndicats professionnels, dont la Chambre syndicale française de l’étanchéité (CSFE) pour établir des Recommandations professionnelles spécifiques. Même démarche au sein du Centre technique de la construction métallique (CTICM) pour certains types de produits métalliques. « Les matériaux de réemploi visés entreront ainsi dans le domaine traditionnel et pourront être assurés comme tels », souligne Manuel Decoodt, président de la commission environnement et développement durable de la CSFE. De quoi rassurer les entreprises dont la responsabilité peut être engagée en cas de sinistre mais pas le syndicat professionnel des acteurs du réemploi des matériaux de construction (SPREC), qui craint que l’excès de contraintes ne s’avère contreproductif. Le sujet fait débat (voir article p. 26). Celui de son coût revient également régulièrement. En raison de l’immaturité de la filière, « les produits de réemploi sont plus chers aujourd’hui que les entrées de gamme dans le neuf », remarque Anne-Claire Muller, adjointe au directeur stratégie et développement de l’entreprise Acorus qui met régulièrement en œuvre des matériaux de réemploi d’équipements et de plomberie sanitaire. Il deviendrait en revanche compétitif face à des gammes neuves plus qualitatives selon une étude de L’éco conception pour aller encore plus loin Le réemploi des matériaux s’anticipe. Avant la déconstruction bien sûr par la réalisation d’un diagnostic mais même bien avant : dès la conception du bâtiment neuf. Pour cela, cette dernière doit l’intégrer par la connaissance des produits mis en œuvre, de leur démontabilité sans endommagement et de leur capacité à être réemployés. Ces informations doivent être conservées précieusement pour qu’à la déconstruction, certes plusieurs dizaines d’années après, du temps et des volumes soient gagnés. 04 La déconstruction du hangar Alstom a pris en compte le réemploi des matériaux déposés. 04

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DOSSIER 24 ÉTANCHÉITÉ.INFO #82 JUIN 2024 PMCB l’Institut Français pour la performance du bâtiment (IFPEB) de 2023. En attendant que le marché atteigne sa taille critique et que les coûts, de fait, descendent, pour les acheteurs de matériaux de réemploi qui se lancent dans la démarche aujourd’hui, le prix n’est pas la première motivation. « Chez CDC Habitat, le réemploi s’inscrit dans une politique globale de réduction des déchets et de l’empreinte carbone de nos activités. Nous visons un seuil de 15 kg/m²/an sur les émissions de notre patrimoine à horizon 2030. Pour y arriver, nous avons conclu par exemple des partenariats avec des fournisseurs et des entreprises de pose, dont Acorus. Pour convaincre et sensibiliser nos directeurs d’agence franciliens aux pratiques du réemploi, le budget ne leur a pas été imputé. Nous les avons également invités à visiter des ateliers dédiés », précise Marie Chenesse, sa directrice technique. INSTABILITÉ DES VOLUMES Malgré ces bonnes volontés, encore faut-il que le matériau soit d’une part disponible et d’autre part dans des volumes suffisants. D’où l’importance, comme le rappelle Manuel Decoodt, « d’identifier le gisement en amont ». Le bouche à oreille bat ici son plein. Anne-Claire Muller explique par exemple que « notre activité de curage nous permet de venir récupérer les matériaux sur nos propres chantiers. Nous avons également signé des partenariats avec des bailleurs sociaux, des diagnostiqueurs… qui nous alertent sur les opportunités qui se présentent. » Même stratégie au sein du bureau d’études Remix, qui propose des services d’assistance à maîtrise d’ouvrage ou chez Cycle Up. La plateforme MétalRéemploi, lancée en janvier dernier par le CTICM en partenariat avec l’Enveloppe métallique du bâtiment (EMB) et l’Union des métalliers s’appuiera quant à elle sur le travail d’un réseau de partenaires-relais répartis dans toute la France. « Ce sont des entreprises de construction métallique, métalliers, bardeurs ou couvreurs, qui identifient et qualifient les gisements de réemploi. Elles peuvent également prendre en charge le reconditionnement et le stockage », précise Amor Ben Larbi directeur projets de recherche au CTICM. Et surtout la mise en disposition sur MétalRéemploi. LA MISE EN RELATION Celle-ci se fait aujourd’hui par différents canaux. Il y a les entreprises donc mais aussi les plateformes, les acteurs de l’économie sociale et solidaire… Un éparpillement qui demande, lui aussi, à se structurer pour fluidifier les démarches et les transactions. Les éco organismes y travaillent, tout comme les market places, souvent d’ailleurs en partenariat, comme c’est le cas par exemple pour Valobat et Cycle Up en région Auvergne Rhône Alpes. « Les stocks doivent être disponibles sur tout le territoire, au plus proche des besoins », ajoute Amor Ben Larbi. Même si comme l’explique Morgan Moinet, architecte, directeur et associé du bureau d’études Remix, « dans de nombreux cas, le bilan carbone d’un matériau réemployé transporté même sur quelques milliers de kilomètres lui reste favorable par rapport à un produit neuf ». Quant à sa pose, « si le produit a été correctement qualifié, les dispositions de mise en œuvre ne changent pas. Dans le domaine de l’étanchéité, par exemple, l’entreprise peut se référer au NF DTU 43.5 », explique Manuel Decoodt. DONNER CONFIANCE La filière de réemploi des matériaux en est au début de son processus de construction. Jeune et mal connue, elle doit encore convaincre pour monter en puissance et devenir, à part entière, une source fiable d’approvisionnement. « La première expérience est généralement déterminante pour les maîtres d’ouvrage, rappelle Hugo Bonnet. Il faut convaincre tout de suite. Un raté et l’opération ne sera pas renouvelée. » Pour l’éviter, la formation et la qualification des acteurs du réemploi sont évidemment clé. Plusieurs organismes en ont d’ores et déjà mis en place, en direction de l’ensemble des acteurs concernés. Valobat en financera également, au moins une partie, à l’issue d’un appel d’offres lancé en février. Car, comme le rappelle Jérôme d’Assigny : « pour concrétiser les appétences, les prescripteurs doivent avoir confiance dans les pratiques mises en place ». l © Acorus And the winner is… Parmi les produits les plus réemployés aujourd’hui, on retrouve notamment les chemins de câble, les planches, les sanitaires, les sols souples, les cloisons amovibles, la robinetterie, les dalles de fauxplafond et les parements de bardage. 05 La démarche de réemploi de l’entreprise Acorus passe également par la reprise et le tri. 05

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