Etanchéité.Info - Numéro 82 - Juin 2024

DOSSIER 24 ÉTANCHÉITÉ.INFO #82 JUIN 2024 PMCB l’Institut Français pour la performance du bâtiment (IFPEB) de 2023. En attendant que le marché atteigne sa taille critique et que les coûts, de fait, descendent, pour les acheteurs de matériaux de réemploi qui se lancent dans la démarche aujourd’hui, le prix n’est pas la première motivation. « Chez CDC Habitat, le réemploi s’inscrit dans une politique globale de réduction des déchets et de l’empreinte carbone de nos activités. Nous visons un seuil de 15 kg/m²/an sur les émissions de notre patrimoine à horizon 2030. Pour y arriver, nous avons conclu par exemple des partenariats avec des fournisseurs et des entreprises de pose, dont Acorus. Pour convaincre et sensibiliser nos directeurs d’agence franciliens aux pratiques du réemploi, le budget ne leur a pas été imputé. Nous les avons également invités à visiter des ateliers dédiés », précise Marie Chenesse, sa directrice technique. INSTABILITÉ DES VOLUMES Malgré ces bonnes volontés, encore faut-il que le matériau soit d’une part disponible et d’autre part dans des volumes suffisants. D’où l’importance, comme le rappelle Manuel Decoodt, « d’identifier le gisement en amont ». Le bouche à oreille bat ici son plein. Anne-Claire Muller explique par exemple que « notre activité de curage nous permet de venir récupérer les matériaux sur nos propres chantiers. Nous avons également signé des partenariats avec des bailleurs sociaux, des diagnostiqueurs… qui nous alertent sur les opportunités qui se présentent. » Même stratégie au sein du bureau d’études Remix, qui propose des services d’assistance à maîtrise d’ouvrage ou chez Cycle Up. La plateforme MétalRéemploi, lancée en janvier dernier par le CTICM en partenariat avec l’Enveloppe métallique du bâtiment (EMB) et l’Union des métalliers s’appuiera quant à elle sur le travail d’un réseau de partenaires-relais répartis dans toute la France. « Ce sont des entreprises de construction métallique, métalliers, bardeurs ou couvreurs, qui identifient et qualifient les gisements de réemploi. Elles peuvent également prendre en charge le reconditionnement et le stockage », précise Amor Ben Larbi directeur projets de recherche au CTICM. Et surtout la mise en disposition sur MétalRéemploi. LA MISE EN RELATION Celle-ci se fait aujourd’hui par différents canaux. Il y a les entreprises donc mais aussi les plateformes, les acteurs de l’économie sociale et solidaire… Un éparpillement qui demande, lui aussi, à se structurer pour fluidifier les démarches et les transactions. Les éco organismes y travaillent, tout comme les market places, souvent d’ailleurs en partenariat, comme c’est le cas par exemple pour Valobat et Cycle Up en région Auvergne Rhône Alpes. « Les stocks doivent être disponibles sur tout le territoire, au plus proche des besoins », ajoute Amor Ben Larbi. Même si comme l’explique Morgan Moinet, architecte, directeur et associé du bureau d’études Remix, « dans de nombreux cas, le bilan carbone d’un matériau réemployé transporté même sur quelques milliers de kilomètres lui reste favorable par rapport à un produit neuf ». Quant à sa pose, « si le produit a été correctement qualifié, les dispositions de mise en œuvre ne changent pas. Dans le domaine de l’étanchéité, par exemple, l’entreprise peut se référer au NF DTU 43.5 », explique Manuel Decoodt. DONNER CONFIANCE La filière de réemploi des matériaux en est au début de son processus de construction. Jeune et mal connue, elle doit encore convaincre pour monter en puissance et devenir, à part entière, une source fiable d’approvisionnement. « La première expérience est généralement déterminante pour les maîtres d’ouvrage, rappelle Hugo Bonnet. Il faut convaincre tout de suite. Un raté et l’opération ne sera pas renouvelée. » Pour l’éviter, la formation et la qualification des acteurs du réemploi sont évidemment clé. Plusieurs organismes en ont d’ores et déjà mis en place, en direction de l’ensemble des acteurs concernés. Valobat en financera également, au moins une partie, à l’issue d’un appel d’offres lancé en février. Car, comme le rappelle Jérôme d’Assigny : « pour concrétiser les appétences, les prescripteurs doivent avoir confiance dans les pratiques mises en place ». l © Acorus And the winner is… Parmi les produits les plus réemployés aujourd’hui, on retrouve notamment les chemins de câble, les planches, les sanitaires, les sols souples, les cloisons amovibles, la robinetterie, les dalles de fauxplafond et les parements de bardage. 05 La démarche de réemploi de l’entreprise Acorus passe également par la reprise et le tri. 05

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