Etanchéité.Info - Numéro 82 - Juin 2024

TÉMOIN 42 CAROLINA FOÏS ÉTANCHÉITÉ.INFO #82 JUIN 2024 Coautrice de l’ouvrage (Ré) investir les toits*, l’architecte et paysagiste Carolina Foïs revient pour Étanchéité.Info sur son regard sur la place de la toitureterrasse dans la ville notamment à travers ses usages. ÉTANCHÉITÉ.INFO Qu’est-ce qui vous a amené à travailler sur l’aménagement des toitures-terrasses ? CAROLINA FOÏS Lorsque j’ai monté mon agence en 2015, nous avons eu l’occasion par deux fois de participer à des projets intégrant, entre autres, l’exploitation des toitures-terrasses. Il y a tout d’abord eu les ateliers Hermès à Pantin puis la réhabilitation des Magasins généraux, toujours à Pantin, pour le compte de l’agence de publicité BETC où nous avions notamment en charge l’aménagement des jardins au R+2 et en toiture. Les contextes de ces deux expériences étaient très différents. Pour la première, un bâtiment neuf en construction, notre équipe a été intégrée dès la phase conception permettant ainsi d’anticiper les LE CONTEXTE Carolina Fois a suivi des études d’architecture au sein de l’école Polictecnico di Milano en Italie. Elle a ensuite intégré l’École nationale supérieure du paysage de Versailles. Elle a tout d’abord exercé en agence avant de créer sa propre structure en 2015, l’Atelier Foïs. « L’histoire de la toiture-terrasse doit commencer bien avant sa livraison » contraintes en adaptant par exemple la structure à la mise en place de grandes jardinières en toiture. La seconde, une réhabilitation lourde, a été plus compliquée car nous avons été invités à rejoindre les équipes d’études en fin de processus. Notre marge de manœuvre était donc limitée. Les charges maximales admissibles, par exemple, nous étaient imposées sans dérogation possible. Or, elles ne correspondaient au cahier des charges qui prévoyait l’accueil du public. E.I. Quelles solutions avez-vous trouvées ? C.F. Pour permettre d’augmenter la charge d’exploitation, il fallait réduire les charges fixes. Nous avons donc remplacé la terre végétale prévue au départ par un substrat allégé. E.I. Cette variante a-t-elle eu une incidence sur le résultat ? C.F. Nous n’avions pas forcément anticipé certaines conséquences de ce choix et notamment la dégradation bien plus rapide du substrat allégé que celle de la terre végétale. Sur le long terme, les contraintes d’entretien deviennent par conséquent plus importantes. Cette première fois a donc été riche d’apprentissage mais a posé également beaucoup de questions. C’est notamment pour y répondre que je me suis lancée, en collaboration avec l’historienne Christine Hoarau-Beauval, dans la rédaction d’un ouvrage intitulée (Ré) investir les toits paru en 2020. Ces recherches et analyses tant théoriques que pratiques m’ont permis de prendre du recul. E.I. Qu’en avez-vous tiré ? C.F. Mon regard sur les toitures-terrasses, leurs usages et leur place dans l’aménagement de la ville a changé. Il exclut désormais l’imaginaire du jardin au sol transposé sur le toit car ce dernier constitue par essence un milieu contraint pour le vivant. Mais surtout, ce travail m’a convaincue de la nécessité de changer d’échelle pour passer de celle du bâtiment à celle, plus large, de l’ilot, voire du quartier. Avec comme objectif : comment peut-on mettre en place, grâce aux différents niveaux de Entretien avec Carolina Foïs, architecte, paysagiste et urbaniste. PROPOS RECUEILLIS PAR ADELINE DIONISI

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