Etanchéité.Info - Numéro 83 - Septembre 2024

TECHNIQUE 32 DÉCRYPTAGE ÉTANCHÉITÉ.INFO #83 SEPTEMBRE 2024 chiffres passent de 27,7 kWh/m².an à 34,6 kWh/m².an. L’isolation de la toiture réduit l’impact d’un revêtement réflectif avec, à Paris, une consommation de 26,7 kWh/m².an lorsque le SRI de 5 et de 28,2 kWh/m².an lorsqu’il est 115 et, à Marseille, une consommation de 17,6 kWh/m².an avec un SRI de 5 et 19,2 kWh/m².an avec un SRI de 115. CONFORT D’ÉTÉ L’impact des procédés réflectifs sur les températures intérieures Le confort d’été est d’ores et déjà une problématique. S’il va devenir de plus en plus prégnant dans les années à venir (voir ci-après), le bureau d’études Pouget Consultants a mesuré les températures intérieures et les heures d’inconfort ressenties avec et sans revêtement réflectif selon les niveaux d’isolation. Nous reprenons ici aussi l’exemple du bâtiment commercial. « L’écart sur la température opérative maximale entre un procédé au SRI de 5 et un SRI de 115 est de - 1 °C en moyenne pour une toiture isolée et de - 2,5 °C pour une toiture non isolée. L’écart sur les heures d’inconfort (audessus de 28 °C) passe, quant à lui, de – 150 heures à – 330 heures à Paris et de – 100 heures à – 220 heures à Marseille », explique David Lebannier. ÉQUILIBRE La balance refroidissement / chauffage : le compromis De manière générale, pour tous les bâtiments étudiés, si les besoins en refroidissement baissent avec un procédé réflectif, ceux en chauffage augmentent. « Il est donc important de considérer l’impact global de ces besoins sur l’année car les bilans globaux pourraient s’avérer faibles pour des bâtiments ayant des besoins de chauffage importants et de faibles besoins de froid. On peut également en conclure que l’isolation de la toiture reste le levier principal dans le cas des bâtiments existants pour réduire ce bilan. Nous avons noté que les bénéfices des toitures réflectives sont plus marqués pour les bâtiments à usages industriels et commerciaux que pour les logements et les bureaux que nous avons testés. Par exemple, pour le bâtiment de bureaux étudié non isolé à Nantes, la pose d’un revêtement réflectif augmente les besoins énergétiques de 2,3 kWh/m².an (52 kWh/m².an pour un SRI de 5 et 54,3 kWh/m².an pour un SRI de 115). » Résultat, la détermination des impacts des toitures réflectives doit être réalisée au cas par cas par des bureaux d’études thermiques, d’autant plus que chaque ouvrage dispose de caractéristiques propres qui influent sur le résultat (voir encadré). Sans oublier que d’autres solutions efficaces et éprouvées existent aussi pour réduire les besoins en climatisation et améliorer le confort d’été : ventilation naturelle nocturne, protections solaires des parois vitrées, brasseurs d’air, lames d’air ventilées, toitures végétalisées… PROSPECTIVE Les projections pour 2050 Le climat se réchauffant, les besoins en climatisation vont, comme les températures, augmenter. Résultat, « le bilan global sur l’année deviendra plus favorable aux revêtements réflectifs » mais dans des proportions différentes selon les bâtiments étudiés. Avec une exception néanmoins : « il reste défavorable pour les logements collectifs testés lorsqu’ils sont situés à Nantes ou à Paris en raison notamment des besoins en chauffage bien supérieurs aux besoins en froid », précise David Lebannier. Pour les autres, dans le détail : - Pour le bâtiment commercial : en matière de besoins en refroidissement, lorsque la toiture est isolée, les gains sont accentués de 0,5 kWh/m².an, soit entre 10 et 20 % des gains observés pour un climat moyen actuel. Lorsqu’elle ne l’est pas, il varie entre 4 et 6 kWh/m².an (de 20 à 50 % des gains actuels). « Le bilan global (chauffage/refroidissement) devient favorable aux procédés réflectifs dans les trois villes étudiées. » - Pour le bâtiment industriel : les gains sur les besoins de refroidissement sont accentués de 0,5 à 1 kWh/m².an avec isolation et de 4 kWh/m².an sans isolation. Le bilan global, qui varie de - 1 kWh/m².an à - 4 kWh/m².an s’avère positif pour les revêtements réflectifs. - Pour le bâtiment de bureaux : les gains sur les besoins de refroidissement sont accentués entre 0,5 kWh/m².an et 2 kWh/m².an selon le niveau d’isolation. Lorsque ce dernier est faible, le bilan global s’avère plus favorable aux revêtements réflectifs à Marseille tandis qu’il est peu significatif à Paris et encore moins à Nantes. En outre, en termes de confort d’été, les écarts de température maximale restent équivalents au climat actuel et les gains sont sensiblement accentués sur les heures d’inconfort pour les bâtiments de bureaux et de logements étudiés. l *Chambre syndicale de l’étanchéité, Union professionnelle des métiers de la finition, Union des métiers du génie climatique, de la couverture et de la plomberie Les schémas, réalisés par Pouget Consultants, reprennent les résultats obtenus pour le bâtiment commercial étudié avec toiture-terrasse sur élément porteur en bacs acier avec : - dans le neuf : une isolation en laine de roche 200 mm R = 5,5 m2.K/W - dans l’existant : une isolation en laine de roche 60 mm R = 1,7 m2..K/W Une étude au cadre limité Les conclusions de l’étude ne s’appliquent qu’aux bâtiments analysés et ne sont pas généralisables à l’ensemble du parc immobilier. « Elles ne prennent pas non plus en compte la dégradation de la réflectivité due à l’encrassement ou au vieillissement du revêtement. Elles se concentrent également sur les besoins pour l’ambiance à la température de consigne, c’est-à-dire 19 °C en hiver et inférieure à 26 °C en été, précise David Lebannier. Il serait pertinent de mener des études de sensibilité sur la morphologie des bâtiments (surface vitrée, orientation, niveau d’isolation) et les scénarios d’usages des locaux (utilisation des protections solaires, ouverture des fenêtres), notamment en logement et en bureau. » Enfin, l’impact des revêtements réflectifs sur les îlots de chaleur urbains n’a pas été étudié.

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