Etanchéité.Info - Numéro 84 - Décembre 2024

DOSSIER 23 ÉTANCHÉITÉ.INFO #84 DÉCEMBRE 2024 PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE La rénovation énergétique des toituresterrasses : des contraintes techniques Augmenter l’épaisseur d’isolant des toitures-terrasses n’est pas sans conséquence sur l’ouvrage. Si, en copropriété, les bâtiments sont généralement en béton et que la question de l’apport de charges supplémentaires sur la structure ne se pose que rarement, il peut néanmoins être nécessaire de vérifier sa résistance. En outre, le complexe d’étanchéité étant, logiquement, rehaussé, la vérification puis l’éventuelle modification de la hauteur des acrotères, afin qu’elle respecte les normes en vigueur, constitue une autre étape à prendre en compte, « tout comme la mise en œuvre de garde-corps », explique Eric Thouvenot, responsable du service étanchéité de l’entreprise Socateb. « Les nouvelles dimensions du procédé peuvent également avoir une incidence sur les hauteurs des portes d’accès, des édicules d’ascenseur et induire leur changement. Ce qui inévitablement à un coût… », rappelle Julien Guilbert, dirigeant de l’entreprise Toitech. Tout comme un éventuel changement d’usage de la toiture. « La mise en œuvre de végétalisation est rare. En revanche, les copropriétaires nous demandent de plus en plus de mettre en œuvre un procédé d’étanchéité apte à recevoir des panneaux photovoltaïques dans l’objectif de s’équiper plus tard. » Il est fortement conseillé aux copropriétaires de s’entourer d’une équipe compétente de maîtrise d’œuvre pour la conception et le suivi de chaque étape du projet (architecte, bureaux d’études…) et il leur est imposé de faire appel à une assistance à maîtrise d’ouvrage (AMO, financé à 50 % par l’Anah) pour la mise en place notamment du plan de financement mobilisant un maximum d’aides. Certains acteurs ont même créé des groupements pour proposer une offre de prestations globales sur tous les aspects du projet. Les décisions de travaux sont prises par vote à la majorité absolue, à la fois pour la prestation d’AMO puis pour les chantiers définis par le bilan énergétique. Les entreprises peuvent ensuite être consultées. Leurs devis sont étudiés et sélectionnés, les dossiers de demande d’aides déposés et les travaux enfin lancés. Les copropriétaires ne se réunissant qu’une fois par an, la succession de ces étapes se compte en années. « Il arrive que l’on commence les travaux de rénovation sept ans après la première Assemblée générale ayant évoqué la problématique », précise Julien Guilbert, dirigeant de l’entreprise d’étanchéité Toitech. La patience est donc de mise. D’ailleurs, pour les entreprises, une intervention en copropriété ne s’appréhende pas comme un chantier classique. « La maîtrise d’ouvrage est constituée d’une somme d’individualités qui déboursent leur propre argent pour payer. Pour certains, ce sont des budgets importants qui rognent sur d’autres, poursuit Julien Guilbert. En outre, les travaux se déroulent presque systématiquement en site occupé. Ils peuvent gêner le quotidien des occupants et modifier leur rythme de vie. » Pour rassurer, les intervenants doivent faire preuve de pédagogie, expliquer les différentes étapes et leurs impacts. Et se faire le plus discret possible. « Nous sommes en contact étroit avec la maîtrise d’œuvre, le syndic et le conseil syndical pour définir notamment les zones de stockage et de circulation », explique Eric Thouvenot, responsable du service étanchéité de l’entreprise Socateb. Des réunions hebdomadaires permettent de faire le point sur l’avancée des opérations. Au final, comme le souligne le dirigeant de Toitech, « notre tâche est autant technique qu’humaine ». l Les aides mobilisables par les copropriétés Les aides de l’État : La principale aide à laquelle peuvent prétendre les copropriétés est MaPrimeRévov Copropriété. Elles doivent remplir certaines conditions : - être immatriculées au registre national ; - être composées d’au moins 75 % de résidences principales (65 % pour les copropriétés de 20 lots ou moins) ; - les travaux doivent être réalisés par une entreprise Reconnue garant de l’environnement (RGE). À noter qu’une dérogation sur les 35 % de gains d’énergie est possible pour les petites copropriétés (20 lots et moins). C’est pourquoi l’Anah a ouvert une expérimentation le 1er janvier 2024 pour leur permettre de bénéficier également de l’aide MaPrimeRénov’ Copropriété. Il est également important de prendre contact avec les collectivités de son territoire qui peuvent, elles aussi, prévoir des compléments d’aide. MaPrimeRénov Coporopriété est cumulable avec des aides MaPrimeRénov destinées aux particuliers. Les aides financières privées: - Au même titre que les particuliers, les syndicats de copropriétaires sont éligibles aux Certificats d’économie d’énergie (CEE). La prime CEE peut être bonifiée pour les bouquets de travaux (coup de pouce rénovation performante), sous réserve de la réalisation d’un audit et que l’économie d’énergie atteigne 35 %. Les travaux doivent être réalisés par une entreprise Reconnue garant de l’environnement (RGE). - L’éco-prêt à taux 0 Copropriétés souscrit par le syndicat des copropriétaires. Il peut atteindre 50 000 euros. Ce prêt n’est accordé qu’aux propriétaires utilisant le logement comme résidence principale. Enfin, la copropriété doit être âgée de plus de 2 ans. D’autres organismes comme les Caisses d’allocations familiales, Action logement ou l’Assurance retraite proposent également des dispositifs. Les copropriétaires ne se réunissant qu’une fois par an, la succession des différentes étapes menant au lancement de travaux de rénovation globale se compte en années.

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