Etanchéité.Info - Numéro 85 - Mars 2025

TÉMOIN 44 CHARLES ANDRÉ ÉTANCHÉITÉ.INFO #85 MARS 2025 « Toutes les toitures-terrasses des nouveaux bâtiments doivent avoir un usage » Entretien avec Charles André, responsable développement urbain et architecture à la direction de la stratégie, du développement et de l’innovation d’Euroméditerranée. PROPOS RECUEILLIS PAR ADELINE DIONISI À Marseille, le projet Euroméditerrannée, qui prévoit la transformation d’anciens sites industriels en nouveau quartier, a commencé il y a trente ans. L’exploitation des toituresterrasses fait partie intégrante du projet. Charles André revient, pour Étanchéité.Info sur les objectifs de ce choix. ÉTANCHÉITÉ.INFO Pouvez-vous nous présenter Euroméditerranée ? CHARLES ANDRÉ Depuis 1995, l’établissement public Euroméditerranée travaille à la transformation de Marseille et de la Métropole Aix-Marseille-Provence grâce à l’action conjointe de ses partenaires (l’État, la Ville, la Métropole, la Région et le département des Bouches-du-Rhône). Ces actions concernent notamment un périmètre arrière-portuaire de 480 hectares entre le centre-ville et le nord de Marseille, comprenant d’anciens sites industriels. L’objectif est d’y développer une ville méditerranéenne, durable et agréable pour la population qui y habite et qui y travaille. Or, pour qu’il soit apprécié, un quartier doit rassembler tous les attributs qui permettent d’y vivre, d’y être bien, tant en termes de services, que de calme, de confort, d’espaces, de nature, de convivialité. E.I. Comment cela se traduit-il concrètement ? C.A. Nous travaillons sur de la construction neuve et de la réhabilitation / transformation de l’existant, dans un souci de densification afin d’optimiser notre emprise sur le territoire. Cette contrainte est imposée par la loi « Zéro artificialisation net » (ZAN) de juillet 2023 mais elle répond également à la typologie des villes méditerranéennes, denses par nature. Comment alors créer des espaces nécessaires au bien-être des habitants et usagers dans un environnement restreint ? C’est là que l’usage des toitures-terrasses prend tout son sens. D’autant plus qu’à Marseille, nous disposons de l’exemple le plus emblématique en la matière avec la Cité radieuse de Le Corbusier, dont les toits sont largement exploités. E.I. De quelle manière ce parti pris s’applique-t-il dans le cadre d’Euroméditerrannée ? C.A. Nous avons établi un référentiel applicable aux projets immobiliers neufs. Il bénéficie des 30 ans d’expérience de l’Établissement public mais également de plusieurs études urbanistiques. Un des chapitres est spécifiquement dédié à l’exploitation des toitures plates. Ainsi, les futurs bâtiments de logements doivent disposer d’au moins 80 % de toitures-terrasses conçues comme accessibles et ce, dès la première vie du bâtiment. Cela signifie que les ouvrages doivent intégrer l’ensemble des dispositifs nécessaires à cet usage : résistance aux charges, garde-corps adaptés, protection de l’étanchéité et circulation verticale pour y accéder. Sa fonctionnalisation pourra ainsi évoluer dans le temps selon les besoins. E.I. Les porteurs de projets respectent-ils ce principe ? C.A. Oui, déjà car le référentiel, applicable pour l’ensemble des opérations, leur demande de réfléchir au sujet dès les premières phases de conception. Le travail sur les toitures fait donc partie intégrante de leurs études. Si la question n’était pas forcément évidente il y a quelques années, les points de vue ont évolué aujourd’hui pour se transformer en élément de motivation. En effet, la création d’espaces supplémentaires grâce aux toitures, qui offrent un extérieur individuel ou collectif, une vue, la possibilité de faire différentes sortes d’activités…, génère une plus-value potentiellement très intéressante. Elle permet en plus de faire des économies de moyens : une toiture-terrasse accessible représente un coût, mais qui reste moindre par rapport au bâti. Elle est également plus sobre en LE CONTEXTE L’Établissement public d’aménagement Euroméditerrannée a permis de constituer le premier pôle d’affaires du territoire métropolitain et le deuxième quartier d’affaires en région. Il a commencé la production de 10 000 logements neufs, l’accueil de plus de 40 000 habitants et la réhabilitation de 5 280 logements anciens sur le périmètre. Responsable développent urbain et architecture de l’organisme, Charles André est notamment en charge des questions relatives à la qualité architecturale, urbaine et paysagère.

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