Etanchéité.Info - Numéro 86 - Juin 2025

DOSSIER 19 ÉTANCHÉITÉ.INFO #86 JUIN 2025 SANTÉ PUBLIQUE En France métropolitaine, il a été aperçu pour la première fois en 2004 dans le sud-est des Alpes-Maritimes. Il serait arrivé d’Italie. Il lui aura fallu vingt ans pour coloniser 78 de nos 96 départements. De qui s’agit-il ? Du moustique tigre, Aedes albopictus de son nom scientifique. Vecteur de maladies comme la dengue, le zika et le chikungunya, sa prolifération est rapidement devenue un enjeu de santé publique, d’autant plus accéléré par l’épidémie de chikungunya survenue en 2005 et 2006 sur l’île de la Réunion (près de 40 % de la population a été touchée) et, plus récemment, par l’observation des premiers cas de dengue sur le territoire métropolitain. QUI EST-IL ? Le moustique tigre se distingue du moustique commun. De taille inférieure à 5 mm, rayé noir et blanc, il est silencieux et pique en journée. Originaire des forêts tropicales d’Asie du sudest, il s’est rapidement adapté non seulement à différents climats, dont les nôtres, mais aussi, et surtout, au milieu urbain, « en colonisant une multitude de récipients dans lesquels il pond ses œufs. Grâce au commerce international et notamment à celui des pneus usagés, il a progressivement été introduit sur les cinq continents ces trente dernières années. Cette capacité à être transporté et à coloniser des zones tempérées est due à une plasticité physiologique également importante. D’une part, les œufs ont comme particularité de résister à la dessiccation (assèchement), ce qui favorise leur transport et augmente leur durée de vie. D’autre part sa capacité de diapause (« hibernation ») lui permet de survivre durant l’hiver sous forme d’œufs en dormance dans les régions tempérées », explique l’Agence de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). PRIORISER L’ÉLIMINATION DES GÎTES En outre, pour se développer, il n’a pas besoin de beaucoup… Un support de ponte et un ou deux centimètres cubes d’eau suffisent aux œufs pour éclore et se transformer en larve puis en nymphe avant de s’envoler, au bout de deux semaines environ. « La femelle peut pondre tous les douze jours. Elle va en moyenne pondre cinq fois au cours de sa vie (150 œufs par ponte) soit environ 750 œufs au total », ajoute l’Anses. Le calcul est vite fait : la multiplication des moustiques peut devenir exponentielle si on lui laisse des gîtes à disposition. C’est en effet sur ces derniers qu’il convient d’agir en priorité pour éviter d’avoir recours à des insecticides potentiellement toxiques. Pour cela, l’élimination de toute source d’eau stagnante est indispensable. Il faut vider les soucoupes, les eaux retenues par des bâches, couvrir les bidons de récupération d’eau de pluie… Les ouvrages de bâtiment deviennent également des points d’attention en raison de la présence de stagnations d’eau visibles ou cachées. Et le rôle des acteurs de la construction en la matière est engagé depuis plus de 60 ans. Ainsi, la loi du 16 décembre 1964 modifiée relative à la lutte contre les moustiques rappelle clairement que « les maîtres d’ouvrage, les maîtres d’œuvre, les entrepreneurs publics et privés, doivent, pour la conception des ouvrages, la conduite et la finition des chantiers, prendre toutes les mesures pour éviter la création de gîtes larvaires de moustiques et pour les supprimer le cas échéant ». MESURES LOCALES Mais l’arrivée de ce nuisible a poussé progressivement à la prise de décision au niveau local pour renforcer les exigences. Ainsi, la préfecture des Bouches-du-Rhône, a publié en décembre 2015 un arrêté concernant l’activité de démoustication de 23 communes du département. Son article 8 explique que les particuliers sont tenus d’agir pour supprimer tout gîte potentiel mais sont également explicitement cités les « entrepreneurs qui exécutent leurs travaux sur la voie publique ou dans les propriétés qui l’avoisinent. Ils doivent assurer aux ruisseaux et aux caniveaux leur libre écoulement ». Les toitures-terrasses à pente nulle sur éléments porteurs en béton sontelles concernées ? Elles sont autorisées par le Aucune présence de moustiques tigres n’a été observée sur les toitures végétalisées visitées lors des études réalisées à l’initiative de la CSFE.

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