Etanchéité.Info - Numéro 87 - Septembre 2025

LE MAGAZINE DES PROFESSIONNELS DE L’ÉTANCHÉITÉ, DE L’ISOLATION ET DU BARDAGE NUMÉRO 87 SEPTEMBRE 2025 P. 30 RÉALISATION Laon Étanchéité synthétique en demi-sphère P. 14 DOSSIER Climat L’étanchéité se projette en 2050 P. 24 INFOGRAPHIE EEP L’évacuation des eaux pluviales par effet siphoïde

SOPREMA.FR + Végétalisation des zones accessibles et inaccessibles + Valorisation de la 5e façade du bâtiment + Compatible avec une grande diversité de projets La toiture-terrasse végétalisée multifonction Sopranature est une solution d’aménagement qui valorise la conception paysagère, la fonctionnalisation des toitures et terrasses. Crédit photo Jonathan Bruneteau - Hôtel Chais Monnet à Cognac TOITURES-TERRASSES VÉGÉTALISÉES MULTIFONCTION

ÉDITO 3 ÉTANCHÉITÉ.INFO #87 SEPTEMBRE 2025 10-31-1495 ÉTANCHÉITÉ.INFO est une publication trimestrielle de l’Association pour la promotion des métiers de l’étanchéité APME-PROMÉTHÉE, éditée sous l’égide de la CSFE. WWW.ETANCHEITEINFO.FR CSFE 6-14, rue La Pérouse, 75784 Paris cedex 16 Tél. : 01 56 62 13 20 Fax : 01 56 62 13 21 Directrice de la publication Edwige Parisel Comité de rédaction Agapé Ambs, Manuel Decoodt, Corinne Foubert, Serge Grégoire, Gilles Guyoton, Nisrine Habhab, Cédric Hotton, Loreleï Housset, Sinicha Knezevic, Marie-Alice Lacoste, Mathieu Lechantre, François Michel, Line Nguyen, Edwige Parisel, Carole Peyre, Aurélien Sollet ABONNEMENT GRATUIT sur simple demande : 01 56 62 13 20 PYC MÉDIA Étanchéité.info est éditée par 16-18, place de la Chapelle 75018 Paris Tél. : 01 53 26 48 00 - www.pyc.fr Actionnaire principal : Edith Sarl Rédaction Bastien Cany (47 85) b-cany@pyc.fr Adeline Dionisi (48 05) a-dionisi@pyc.fr Rédacteur graphiste François Bordrez Publicité Morgane Gargadennec (48 03) m-gargadennec@pyc.fr Lucie Bechet (88 86) l-bechet@pyc.fr Aurélie Degasse (47 89) a-degasse@pyc.fr (chargée de relations annonceurs) Design graphique © Atelier Chévara etc. Couverture © Beci BTP Infographie Laubywane N°ISSN : 1958-3575 Dépôt légal à parution Impression, façonnage ILD ZAC Artois Pôle 2 - Allée de Belgique 62128 Wancourt Papier : UPM Star Silk 90gr Origine du papier : Kaukas en Finlande Taux de fibres recyclées : 0 % Taux d’eutrophisation : 0,004 Kg / tonne Certification PEFC 100% « Face aux défis climatiques et écologiques, notre profession de l’étanchéité démontre sa capacité de résilience. » © Harald Gottschalk Autant dire demain. Canicules amplifiées, grêles extrêmes : ces paramètres transforment nos cahiers des charges en opportunités d’innovations. Les industriels repensent leurs solutions, les entreprises réinventent leurs process. Face à ces défis climatiques et écologiques, notre profession de l’étanchéité démontre sa capacité de résilience et ouvre de nouvelles perspectives pour les toits. Le dossier de ce numéro d’Étanchéité.Info explore ces mutations, notamment à travers les travaux de la CSFE : des solutions techniques émergent, des marchés s’ouvrent. La résilience s’exprime aussi dans l’économie circulaire. Notre profession s’investit pleinement dans la gestion de ses déchets : les industriels innovent en matière de recyclage, tandis que les entreprises intègrent le tri sélectif dans leurs pratiques. La FAQ de ce numéro en présente des modalités concrètes pour la reprise des déchets stockés en entrepôt. Mais le chemin reste semé d’embûches : le déploiement de la réglementation relative à la responsabilité élargie du producteur des produits et matériaux de construction du bâtiment (REP PMCB) est chaotique : arrêt brutal de la reprise des déchets de rénovation sur chantier, éco contributions trop élevées… Dans les prochains mois, sa refonte pragmatique devra établir un modèle plus juste et soutenable pour nos entreprises et leurs clients. La résilience, enfin, c’est aussi la capacité d’inventer de nouveaux usages pour répondre aux besoins sociétaux. Notre témoin, directeur innovation du bailleur social RIVP, illustre comment la transformation des toits permet la production d’énergie, le retour de la nature en ville et crée de nouveaux lieux de vie. Cette dynamique a trouvé un écho exceptionnel les 27 et 28 septembre derniers, lors du festival Paris Rooftop Days 2025, piloté par la CSFE (plus d’infos sur parisrooftopdays.com et etancheiteinfo.fr). « La résilience, c’est l’art de naviguer dans les torrents », rappelle Boris Cyrulnik, neuropsychiatre et pionnier du concept de résilience. Le climat d’Istanbul à Paris ? C’est pour 2050 EDWIGE PARISEL, DÉLÉGUÉE GÉNÉRALE DE LA CSFE

■ Sans flamme : Système de soudage à air chaud, éliminant le risque d’incendie lors de l’application. ■ Idéal pour les interventions en sites occupés ■ Innovation brevetée bitume léger PARAFOR SOLO G SF, L’étanchéité monocouche, légère, sans flamme, sûre et prête à poser Nouveauté

SOMMAIRE 5 ÉTANCHÉITÉ.INFO #87 SEPTEMBRE 2025 32 14 P. 34 PARLEZ-MOI DE TOIT Gilles Guyoton, dirigeant de l’entreprise Beci BTP à Montsoult (95) P. 36 TÉMOIN David Magalhaes Sous-directeur de la direction du patrimoine de la RIVP P. 38 AGENDA À lire, à savoir, à voir, à revoir P. 07 TABLEAU DE BORD P. 08 ACTUALITÉS En bref QB 55 : 16 certificats délivrés P.12 Rapport sur la RE2020 : pas de remise en cause mais des propositions de mesures P. 14 DOSSIER Climat L’étanchéité se projette en 2050 En tant qu’interface entre le bâtiment et son environnement, il est fort à parier que la toitureterrasse aura, à terme, à faire face à des événements climatiques de plus en plus extrêmes. Les professionnels de l’étanchéité se mobilisent aujourd’hui pour garantir la pérennité de leurs ouvrages demain. Sommaire #87 | Sept 2025 P. 22 TECHNIQUE FAQ Le reprise des déchets en entrepôt en stand-by P. 24 Fiche pratique L’évacuation des eaux pluviales par effet siphoïde P. 26 Décryptage Les caractéristiques de résistance à un feu extérieur des toitures avec étanchéité P. 28 RÉALISATIONS Forcalquier L’eau protégée par les plantes P. 30 Laon Étanchéité synthétique en demi-sphère P. 32 Marsei l le Groupe scolaire aux couleurs de la Provence

www.rockwool.fr Conserver & améliorer durablement vos toitures-terrasse acier Rockfit PV Nouveau Préserver la performance au feu de votre toiture avec un isolant incombustible permettant de conserver l’existant et d’installer un système photovoltaïque. Protégez vos bâtiments des incendies Réduisez vos émissions carbone Produisez de l’énergie via le photovoltaïque N’interrompez-pas votre activité durant la rénovation Simplifiez-vous l’installation Utilisez un isolant recyclable à l’infini La solution

ACTUALITÉS 7 TABLEAU DE BORD ÉTANCHÉITÉ.INFO #87 MOIS 2025 INDICATEURS Une hausse à deux chiffres pour la construction de logements Ce trimestre, le redressement dans le logement se poursuit. Dans le non résidentiel en revanche, la reprise est plus difficile. LES CHIFFRES DU MOIS 7 745 C’est le nombre d’entrepreneurs du bâtiment ayant perdu leur emploi au cours du dernier semestre 2025, soit une hausse de 1 % par rapport à la même période l’année dernière. (source : observatoire de l’emploi des entrepreneurs) 12,9 C’est, en milliards d’euros, le volume de crédits immobiliers distribués en juin dernier, soit une hausse de 12 % par rapport au mois de mai. (source : Banque de France) 440 600 C’est, en euros, le montant de l’amende que devra payer une entreprise de Seine-et-Marne spécialisée dans la rénovation énergétique pour démarchage téléphonique illégal. (source : DGCCRF) 31 500 C’est le nombre de logements locatifs sociaux qui seront financés par le plan de relance de la production de logements en Île-de-France en 2025-2026. (source : Drihl) LOGEMENTS COLLECTIFS ÷ 25,6 % Hausse du nombre de permis de construire de logements collectifs de mai à juillet 2025 par rapport à la même période il y a un an. ÷ 13,1 % Hausse du nombre de mises en chantier de logements collectifs de mai à juillet 2025 par rapport à la même période il y a un an. Les chiffres LOGEMENTS ÷ 22,7 % Hausse du nombre de permis de construire de logements neufs de mai à juillet 2025 par rapport à la même période il y a un an. ÷ 13,1 % Hausse du nombre de mises en chantier de logements neufs de mai à juillet 2025 par rapport à la même période il y a un an. LOCAUX NON RÉSIDENTIELS ÷ 0,8 % Hausse des surfaces autorisées à la construction de locaux non résidentiels de mai à juillet 2025 par rapport à la même période il y a un an. ◊ 0,7 % Baisse des surfaces mises en chantier de locaux non résidentiels neufs de mai à juillet 2025 par rapport à la même période il y a un an. BUREAUX ◊ 18,9 % Baisse des surfaces autorisées à la construction de bureaux neufs de mai à juillet 2025 par rapport à la même période il y a un an. ÷ 3,5 % Hausse des surfaces mises en chantier de bureaux neufs de mai à juillet 2025 par rapport à la même période

ACTUALITÉS 8 EN BREF ÉTANCHÉITÉ.INFO #87 SEPTEMBRE 2025 JUSSY La toiture de l’usine reconstruite avec isolant penté Le site de Jussy (Aisne) de la multinationale agroalimentaire américaine Mondeles, qui produit notamment les biscuits Napolitains de Lu, a été gravement endommagé par un incendie en 2020. Les deux-tiers de l’usine ont été touchés mais la structure métallique a, elle, été épargnée. Afin d’éviter d’avoir à la changer ou même à la renforcer pour mettre en œuvre le nouveau complexe d’étanchéité, un isolant en verre cellulaire intégrant une pente de 3 % (Foamglas Tapered) a été posé. Le chantier de 12 mois a été réalisé en site occupé. En effet, les lignes de production avaient été remises en service dès que possible grâce à l’installation d’un échafaudage immense, équivalent à deux terrains de football. l SAINT-DENIS L’ex Village des athlètes en autoconsommation collective Les 600 panneaux photovoltaïques installés en toiture de cinq bâtiments transformés en logements du Village des athlètes des JO 2024 couvriront une partie des besoins des habitants, mais aussi 50 % de la consommation d’une épicerie bio voisine. Cette opération, mise en place entre autres par Idex, spécialiste de la performance énergétique bas carbone, est encore rare en Île-de-France. À la fin mai 2025, 1 033 démarches d’autoconsommation collective étaient recensées en France, regroupant près de 11 700 participants selon Enedis. Le mouvement s’accélère notamment depuis la crise énergétique de 2022. l PRODUIT Primaire sans toluène pour membrane EPDM Elevate lance QuickPrime Primer TF destiné à la jonction entre deux lés d’étanchéité. Le fabricant revendique une amélioration de confort de pose ainsi qu’une conservation d’une durée de 18 mois. L’absence de toluène faciliterait également la mise en œuvre en atelier pour les bâtiments modulaires ou les travaux hors site requérant des conditions sanitaires spécifiques. Quant aux performances techniques, elles sont identiques à la formulation classique. l MEMBRANES QB 55 : 16 certificats délivrés Mise en place en accompagnement des Règles professionnelles (RP) « Étanchéité sous protection lourde » entrée en vigueur le 1er janvier dernier, la certification QB 55 est issue du travail en partenariat de la CSFE et du CSTB. Pour rappel, elle garantit la constance de la qualité technique d’une feuille composant un revêtement d’étanchéité. Le logo doit figurer sur les emballages des rouleaux. Le mardi 24 juin, en présence d’Étienne Crépon, président du CSTB et de Gérald Faure, président de la CSFE, les industriels ayant joué le jeu de cette démarche volontaire se sont vu remettre officiellement leur droit d’usage de la marque QB pour leurs produits entrant dans le cadre du domaine d’emploi des RP. À ce jour, ils sont neuf pour seize certificats délivrés : Bauder, BMI Siplast, Danosa, Iko-Axter, Imper Italia, Renolit, Sika, Soprema et Texsa pour leurs revêtements à base de bitume modifié bicouche et monocouche SBS et APP posés en indépendance ou par soudage et leurs revêtements synthétiques PVC-P posés en indépendance (hors jardin et climat de montagne). RP et QB 55 ont été publiées suite à l’entrée dans la traditionalité de ces procédés d’étanchéité sous protection lourde. Les Documents techniques d’application des procédés correspondants, ou le cas échéant, les chapitres traitant de la mise en œuvre sous protection lourde, sont annulés. l

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ACTUALITÉS 11 EN BREF ÉTANCHÉITÉ.INFO #87 SEPTEMBRE 2025 TECHNIQUE Parution d’un guide sur les toitures biosolaires Plusieurs études ont prouvé que les toitures biosolaires, combinant végétalisation et installations photovoltaïques sur une même surface, l’un au-dessus de l’autre, font bénéficier de synergies positives aux plantes et à la production d’énergie. Citons notamment l’augmentation de la production d’énergie électrique grâce à l’évapotranspiration du complexe de végétalisation qui permet de rafraîchir les modules photovoltaïques en sous-face ou encore la diversification du couvert végétal et de la biodiversité, grâce aux zones d’ombrage induites par les panneaux solaires. Néanmoins, le concept est encore peu connu et peut laisser certains perplexes. C’est pourquoi l’association pour la végétalisation de l’îlot bâti et des infrastructures (Adivet) publie, avec la participation du Groupement des métiers du photovoltaïque (GMPV-FFB) un guide dédié décrivant : - les différentes solutions existantes ; - les bénéfices de la végétalisation, du photovoltaïque et de la combinaison des deux ; - les points d’attention à prendre en compte pour concevoir et réaliser ces ouvrages (élément porteur, étanchéité, implantation, entretien…) ; - le cas spécifique des rénovations ; - le cadre technique ; - les responsabilités et assurances ; - un glossaire et ressources bibliographiques. l MARCHÉ Smac prend le contrôle de Faste Le groupe Smac a annoncé sa prise de participation majoritaire dans l’entreprise Faste, poursuivant ainsi son développement par la croissance externe. Faste, elle aussi spécialisée dans les travaux d’enveloppe du bâtiment (couverture, étanchéité, bardage, isolation…), continuera d’opérer sous sa propre marque, avec la même équipe de direction et conservera son autonomie opérationnelle. l INDUSTRIE Unilin inaugure son usine de recyclage de plaques isolantes en polyuréthane Le fabricant d’isolant Unilin se lance dans le recyclage. Le site, installé à Desselgem en Belgique, traite aussi bien les déchets de production que ceux provenant de chantiers. Ils sont ensuite réintégrés dans la fabrication de nouvelles plaques. « Unilin Insulation est le premier industriel du secteur de l’isolation à transformer chimiquement en interne des plaques isolantes PIR existantes en plaques neuves », souligne Jeroen de Temmerman, président de l’entité. Le process compte trois étapes : - le broyage : les plaques isolantes en PIR en fin de vie sont cassées avant d’être broyées en petits morceaux ; - le filtrage qui sépare les particules de PIR du revêtement en papier ou en aluminium des plaques à l’aide d’un séparateur pneumatique ; - le recyclage chimique : le PIR purifié est traité dans un réacteur qui sépare les composants, notamment le polyol, par glycolyse. Une fois extrait, le polyol recyclé peut ensuite être à nouveau intégré au processus de production standard et entrer dans la fabrication de nouvelles plaques isolantes en PIR. Jusqu’à 50 % de la consommation de polyol de l’industriel provient désormais de polyol recyclé en interne. « En nous appuyant sur l’expérience de Desselgem, nous envisagerons de construire une autre usine de recyclage au RoyaumeUni dans le courant de l’année 2026. Des études sont en cours. Nous continuerons en outre d’investir dans la recherche d’autres techniques de recyclage afin de recycler non seulement les polyols, mais également les MDI », explique Jeroen De Temmerman. l

ACTUALITÉS 12 EN BREF ÉTANCHÉITÉ.INFO #87 SEPTEMBRE 2025 LILLE Rénovation des toitures du LaM En raison d’infiltrations causées par des défaillances du système d’étanchéité existant, les 9 000 m² de toiture-terrasse du Lille Métropole Musée d’art moderne (LaM), d’art contemporain et d’art brut ont bénéficié de la mise en œuvre d’un nouveau complexe. Sur les 5 500 m² de toiture sur élément porteur en béton, des défauts de pente ont été constatés, générant des zones de rétention d’eau et donc une mauvaise évacuation des eaux pluviales. Pour y remédier le nouveau procédé d’étanchéité, mis en œuvre par l’entreprise Etandex, intègre une isolation en verre cellulaire avec pente intégrée (Foamglas ready tapered T3+ de Owens Corning). Les formes de dénivelés ont été calepinées en fonction de la configuration de la toiture et de l’implantation des évacuations d’eaux pluviales. Les plaques ont été collées à l’EAC au support et entre elles, champ contre champ. Un bicouche bitumineux y a ensuite été rapporté. La même technique de fixation a été utilisée pour les 3 500 m² d’isolant en verre cellulaire (Foamglas ready T3+) posés sur la toiture en acier. La pente de l’élément porteur ne demandait pas la mise en place d’un isolant spécifique. l Maître d’ouvrage: Métropole européenne de Lille Architecte: Architecture fil du temps RÉGLEMENTATION Rapport sur la RE2020 : pas de remise en cause mais des propositions de mesures En juillet dernier, Robin Rivaton, président de Stonal, a rendu son rapport d’évaluation de la RE2020 à la ministre du logement alors en poste Valérie Létard. Cette dernière lui avait confié la mission d’« analyser la soutenabilité de la trajectoire réglementaire fixée pour 2025, 2028 et 2031 en évaluant ses impacts sur le coût de construction, la production de logement et la qualité du bâti ». Quatre mois de travail, soixante-deux auditions et l’analyse de plusieurs opérations de construction, des données de l’observatoire de la performance énergétique et environnementale et de la base Inies ont abouti à « la confirmation que la RE2020 a entraîné une dynamique industrielle vertueuse », avec néanmoins « quelques fragilités » : un surcoût d’investissement estimé à + 11 %, une atteinte possible à la qualité d’usage (espaces extérieurs, hauteurs sous plafond…), une adaptation climatique incomplète et des effets différenciés selon les territoires. Pas de quoi revenir sur le calendrier des différents paliers prévu originellement cependant mais plutôt proposer la mise en place de plusieurs mesures. Le rapport en liste 23 telles que : - rehausser légèrement les seuils carbone des différents jalons tout en maintenant la trajectoire afin de tenir compte du changement méthodologique intervenu depuis l’entrée en vigueur de la réglementation ; - introduire une modulation des seuils pour préserver la qualité d’usage des logements (espaces extérieurs, hauteurs sous plafond) ; - mieux prendre en compte la problématique du confort d’été, dans un contexte d’accélération du changement climatique tout en encourageant le recours à des solutions sobres et efficaces permettant d’assurer le confort thermique des logements ; - exonérer les extensions et surélévations (lorsqu’elles n’ajoutent pas plus de 30 % de surface) ainsi que les immeubles de grande hauteur (IGH) des jalons 2028 et 2031 ; - stabiliser le cadre réglementaire jusqu’en 2035, sans nouvelles exigences supplémentaires. Elles devraient bientôt être débattues à la rentrée et un premier décret de mise en œuvre pourrait être publié d’ici la fin de l’année. l

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DOSSIER 14 ENVIRONNEMENT ÉTANCHÉITÉ.INFO #87 SEPTEMBRE 2025 CLIMAT L’étanchéité se projette en 2050 En tant qu’interface entre le bâtiment et son environnement, il est fort à parier que la toiture-terrasse aura, à terme, à faire face à des événements climatiques de plus en plus extrêmes. Les professionnels de l’étanchéité se mobilisent aujourd’hui pour garantir la pérennité de leurs ouvrages demain. ADELINE DIONISI Faut-il encore revenir dessus ? Si quelques climatosceptiques aux arguments douteux persistent encore à remettre en cause l’évidence, la course semble désormais tracée : en France, « à l’horizon 2050, la trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique (TRACC) considère un réchauffement dû aux activités humaines de + 2,7 °C par rapport à la période préindustrielle. Ce chiffre se fonde sur les tendances actuelles d’émissions de gaz à effet de serre et leurs traductions en termes de réchauffement dans les dernières simulations analysées par le GIEC », indiquait Météo France au printemps dernier sur son site internet. Avec comme conséquences, « des vagues de chaleur cinq fois plus fréquentes mais aussi plus longues, un nombre de nuits chaudes et pénibles pour la santé humaine en augmentation, particulièrement dans les centres urbains (le fameux îlot de chaleur urbain NDLR) et dans le Sud et un seuil de 37 °C, extrêmement rare au 20e siècle, qui sera atteint en moyenne tous les ans et pourra s’accompagner de records de Photo générée par l’IA

DOSSIER 15 ÉTANCHÉITÉ.INFO #87 SEPTEMBRE 2025 ENVIRONNEMENT chaleur jusqu’à 48 °C, voire 50 °C. Si les valeurs moyennes du futur peuvent ressembler parfois aux valeurs extrêmes d’aujourd’hui, les « records » de demain seront bien plus sévères. » INONDATIONS Ça, c’est pour les températures… Car changement climatique est également synonyme d’alternance entre périodes de sécheresse et d’épisodes de précipitations intenses que les sols ne parviennent plus à absorber. C’est particulièrement le cas dans les milieux fortement imperméabilisés que sont les villes. « L’intensification des précipitations extrêmes devrait suivre une règle simple : + 7 % d’intensité pour chaque degré de réchauffement. Dans un scénario à + 1,5 °C, les précipitations décennales (ayant une chance sur dix d’advenir chaque année) se produiront 1,5 fois plus souvent. À + 4 °C, cette probabilité est multipliée par 2,7 », rappelle le centre de ressources pour l’adaptation au changement climatique du ministère de la transition écologique qui ajoute : « en France, c’est le premier risque naturel par l’importance des dommages qu’il provoque et des communes concernées. Tous sinistres confondus (particuliers et professionnels), le risque inondation devrait peser 50 milliards d’euros sur la période 2020-2050 sur l’assurance, soit une hausse de 81 % par rapport à la période passée (France Assureurs, 2021). » Une facture qui pourrait encore s’alourdir avec l’amplification d’autres épisodes météorologiques comme la grêle ou le vent (voir encadré). Face à ces menaces, les bâtiments sont évidemment en première ligne. Or, faut-il là aussi le rappeler, les ouvrages que l’on construit aujourd’hui sont ceux dans lesquels nous habiterons demain. Édifiés selon des principes qui leur prévoient une durée de vie de cinquante ans, c’est bien eux qui devront affronter ces conditions climatiques qu’on ne pourra plus qualifier ni d’extrêmes ni d’exceptionnels. Il leur faudra donc y résister et encore mieux, devenir acteur de la lutte contre leurs conséquences (voir encadré). GROUPES DE TRAVAIL L’enveloppe, et particulièrement la toiture, constitue le premier rempart contre les aléas climatiques. Si les dommages provoqués par les pluies diluviennes, les fortes chaleurs ou les averses de grêlons de 4 cm restent encore minoritaires, qu’en sera-t-il dans 25 ans quand ces épisodes deviendront la norme ? Les procédés d’étanchéité actuels, notamment les membranes autoprotégées directement exposées, sont-ils suffisamment calibrés pour résister ? Autant de questions que se pose la Chambre syndicale française de l’étanchéité (CSFE) qui a, pour y répondre, créé un groupe de travail (GT) « changement climatique » en 2024. Deux équipes se penchent plus spécifiquement sur les problématiques liées, pour l’une, au vieillissement prématuré provoqué par les fortes chaleurs et, pour l’autre, à la grêle. D’autres organismes comme l’Agence qualité construction (AQC), le CSTB ou encore la Fédération française du bâtiment (FFB) se sont également emparés du sujet. « Les parties prenantes ont conscience que les pratiques vont devoir changer Résister mais aussi agir Si l’exposition directe des membranes d’étanchéité autoprotégée aux aléas climatiques est aujourd’hui un sujet de réflexion, il existe d’ores et déjà une solution : rapporter une protection lourde sur le complexe. Sachant que certaines d’entre elles non seulement protègent mais permettent également d’atténuer les conséquences de ces bouleversements. Granulats, dalles sur plots, protections jardin ou par dallage, végétalisation, platelages… Toutes ces solutions rapportées protègent les complexes d’étanchéité de la grêle, des fortes chaleurs… Et jouent donc déjà un rôle dans la résistance des procédés. Mais pour certaines, elles peuvent aller plus loin. Ainsi, les gravillons et la végétalisation participent activement à la lutte contre les inondations grâce à leurs capacités de rétention d’eau. Les toitures végétalisées contribuent également au retour de la nature en ville, à la préservation de la biodiversité et à la réduction des îlots de chaleur urbains (ICU), grâce aux effets rafraîchissants de l’évapotranspiration des plantes et de l’évaporation. À noter que les ICU peuvent également être atténués par le recours à des membranes réflectives (et donc autoprotégées) qui permettent de réfléchir le rayonnement solaire incident sans augmenter significativement la température de surface. La CSFE a d’ailleurs constitué un groupe de travail dédié à ces typologies de membrane pour en évaluer scientifiquement les effets. N’oublions pas non plus l’installation de modules photovoltaïques bien sûr qui permet la production en toiture d’électricité non carbonée. En milieu urbain, les projections prévoient une augmentation des durées et des fréquences d’épisodes caniculaires.

DOSSIER 16 ENVIRONNEMENT ÉTANCHÉITÉ.INFO #87 SEPTEMBRE 2025 et que par conséquent, l’évolution des référentiels est inéluctable. Il est nécessaire que toutes s’engagent pour soutenir cet effort collectif de grande ampleur », insiste Stéphane Hameury, directeur opérationnel « enveloppe du bâtiment » au CSTB. Déjà, plusieurs axes de réflexion se dégagent. « La première étape, c’est de compiler les données climatiques de référence qui prévalaient jusqu’alors et celles qui primeront demain. Pour cela, nous bénéficions notamment des rapports du GIEC », explique Jacques Breuils, président du sous-GT vieillissement chaleur de la CSFE et responsable R&D membranes chez Soprema. À partir de là, « nous devons définir si les tests de résistance imposés à nos procédés d’étanchéité aujourd’hui seront encore pertinents à l’horizon 2050 », ajoute Marthe Jacqueau-Gramaglia, animatrice du GT changement climatique de la CSFE et référente innovation au sein du bureau d’études SECC. FORTES CHALEURS L’augmentation des durées d’exposition des membranes d’étanchéité autoprotégées à de fortes chaleurs accélère leur vieillissement et l’élévation importante des températures accroît les risques de fluage ou de décollement. Le phénomène est connu et pour l’éviter, des essais de résistance existent depuis plus de 30 ans. « Des essais de vieillissement accéléré ont été développés dans la seconde moitié du 20e siècle et sont encore utilisés. Les membranes bitumineuses par exemple sont soumises, en étuve, à une température de 70 °C pendant six mois », décrit Jacques Breuils. Mais, ce seuil serat-il encore suffisant dans quelques années ? ÉTUDE Dans ce contexte, la CSFE a réalisé fin 2024 une étude en partenariat avec l’agence d’ingénierie Tipee intitulée « Étude de l’évolution des sollicitations des revêtements d’étanchéité de toiture liée au changement climatique et à la réglementation thermique » et financée par la FFB dans le cadre de son plan de recherche et développement (PRDM). Différentes configurations et procédés ont été Et le vent ? La détermination de la résistance aux vents des procédés est bien encadrée. Les règles de calcul sont inscrites dans l’Eurocode 1 partie 1-4 et son Annexe nationale (AN) : le territoire français, métropolitain et ultramarin, est réparti en régions climatiques définies en fonction des vitesses de vent recensées. Ces dernières, associées à la hauteur du bâtiment, aux zones de la toiture et aux caractéristiques de rugosité du terrain servent au dimensionnement du nombre et de la densité de fixations d’un procédé fixé mécaniquement. Pour les revêtements d’étanchéité et leurs support, les référentiels (NF DTU série 43, ATec ou DTA ...) s’appuient encore largement sur les règles V65 avec cinq zones de vent. Le cahier du CSTB 3779 de février 2017 donne une méthode de calcul simplifiée de l’action du vent selon l’Eurocode 1 P1-4 et son AN et adaptée aux travaux d’étanchéité, compte tenu de l’expérience reconnue et réussie. Néanmoins, seuls quelques DTA de revêtements d’étanchéité fixés mécaniquement envisagent le recours à ce document. Dans ces cas, il est impératif d’utiliser la même règle de calcul pour l’élément porteur qui doit être dimensionné sur le principe des Eurocodes 0 et 1, ses différentes parties d’une part et celui prévu pour le matériau constitutif de l’élément porteur d’autre part. « Ces règles de calcul restent d’actualité, à condition bien sûr que la conception et la mise en œuvre de la toiture respectent les dispositions spécifiques de la région concernée », explique Virginie Merlin, ingénieure responsable de projets et référente risque naturel de l’AQC. En outre, en métropole notamment, l’expérience acquise dans les territoires ultramarins sujets aux cyclones est riche d’enseignement pour des ouvrages spécifiques nécessitant une tenue aux tornades par exemple. On observe déjà des averses de grêlons de plus de 4 cm de diamètre. Parallèlement à la hausse des températures, l’intensité des pluies va également augmenter.

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DOSSIER 18 ENVIRONNEMENT ÉTANCHÉITÉ.INFO #87 SEPTEMBRE 2025 testées sur l’élément porteur en bac acier d’un bâtiment type supermarché : deux niveaux d’isolation, un faible (post RT 2000) et un respectant la RT 2012, deux types d’isolant (un en laine minérale et l’autre en polyuréthane) et deux matériaux de membrane d’étanchéité, (un en bitume de couleur foncée et l’autre en PVC-P de couleur claire). Le tout dans l’objectif « d’observer statistiquement l’évolution des températures de surface de l’étanchéité pour la vérification de la bonne définition des seuils de température des tests réglementaires utilisés pour la mise sur le marché des produits ». Ont ainsi été analysées les influences des albédos de l’étanchéité, de la zone climatique (Brest, Paris, Nantes et Nice) et des changements auxquels elle va être soumise, de la résistance thermique des toitures et de la masse volumique de l’isolant. Pour cela, plusieurs données ont été relevées : les fréquences cumulées annuelles des températures de surface extérieure de l’étanchéité passées audessus d’un seuil*, le nombre de dépassements annuels et les températures moyennes, minimales et maximales. Ont également été intégrés les effets des échanges par convection naturelle en cas de vent faible ainsi que l’incidence du confinement aéraulique et de la réduction des vitesses de vents due à la présence d’obstacle (rugosité urbaine). S’il serait trop long de rentrer ici dans le détail des résultats obtenus (l’étude est consultable sur le kiosque étanchéité-bardage de la CSFE, https:// kiosque-etancheite-bardage.com), en voici les principaux enseignements. Tout d’abord, l’albedo du revêtement d’étanchéité est le paramètre ayant le plus d’impact sur la température de surface de la toiture. En d’autres termes, les membranes de couleur claire (indice de réflectance solaire (SRI) de 40, donc à fort albédo) montent moins en température que lorsque le SRI est faible. D’ailleurs, elles n’ont, dans aucune configuration, dépassé les 80 °C. Ensuite, la vitesse du vent joue sur le coefficient d’échange convectif et donc sur les températures de surface. Ainsi, pour les toitures avec étanchéité à faible albédo, en cas d’absence de vent, l’étude précise que « les températures pourraient atteindre jusqu’à 95 °C et ce pendant des durées de plus en plus longues dans le futur ». COULEUR CLAIRE Conclusion, comme l’explique Jacques Breuils, « nous tentons de déterminer si le seuil actuel de 70 °C des tests de vieillissement accéléré pourrait s’avérer obsolète au fil du temps. Pour les revêtements sombres, l’atteinte d’un tel niveau est susceptible de devenir la norme, remettant en cause les températures actuelles utilisées lors de ces essais ». Si la poursuite de l’étude confirme ces résultats, les pratiques pourraient donc être amenées à évoluer. « Nous souhaitons maintenant étudier le comportement des systèmes d’étanchéité et plus largement des procédés complets lorsque les températures de surface grimpent au-delà ». En cas de résultat défavorable, « nous pourrions, dans un premier temps, proposer de nous diriger vers une généralisation des complexes à fort albédo. D’autant plus qu’ils participent également à la réduction des îlots de chaleur urbains », souligne le président du sous-GT (voir encadré). GRÊLE La grêle est l’autre sujet qui préoccupe particulièrement les professionnels. « Sa sinistralité augmente clairement depuis quelques années en raison du changement climatique. Elle se compte en La température de surface des membranes de couleur claire et donc à fort albedo dépassent rarement les 70°C. EEP : dimensionner et entretenir « Un risque auquel on pense moins, c’est, en cas de pluie suivant l’orage de grêle, l’agglomération de grêlons au droit des évacuations d’eau pluviales (EEP) qui peut les boucher et entraîner des montées en charge de la toiture et potentiellement son effondrement », alerte Virginie Merlin, ingénieure responsable de projet et référente risque naturel de l’AQC. Une problématique qui n’implique d’ailleurs pas que la grêle mais également les pluies diluviennes que les EEP partiellement bouchées n’arrivent plus à absorber. D’où l’importance de bien les dimensionner en nombre et en section et de les implanter selon les Règles de l’art dès la conception. Il est également possible de « prévoir des dispositifs de sécurité tels que des évacuations déversoirs supplémentaires ». Avant travaux d’étanchéité, la pente, particulièrement au niveau des noues, doit également être contrôlée. Enfin, « les différentes études menées par l’AQC ont montré que nombre des effondrements recensés étaient dus à un manque d’entretien des EEP qui, encombrées, n’étaient plus en mesure d’évacuer les eaux reçues en toiture», insiste Virginie Merlin. © Renolit

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DOSSIER 20 ENVIRONNEMENT ÉTANCHÉITÉ.INFO #87 SEPTEMBRE 2025 milliards d’euros aujourd’hui et ça ne devrait pas s’arrêter là car on sait d’ores et déjà que les averses seront plus fréquentes et les grêlons plus gros », précise Stéphane Hameury. Sur toitureterrasse, les impacts de grêlons peuvent fissurer voire perforer les membranes d’étanchéité apparentes, générant des fuites. Un risque encore accru par le choc thermique auquel ils les soumettent : la grêle survient souvent lorsqu’il fait chaud. La température de surface de la toiture est donc élevée et elle réceptionne des glaçons. Le différentiel est important et met l’étanchéité à rude épreuve. Aléatoire, le phénomène reste difficile à anticiper. D’autant plus qu’, « il n’existe pas de cartographie des risques d’exposition ». Pour combler ce manque, des travaux sont en cours au CSTB, en collaboration avec la FFB et la Mission risques naturels (MRN) des sociétés d’assurances. Ils s’inspirent entre autres des méthodes utilisées en Suisse, « déjà bien avancées sur le sujet ». Mais le chantier reste immense. En outre, en dehors d’une norme européenne incomplète, « il n’existe pas, en France, de norme d’essais commune à l’ensemble des produits et procédés », ajoute Stéphane Hameury. « L’essai actuel, qui consiste à projeter des billes polyamides de diamètre de 40 mm sur le produit d’étanchéité jusqu’à son percement, intègre uniquement les paramètres de vitesse et de dureté du support mais pas de taille de grêlons. Avec l’accroissement de l’intensité et de la fréquence des averses de grêle à venir, nous devons remettre à plat l’évaluation de la résistance des membranes d’étanchéité autoprotégées », souligne Pascal Le Cœur, président du sous GT grêle et directeur technique de Iko. C’est pourquoi la Chambre syndicale travaille sur des recommandations pour prévenir les risques, dans l’attente d’une évaluation applicable à tout type d’étanchéité. Une opération complexe en raison de la diversité des produits du marché. « Nous nous dirigeons vers la rédaction d’un guide « adaptation au changement climatique » privilégiant le recours à des membranes d’étanchéité disposant d’un indice d’indentation I de 5 ainsi que l’augmentation des épaisseurs des membranes, de 4 à 5 mm pour les membranes bitumineuses et de 1,2 mm à 1,5 pour les membranes synthétiques », indique Pascal Le Cœur. Passer de la théorie à la pratique reste encore aujourd’hui anecdotique. « On peut citer le Village des Athlètes des Jeux olympiques Paris 2024. Sa conception et sa construction ont été réalisées en se basant sur les cartes climatiques prévues pour 2050 », affirme Stéphane Hameury. Mais la résistance à ces aléas n’était évidemment pas le seul critère pris en compte. Le bilan carbone des produits et une conception bio climatique pesaient également lourdement dans la balance. « L’ensemble de ces enjeux se mixent les uns aux autres. Il n’est pas toujours évident de trouver un dénominateur commun. Il est probable qu’au final, nous devions optimiser nos marges de sécurité pour limiter au maximum les impacts environnementaux tout en maintenant un risque acceptable », conclut Stéphane Hameury. Un compromis qu’il va falloir trouver et vite. l *Ce seuil a été arrêté: - pour les membranes de couleur foncée à 80°C ; - pour les membranes de couleur claire à 60°C (ces dernières dépassant rarement les 70°C). La végétalisation des toitures permet de participer à la gestion des eaux pluviales, au retour de la nature en ville, à la réduction des ICU et de favoriser la biodiversité. Le CSTB dispose de différents laboratoires permettant de tester les comportement des bâtiments et des systèmes face aux événements climatiques parfois extrêmes. ©CSTB / Florence Joubert © Topager

TECHNIQUE 22 FAQ ÉTANCHÉITÉ.INFO #87 SEPTEMBRE 2025 REP La reprise des déchets en entrepôt en stand-by Dans le cadre de la REP, l’éco organisme Valobat avait lancé il y a quelques mois un nouveau service pour permettre aux entreprises une reprise de leurs déchets triés stockés dans leurs entrepôts. Cette solution a été suspendue et les frais de transport en sont exclus. SERVICES 01 Que proposait la reprise des déchets en entrepôt ? Le service de reprise des déchets en entrepôt s’articule autour de deux offres : - La première, « Grands volumes », s’adresse aux entreprises génératrices de gros volumes de déchets inertes, en bois, en métal, en plâtre, en plastique ainsi que les menuiseries vitrées ; - La seconde, « Petits volumes », s’adresse aux entreprises générant des petits volumes de déchets issus de filières plus spécifiques comme les laines minérales, les isolants plastiques ou les membranes d’étanchéité. On l’aura compris, les entreprises d’étanchéité sont concernées par l’offre « Petits volumes ». RÉAJUSTEMENT 02 Pourquoi le service est-il interrompu? À travers un communiqué de presse diffusé par l’Organisme coordonnateur agréé pour la filière bâtiment (Ocab), les éco organismes justifient la suspension des collectes sur chantier de rénovation et à l’entrepôt par « la forte montée en puissance, marquée par une dynamique de collecte soutenue et des objectifs de recyclage atteints pour certains matériaux (filière minérale par exemple). Cette accélération conjuguée aux effets du principe de gratuité du service, entraîne toutefois une hausse rapide et significative des coûts de la REP ». Pour « réajuster son modèle économique afin d’en garantir la soutenabilité », certaines mesures sont mises en pause pour une durée indéterminée, notamment les nouveaux contrats de reprise des déchets en entrepôt mais aussi la reprise sur chantier de rénovation. La reprise en point de collecte est maintenue. CONSÉQUENCES 03 Quelles évolutions pour les entreprises ayant déjà contractualisé la reprise en entrepôt? Les entreprises qui ont souscrit à ce service avant la fin du mois d’août sont soutenues financièrement par Valobat qui prend à sa charge les coûts de traitement des déchets. La condition sine qua non : qu’ils soient correctement triés. Les entreprises payent la location des bennes de triage et désormais également le transport. De plus, des approximations en matière de tri ayant été constatées par les éco organismes, ces derniers renforcent leur vigilance en la matière. CALENDRIER 04 La reprise des déchets en entrepôt va-t-elle reprendre ? Il s’agit pour le moment d’une interruption temporaire. La signature de nouveaux contrats pour la reprise des déchets en entrepôt devrait reprendre dans quelques mois mais aucune date n’est avancée pour le moment. De manière générale, « une concertation a démarré le 25 août sous l’égide de l’Ocab, explique l’organisme. Elle doit aboutir dans les prochains jours à un schéma opérationnel renouvelé et économiquement soutenable. Une première étape de restitution de la mission interviendra fin septembre pour une refonte réglementaire attendue fin 2025 ». « Cela n’empêche pas les entreprises d’effectuer leur demande mais elles seront activées à l’issue de cette période de consultation », précise Rami Jabbour, directeur marketing et communication de Valobat. COÛT05 L’éco contribution est-elle maintenue ? L’éco contribution appliquée aux produits et matériaux de construction (PMCB), en forte hausse depuis juillet 2025, est maintenue. Une situation difficilement acceptable pour la Chambre syndicale française de l’étanchéité (CSFE) car elle reste à la charge de l’entre-

Guide de la rénovation Cadre réglementaire, aides à la rénovation, fiches pratiques par type de bâtiment… Téléchargez ce guide complet pour rénover les toituresterrasses existantes. recticelinsulation.fr Grâce à sa légèreté et sa performance : Réalisez des économies de charges sur la structure des bâtiments commerciaux, industriels et logistiques. Installez des centrales photovoltaïques sans renforcement des charpentes existantes. SUPPORT D’ÉTANCHÉITÉ SUR BAC ACIER SOLUTION SANS ÉCRAN THERMIQUE EN ERP TOITURE LIGHT ROOF de légèreté sur vos toitures d’empreinte carbone pour vos bâtiments Flashez-moi ! NOUVEAU Disponible jusqu’à 160 mm d’épaisseur pour un R = 7,25 m².K/W TECHNIQUE 23 FAQ ÉTANCHÉITÉ.INFO #87 SEPTEMBRE 2025 prise, malgré l’interruption des services afférents : « Cette situation est intolérable pour nos entreprises d’étanchéité et de bardage qui se sont engagées dans une démarche vertueuse de tri de leurs déchets. Celles-ci doivent s’acquitter doublement du montant de traitement des déchets et du montant de l’éco contribution », insiste Edwige Parisel, déléguée générale de la Chambre syndicale de l’étanchéité (CSFE), qui invite les entreprises d’étanchéité adhérentes à prendre contact avec elle pour plus d’informations. PROCÉDURES 06 Quelles seront les démarches à effectuer pour en bénéficier ? Pour activer la reprise en entrepôt dans l’attente du redémarrage du service à une date indéterminée, deux démarches conditionnent le soutien financier de Valobat. Elle doit contractualiser avec un gestionnaire de déchets, celui avec lequel elle travaille déjà ou un autre, la condition étant qu’il soit référencé par Valobat. À ce jour, ils sont 800 opérateurs en France métropolitaine. La liste est accessible sur www.valobat.fr. Ensuite, « l’entreprise ramènera ses déchets de chantier dans son dépôt où elle les triera dans différentes bennes selon leur nature », explique Rami Jabbour. Pour les entreprises d’étanchéité, plusieurs contenants sont donc à prévoir : un pour les membranes bitumineuses, un pour les isolants en laine minérale… Dès que les bennes seront pleines, l’entreprise prendra contact avec son opérateur qui viendra les récupérer chez elle pour ensuite les redistribuer dans les filières de traitement et de recyclage adéquates. « Il n’y a pas de quantité ou de fréquence minimales ou maximales requises, souligne le directeur marketing et communication. Le service fonctionnera au besoin. La seule contrainte reste le tri rigoureux des déchets. » DÉBOUCHÉS 07 Que deviennent les déchets d’étanchéité récoltés ? Il n’existe pas ou peu de circuits de recyclage des déchets issus des complexes d’étanchéité. Ainsi, aucun débouché n’est opérationnel pour les déchets d’isolants en polyuréthane. Les filières émergent pour le recyclage des membranes d’étanchéité. « Elles sont en train de se structurer, confirme Rami Jabbour. D’autant plus que les volumes collectés augmentent. L’étanchéité fait partie de ces secteurs pour lesquels la REP a un vrai sens en permettant notamment de faire naître les initiatives. Même si elle peut paraître encore un peu lacunaire en termes de disponibilités d’opérateurs par exemple, les volontés et les projets existent. » l

TECHNIQUE 24 FICHE PRATIQUE ÉTANCHÉITÉ.INFO #87 SEPTEMBRE 2025 EEP L’évacuation des eaux pluviales par effet siphoïde Moins connue que le gravitaire, l’évacuation dite siphoïde est peu répandue. De faible section, elle présente des avantages certains mais nécessite en parallèle de respecter scrupuleusement plusieurs règles. En toiture-terrasse, les systèmes d’évacuation des eaux pluviales sont, dans leur grande majorité, dits gravitaires, c’est-à-dire que l’écoulement se fait par gravité. Les systèmes dits siphoïdes utilisent, quant à eux, le principe de la dépression dans la canalisation : à partir d’une certaine hauteur d’eau au-dessus de la naissance de l’évacuation, l’air n’entre plus ce qui provoque un effet chasse d’eau dans la noue qui évacue l’eau à grande vitesse. Elles sont généralement prescrites par des maîtres d’ouvrage au fait de la technique, principalement sur des bâtiments métalliques de grands volumes tels que les bases logistiques ou les centres commerciaux. Elles présentent des avantages et notamment le fait qu’à débit égal, les sections de tuyaux sont réduites. « Ces derniers peuvent donc être facilement rapportés sur une charpente et évitent ainsi les installations sous dallage », explique François Michel, directeur technique de la CSFE. Avec néanmoins un revers à cette médaille : « la conception des naissances et la faiblesse de leur diamètre sont telles que pour que l’effet siphoïde fonctionne, l’écoulement de l’eau ne doit pas être gêné ». Car si le système se bouche, la toiture se met en charge puis en surcharge et le risque est alors loin d’être anodin : il s’agit bel et bien de l’effondrement de la toiture. Pour s’en prémunir, plusieurs règles doivent être suivies. Elles sont consultables dans les Avis techniques des procédés* et complétées dans le Cahier des prescriptions techniques 3600_V2 d’avril 2025**. « Ce dernier vient d’être refondu à la suite de l’analyse par le Groupe spécialisé 5.2 de la CCFAT de retours d’expérience parfois malheureux. Il n’est pas autoportant puisqu’il renvoie aux Avis Techniques. » Il vise les éléments porteurs en béton, en acier et en bois, les toitures inaccessibles et techniques et les revêtements d’étanchéité apparents ou protégés par dallettes sur non tissé. Les principales préconisations à respecter sont : - un entretien régulier, à la charge de l’exploitant du bâtiment, afin d’éviter que l’évacuation ne se bouche ; - un calcul précis du positionnement des naissances, avec une marge de sécurité. Par exemple, à partir d’une surface de toiture de 1 000 m², deux descentes sont nécessaires, ce qui conduit à deux collecteurs. Les naissances sont de ce fait implantées en quinconce sur ces collecteurs. - le respect d’une même altimétrie des naissances reliées à un même collecteur. « Si tel n’est pas le cas, l’une peut se retrouver sous l’eau alors que l’autre reste à l’air libre. L’évacuation des eaux ne fonctionnera alors pas correctement. » Conception et calepinage des naissances ne sont pas attribués au lot étanchéité. « Le rôle de l’étancheur est de mettre en œuvre les naissances. » Pour éviter de se voir impliquer en cas d’effondrement de l’ouvrage, il lui est conseillé de vérifier leur bonne implantation et d’être attentif à la réalisation du raccordement de ces naissances à l’étanchéité. l *À ce jour: UV-System TM (UV-System Nordic AB), Vacurain (Dyka), Sifonika Plus (Sifonika France), Nicoll Akasison (Nicoll), EPAMS (Saint Gobain PAM) Geberit Pluvia (Geberit) **https://www.ccfat.fr/groupes-specialises/publications/?keywords=3600&document=7&specializedGro up=5&sort=1#documents

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