Etanchéité.Info - Numéro 87 - Septembre 2025

DOSSIER 20 ENVIRONNEMENT ÉTANCHÉITÉ.INFO #87 SEPTEMBRE 2025 milliards d’euros aujourd’hui et ça ne devrait pas s’arrêter là car on sait d’ores et déjà que les averses seront plus fréquentes et les grêlons plus gros », précise Stéphane Hameury. Sur toitureterrasse, les impacts de grêlons peuvent fissurer voire perforer les membranes d’étanchéité apparentes, générant des fuites. Un risque encore accru par le choc thermique auquel ils les soumettent : la grêle survient souvent lorsqu’il fait chaud. La température de surface de la toiture est donc élevée et elle réceptionne des glaçons. Le différentiel est important et met l’étanchéité à rude épreuve. Aléatoire, le phénomène reste difficile à anticiper. D’autant plus qu’, « il n’existe pas de cartographie des risques d’exposition ». Pour combler ce manque, des travaux sont en cours au CSTB, en collaboration avec la FFB et la Mission risques naturels (MRN) des sociétés d’assurances. Ils s’inspirent entre autres des méthodes utilisées en Suisse, « déjà bien avancées sur le sujet ». Mais le chantier reste immense. En outre, en dehors d’une norme européenne incomplète, « il n’existe pas, en France, de norme d’essais commune à l’ensemble des produits et procédés », ajoute Stéphane Hameury. « L’essai actuel, qui consiste à projeter des billes polyamides de diamètre de 40 mm sur le produit d’étanchéité jusqu’à son percement, intègre uniquement les paramètres de vitesse et de dureté du support mais pas de taille de grêlons. Avec l’accroissement de l’intensité et de la fréquence des averses de grêle à venir, nous devons remettre à plat l’évaluation de la résistance des membranes d’étanchéité autoprotégées », souligne Pascal Le Cœur, président du sous GT grêle et directeur technique de Iko. C’est pourquoi la Chambre syndicale travaille sur des recommandations pour prévenir les risques, dans l’attente d’une évaluation applicable à tout type d’étanchéité. Une opération complexe en raison de la diversité des produits du marché. « Nous nous dirigeons vers la rédaction d’un guide « adaptation au changement climatique » privilégiant le recours à des membranes d’étanchéité disposant d’un indice d’indentation I de 5 ainsi que l’augmentation des épaisseurs des membranes, de 4 à 5 mm pour les membranes bitumineuses et de 1,2 mm à 1,5 pour les membranes synthétiques », indique Pascal Le Cœur. Passer de la théorie à la pratique reste encore aujourd’hui anecdotique. « On peut citer le Village des Athlètes des Jeux olympiques Paris 2024. Sa conception et sa construction ont été réalisées en se basant sur les cartes climatiques prévues pour 2050 », affirme Stéphane Hameury. Mais la résistance à ces aléas n’était évidemment pas le seul critère pris en compte. Le bilan carbone des produits et une conception bio climatique pesaient également lourdement dans la balance. « L’ensemble de ces enjeux se mixent les uns aux autres. Il n’est pas toujours évident de trouver un dénominateur commun. Il est probable qu’au final, nous devions optimiser nos marges de sécurité pour limiter au maximum les impacts environnementaux tout en maintenant un risque acceptable », conclut Stéphane Hameury. Un compromis qu’il va falloir trouver et vite. l *Ce seuil a été arrêté: - pour les membranes de couleur foncée à 80°C ; - pour les membranes de couleur claire à 60°C (ces dernières dépassant rarement les 70°C). La végétalisation des toitures permet de participer à la gestion des eaux pluviales, au retour de la nature en ville, à la réduction des ICU et de favoriser la biodiversité. Le CSTB dispose de différents laboratoires permettant de tester les comportement des bâtiments et des systèmes face aux événements climatiques parfois extrêmes. ©CSTB / Florence Joubert © Topager

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