Etanchéité.Info - Numéro 80 - Décembre 2023

DOSSIER 18 VÉGÉTALISATION ÉTANCHÉITÉ.INFO #80 DÉCEMBRE 2023 installations d’assainissement non collectif, considère la végétalisation du bâti comme l’une des solutions pour limiter les déversements par temps de pluie », explique Charly Duperrier, chargé de l’animation des services de l’État de la région Île-de-France au sein de la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement, de l’aménagement et des transports d’Île-de-France (DRIEAT). ÉTUDES Pour convaincre, les toitures végétalisées ont dû préalablement montrer leur efficacité. Elles ont notamment fait l’objet d’une étude regroupant le CSTB, le Laboratoire eau environnement systèmes urbains (LEESU), le Cerema, l’Adivet et le Conseil général des Hauts-de-Seine. Achevé en 2013, « le programme TVGEP a montré que suivant l’épaisseur du substrat, une toiture végétalisée en région Île-de-France est capable de retenir entre 50 et 70 % du cumul des eaux de pluie annuelles, rappelle David Ramier, chargé de recherche en hydrologie urbaine au Cerema. Ce bon résultat doit cependant être relativisé car l’observation des performances événement pluvieux par événement pluvieux montre une certaine irrégularité. En effet, le substrat dispose d’une capacité maximale en eau (CME). Selon sa teneur au moment où il pleut et la quantité de pluie reçue, la toiture végétalisée peut retenir tout… ou rien. Et ce indépendamment de l’épaisseur du substrat. » Ces analyses ont mené au développement d’un modèle Fonctionnel pour l’estimation de l’impact des toitures végétalisées sur le ruissellement urbain (Faveur - https:// faveur.cerema.fr/public/home) qui permet de calculer les capacités de rétention d’eau d’une toiture végétalisée en fonction de différents paramètres : épaisseur et CME du substrat, type de végétation… QUALITÉ DU SUBSTRAT Ce n’est pas tout. En matière de gestion des eaux pluviales, la toiture végétalisée avance d’autres avantages convaincants. La couverture et le réseau racinaire diminuent la vitesse et le volume de ruissellement et en plus, ils filtrent l’eau. Les plantes en absorbent, en stockent une partie et en transpirent une autre, relarguant de l’humidité dans l’atmosphère. La température du feuillage est ainsi rafraîchie, favorisant les transferts dans le végétal. Selon Philippe Faucon, ingénieur horticole, chargé d’études au CRITT Horticole, « un mètre carré de feuillage évapore en moyenne 0,5 litre d’eau par jour ». Un phénomène qui, on le sait, participe également à la réduction des îlots de chaleur urbains. Sous certaines conditions cependant, la première étant que la végétation ne subisse pas de stress hydrique. D’où l’importance d’un choix de plantes adaptées à de potentiels manques d’eau et aux aléas climatiques. Un arrosage ponctuel s’avère d’ailleurs généralement nécessaire (voir encadré). La deuxième dépend de la nature du substrat. Sa qualité joue logiquement aussi un rôle sur la santé des plantes. « En tant que support physique de la végétation, il remplit cinq grandes fonctions : mécanique (il tient et ancre les racines), nutritive et hydrique (il stocke et met à disposition les éléL’eau et la ville : une relation compliquée Les différentes politiques de gestion de l’eau dans les villes leur ont, en partie au moins, conféré leur physionomie actuelle. C’est ce que rappelle Jean-Jacques Hérin, président et cofondateur de l’Association pour le développement opérationnel et la promotion des techniques alternatives (Adopta) et président de la section Hauts-de-France de l’Association scientifique et technique pour l’eau et l’environnement (Astee): au Moyen-Âge, voie publique et cours d’eau, dans lesquels les eaux usées et les déchets étaient jetés, devenaient des réceptacles de la pollution, faisant proliférer les maladies. Au 19e, sous l’impulsion de Napoléon III, l’ingénieur Belgrand met en place le tout-à-l’égout et le réseau d’eau potable à Paris. Les rues sont pavées pour permettre à l’eau, en ruisselant, de s’écouler le plus rapidement possible hors des murs de la cité. Cette artificialisation des sols, ajoutée à la croissance démographique, a transformé le cycle de l’eau en ville. « Une goutte d’eau met aujourd’hui deux jours pour aller de Paris à la mer contre une dizaine d’années auparavant. » Avec comme conséquences les risques d’inondation et de pollution. La création des stations d’épuration à partir de 1944 n’a pas résolu le fond du problème tout comme la transformation des réseaux unitaires (donc avec mélange des eaux de pluie et des eaux usées) en réseaux séparatifs. Aujourd’hui, le système est saturé, les stations d’épuration débordent régulièrement et, dans le pire des cas, les rues se transforment en torrents. 04 Imperméabilisation des sols et politiques du tout réseau ne fonctionnent plus aujourd’hui en matière de gestion des eaux pluviales. 04

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