Etanchéité.Info - Numéro 81 - Mars 2024

DOSSIER 18 ÉTANCHÉITÉ.INFO #81 MARS 2024 MARCHÉ le directeur d’études. Une inquiétude partagée par Gwénolé Lees : « même si l’offre française se développe, la part du bois d’importation reste encore trop importante. Elle représente en effet entre 20 et 30 % des produits mis en œuvre. » Un constat en totale contradiction avec la carte maîtresse du bois : son bilan carbone exemplaire au regard de la RE2020 par rapport au béton ou à l’acier, pour ne pas les citer. Certes, il est biosourcé mais s’il vient du bout du monde, son transport annihile cette empreinte quasi nulle. D’où l’importance pour la filière française de gagner en compétitivité. Vincent Desruelles ne mâche pas ses mots : « L’issue de cette bataille du bois dépend en réalité de la capacité des entreprises à industrialiser leur production et à développer des économies d’échelle. » Les professionnels l’ont compris et s’organisent. Ainsi PiveteauBois s’est associé avec Bouygues Bâtiment et Nexity. Altarea Cogedim a mis la main sur Woodeum (qui n’a pas souhaité nous répondre) l’année dernière et Icade a créé « Urbain des bois » sa branche bascarbone. Mais le marché reste encore trop éclaté, additionnant les petits acteurs dont le poids ne pèse guère face à la concurrence étrangère. PRÉFABRICATION L’autre maître mot du bois, c’est son aptitude à la préfabrication. Mais pour qu’il arrive prêt-à-poser sur chantier, « il faut tout anticiper en amont : calculs, plans, jumeaux numériques…, explique Gwénolé Lees. C’est un investissement mais il est vite rentabilisé sur chantier grâce à une mise en œuvre rapide et limitant considérablement les déchets. » C’est bien toute la chaîne de l’acte de construire qui est impliquée. La production bien sûr mais aussi la conception… et la pose qui demande maîtrise du matériau et savoir-faire (voir article p. 20). Un avenir 100 % bois n’est donc prévu pour demain. D’autant plus que « le bois ne répond pas à toutes les contraintes inhérentes au bâtiment », précise Gwénolé Lees. Ainsi, il est exclu en infrastructure et ses qualités acoustiques laissent à désirer. Il doit en outre se plier à une réglementation incendie stricte. Enfin, sa faible inertie thermique ne lui permet pas toujours de remplir les conditions d’un bon confort d’été. MIXITÉ Ces limites sont connues. C’est pourquoi « parler de construction bois aujourd’hui ne reflète pas la réalité. On lui préfère la mixité des matériaux, permettant de bénéficier des atouts de chacun », poursuit Gwénolé Le CLT grignote des parts de marché. « L’ossature bois conserve sa place dominante mais le CLT (Cross Laminated Timber. Bois Lamellé Croisé) progresse rapidement », explique Gwénolé Lees, directeur prescription et chef de marché construction bois chez PiveteauBois. Dans le détail, l’enquête nationale de la construction bois évalue à 63 % la part de l’ossature bois dans le logement collectif et 67 % dans le tertiaire. Les systèmes poteaux-poutres pèsent pour 23 et 24 % respectivement dans le résidentiel collectif et le non résidentiel et les panneaux massifs contrecollés ou contre cloués (incluant le CLT) pour 13 % dans le logement collectif et 9 % dans le tertiaire Arrivé récemment sur les chantiers, le CLT sait déjà faire entendre ses arguments. À noter tout d’abord qu’il est majoritairement produit en Europe, en Allemagne, en Autriche et en Suisse plus spécifiquement. La production française se développe quant à elle, à l’image du groupe PiveteauBois qui a implanté des usines dans le pays. « Sur ces sites, les panneaux sont préfabriqués sur mesure pour arriver prêt-à-poser sur chantier, facilitant et accélérant la mise en œuvre par rapport à certains autres matériaux de structure. D’autant plus qu’ils acceptent facilement les grandes dimensions », souligne le chef de marché construction bois. Car il s’agit là du grand atout du CLT : il est structurel et contreventant. Il permet ainsi d’alléger la structure porteuse lorsqu’il est utilisé en plancher ou en toiture-terrasse. Cette dernière peut devenir également accessible, sous réserve d’une protection adaptée de l’étanchéité. Résultat, « le bois lamellé-croisé devrait perturber le secteur du bois massif à l’échelle mondiale en aidant les constructeurs et les architectes à construire et à concevoir des structures plus hautes », écrivait le spécialiste en étude de marché Research and Market dans une étude dédiée au CLT. Lees. Ce qui se traduit généralement soit par la mise en œuvre d’un rez-de-chaussée, d’un noyau ascenseur et de cages d’escalier en béton et le reste de l’ouvrage en bois, soit par un système poteauxpoutres en béton avec remplissage en bois. 04 Les capacités de préfabrication sont l’un des points forts du bois dans la construction. 05 Le recours à la maquette numérique permet d’anticiper certaines exigences propres au matériau bois. © PiveteauBois © PiveteauBois 04 05

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