TÉMOIN 42 ÉTANCHÉITÉ.INFO #81 MARS 2024 EMMANUEL SULZER Le Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq), organisme public spécialisé sur l’étude et la recherche sur la formation, le travail et l’emploi, a publié fin 2023 une enquête sur la transition écologique dans les métiers de la construction. Emmanuel Sulzer, co auteur de l’étude revient, pour Étanchéité.Info, sur la démarche et ses conclusions. ÉTANCHÉITÉ.INFO Dans quel cadre avez-vous réalisé cette enquête ? EMMANUEL SULZER En 2020, le Céreq a lancé C-Terre, programme de recherches sociologiques sur l’écologisation du travail, c’est-à-dire sur la manière dont les activités non directement liées à la protection de l’environnement sont vouées à se transformer dans un contexte où ces problématiques prennent de plus en plus de poids du point de vue sociétal et légal. Avec 120 millions de tonnes de CO2 émis chaque année en France, dont les trois quarts sur chantier, le BTP est un poids lourd en la matière. Pour les réduire, la réglementation française est de plus en plus contraignante : RE2020, décret tertiaire, loi Climat et résilience… Il nous a donc semblé nécessaire d’observer et d’analyser comment ces nouvelles exigences modifient les pratiques sur le terrain. Cette étude est une première étape qui pourra être amenée à être complétée. E.I. Vous vous êtes donc rendus sur chantier ? LE CONTEXTE Créé en 1971, le Céreq est un établissement public dont la mission est de mieux connaître et comprendre les liens entre formation, travail et emploi à travers des études et des travaux de recherches. Emmanuel Sulzer est sociologue, chargé d’études au sein du département travail, emploi et professionnalisation (DTEP). Après avoir travaillé 10 ans sur les questions de jeunesse, il a réorienté ses travaux vers la problématique des métiers liés à la transition écologique. « Le recours aux matériaux biosourcés et la pré-industrialisation bouleversent les méthodes de travail » E.S. Oui, nous avons visité à trois reprises un chantier de construction neuve de logements sociaux situé en centre-ville d’une commune des Bouches-duRhône. La dimension environnementale du projet a été prise en compte dès la phase conception : recours à un mode constructif mixte bois-béton, au BIM pour toute la partie ingénierie et à la préfabrication. D’où son intérêt pour répondre à nos interrogations initiales. Nous avons réalisé des entretiens avec quatre conducteurs de travaux et deux chefs de chantier de l’entreprise générale, l’un des majors du secteur, en nous concentrant sur l’activité des compagnons à toutes les étapes de la construction. E.I. Quels principaux enseignements en avez-vous déduits ? E.S. Nos observations ont confirmé que les pratiques sont effectivement en pleine évolution. Le recours aux matériaux biosourcés et la pré-industrialisation bouleversent les méthodes de travail à toutes Entretien avec Emmanuel Sulzer, chargé d’études au sein du département travail, emploi et professionnalisation du Céreq PROPOS RECUEILLIS PAR ADELINE DIONISI
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